C’est au bout d’une cour pavée, à Montreuil, que se niche Simplon, un centre de formation au numérique. Avec ses talons aiguille, Malala Yousafzai, Prix Nobel de la Paix 2014, slalome pour accéder à la salle où l’attendent des élèves en stage de formation, où ils ont développé des applications. Une invitée de marque qui vient découvrir les projets de jeunes femmes dans le cadre du programme développé par Apple « Everyone Can Code », ici en collaboration avec le Malala Fund. « Il y a cinq ans, j’ai réalisé que je pouvais prendre la parole sur l’éducation des filles à travers le monde, car plus de 130 millions de filles n’avaient pas accès à l’école. Je faisais partie de ces filles, et j’aurais aimé que quelqu’un parle en mon nom. Avec le Malala Fund, aujourd’hui, ces filles ont une voix. Nous nous battons pour elles, nous finançons des projets à l’échelle locale, nous faisons la promotion de l’éducation », nous confie celle que tout le monde appelle simplement Malala, à l’issue de sa rencontre avec les élèves.

De passage en France, où elle a rencontré Emmanuel Macron, elle s’apprête à discuter avec les gouvernements lors du sommet du G7 qui se tiendra à Biarritz du 24 au 26 août, afin d’augmenter les financements pour fournir une éducation de qualité aux jeunes filles, incluant l’accès à l’apprentissage numérique. « Un milliard de filles ne reçoivent pas une éducation digne du marché du travail. Nous voulons qu’elles soient capables de travailler, d’être indépendantes. »

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Trois jeunes Françaises lui ont présenté des applications développées en quelques jours. La première propose de créer de la musique avec des sons enregistrés sur son iPhone. Une autre présente une app dédiée à l’art, et une troisième, un guide touristique sur son téléphone. « Elles m’ont inspirée, et elles peuvent inspirer des tas de personnes. » A l’une d’elle, Malala demande comment est né son intérêt. « Il y a deux ans, j’étais secrétaire. J’étais très impressionnée à l’idée de me lancer dans l’apprentissage du code, mais maintenant, mes proches me disent que j’ai plus confiance de moi, je suis plus créative, je suis plus intéressée par ce que je fais aujourd’hui. »

En plus de défendre l’accès à l’éducation pour toutes, Malala souhaite une éducation de qualité, impliquant l’apprentissage du code, le langage numérique pour développer des sites et des applications. « Malheureusement, dans le secteur de la technologie, il n’y a pas beaucoup de parité. Il faut que les femmes aient autant d’opportunités que les hommes. Pourtant, les filles que l’on a vues aujourd’hui ont réussi à transformer leurs idées en applications. Ce n’est que le début. »

Souvent considéré comme un domaine masculin, le code tente d’ouvrir ses horizons. « La société n’encourage pas les jeunes filles à coder, alors il faut leur rappeler qu’elles peuvent le faire. Regardez comme elles avaient confiance en elles  aujourd’hui ! » Etudiante en philosophie, politique et économie à l’université d’Oxford, Malala a d’ailleurs elle aussi appris à coder dans le cadre de son cursus. « On disait que ce n’était pas pour les filles, que les hommes aiment les jeux vidéo et donc, que ça les intéresse plus. Mais on peut faire des millions de choses, développer une app, travailler sur plateformes sociales, créer des logiciels, collecter des informations, faire de la musique… Il faudrait que toutes les filles essaient et réalisent qu’elles peuvent le faire. »