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Au Cameroun, le numérique entre à l'école

Le 22 mai, à Obala,  deux maîtresses d’école  – Joséphine Moli (à g.)  et Chantal Zo (à dr.) – font réviser un cours de  français sur tablette.
Le 22 mai, à Obala, deux maîtresses d’école – Joséphine Moli (à g.) et Chantal Zo (à dr.) – font réviser un cours de français sur tablette. © DR
De notre envoyé spécial à Obala François de Labarre

Ces tablettes ne les rendront pas accrocs aux jeux vidéo, mais aux devoirs. Au Cameroun, la Fondation Orange a équipé 45 écoles – 60 en fin d’année – de kits numériques. La méthode a fait ses preuves : moins d’absentéisme, plus de motivation. Mais quelques jalousies dans le quartier.

Au pied du tableau, ce ne sont pas les manuels scolaires qui s’entassent, mais des tablettes digitales reliées à une prise multiple par des câbles d’alimentation. C’est le principal souci de la directrice, Pauline Enyegue Tanga : « Ces tablettes se déchargent très vite ! » L’école Obala 1C – établie à Obala, petite bourgade tranquille et verdoyante à quelques collines de Yaoundé, la capitale camerounaise –fait partie des 45 établissements choisis par la Fondation Orange et labélisés « écoles numériques ». « Le procédé est très cadré, explique Françoise Cosson, déléguée générale de la Fondation Orange. Nous lançons des appels à projets. La Fondation Orange Cameroun [dirigée par Elisabeth Ehabe, NDLR] sélectionne les projets pédagogiques auxquels elle croit vraiment : les candidats doivent manifester un intérêt réel et s’engager à suivre des formations pour accompagner les enfants dans le digital. Ensuite, la décision finale revient à nos comités de sélection, qui comprennent des employés de la Fondation Orange et des spécialistes extérieurs au groupe. »

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Dans le cas d’Obala 1C, le choix paraît évident. L’énergique directrice ne jure que par le numérique. « Quelqu’un qui ne sait pas utiliser l’outil informatique aujourd’hui est un analphabète ! » tempête-t-elle. Sur les 820 écoles numériques de la Fondation Orange dans le monde, 780 se trouvent en Afrique. Parce qu’Orange y est très présente. Le contenu des tablettes, qui varie selon les pays, est validé par les ministères de l’Enseignement. « Une très bonne chose », souligne la directrice.

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Avec les tablettes, on approfondit, on assimile mieux

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Réunis dans la même classe, les élèves de CM1 et de CM2 passent une journée par semaine en moyenne sur leur tablette à réviser les leçons, faire des exercices de français, de maths et d’initiation à l’informatique. « On leur apprend à saisir les mots-clés et aussi à se servir de Word et Excel », explique Joséphine Moli, enseignante. « Ça me donne la sagesse et ça m’apprend les mots », nous dit Marie Emmanuelle Asse, 11 ans, avant de confier qu’elle préfère quand même jouer sur le Smartphone de sa maman qu’avec les tablettes de l’école. Nganga Guillaume Evans, 10 ans et demi, préfère quant à lui les cours de musique en live. « Avec les tablettes, on approfondit, on assimile mieux. Ça facilite le travail pédagogique et les enfants sont contents, c’est comme un jeu », ajoute la directrice. « Cela éveille leur curiosité, ils sont plus réceptifs qu’avec les méthodes à l’ancienne », explique Christel Yagué, l’une des cinq « maîtres de parents », enseignants bénévoles.

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Pauline Enyegue Tanga, directrice d’Obala 1C, l’une des écoles numériques de la Fondation Orange.
Pauline Enyegue Tanga, directrice d’Obala 1C, l’une des écoles numériques de la Fondation Orange. © DR

Mais comme les logiciels, ces profs 2.0 ont besoin de mises à jour régulières et réclament davantage de formations. « Et ce serait bien de pouvoir rapporter les tablettes chez nous le soir pour travailler », glisse Chantal Zo, enseignante. Dehors, d’autres revendications arrivent des écoles voisines. Des centaines d’enfants participent à une compétition d’athlétisme sur un grand terrain de sport. Une dizaine d’établissements sont représentés sur le site, mais un seul est labélisé « école numérique ». Une femme se présente comme la directrice d’un autre établissement et nous interpelle : « Nous sommes des Africains ! Lorsqu’il faut donner, c’est pour tout le monde ! » « Ils n’ont pas déposé de projet. Je les ai incités à le faire », nous dira plus tard Françoise Cosson. « Les autres sont les bienvenus », assure de son côté la directrice de l’école Obala 1C, qui reconnaît qu’avec 50 tablettes elle arrive tout juste à satisfaire les besoins de ses élèves. « Vous savez, dit-elle, c’est la première fois que l’on reçoit une aide d’une société, ici. Sur les 60 écoles d’Obala, c’est la première fois que cela arrive ! » N’y a-t-il jamais eu, parmi les anciens élèves, un ingénieur ou un financier ayant réussi à l’étranger, avec une fibre philanthropique ? « Non, ceux-là restent dans leur société, ils ne viennent jamais pour aider », conclut Pauline Enyegue Tanga. 

Lire aussi. Smart Africa : Les 5 enjeux de la révolution numérique

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Autre avantage, les élèves des écoles numériques partagent le même réseau. La Fondation a organisé un concours de rédactions d’articles WikiChallenge. Les participants choisissent un sujet libre, qui doit concerner un trait culturel de proximité. Ecrit sur le modèle d’un article d’encyclopédie, le texte est publié sur le réseau et partagé avec les autres. Les élèves d’Obala ont ainsi choisi d’écrire sur le rite de l’Essani chez les Beti et sur la chefferie Ateba Ebe d’Obala. De quoi ajouter un chapitre à l’article Wikipedia consacré au peuple Beti, présent au Cameroun et au Gabon. 

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