Deux ans après la fin de la bataille, Mossoul toujours en ruines

A Mossoul, la vie se poursuit au milieu des ruines. ©AFP - Zaid Al-Obeidi
A Mossoul, la vie se poursuit au milieu des ruines. ©AFP - Zaid Al-Obeidi
A Mossoul, la vie se poursuit au milieu des ruines. ©AFP - Zaid Al-Obeidi
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En Irak, la ville de Mossoul célèbre le deuxième anniversaire de sa libération, après trois années d’occupation par l’Organisation État islamique. Deux ans après, le coeur historique de Mossoul reste un champ de ruines quasi désert, abandonné par le gouvernement irakien. Noé Pignède

C’est un dédale de ruelles où s’entassent les gravats, une succession de bâtiments éventrée, désertée par les habitants. Deux ans après la libération, la vieille ville de Mossoul ressemble toujours un champ de bataille. Les yeux humides, Abdelkarim est debout sur un tas de pierres, les restes de son ancienne maison :

Ma famille habitait ici depuis 7 générations. La cave voûtée que vous apercevez en dessous des décombres juste là avait plus de 600 ans. Bombarder le quartier était le pire des solutions pour nous libérer. Tous les civils étaient coincés ici avec Daesh. Des djihadistes étaient cachés dans cette rue, mais au lieu d’envoyer des soldats pour les tuer, ils ont préféré tout raser. 

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Malgré ses nombreuses demandes, les gravas de la maison d’Abdelkarim n’ont toujours pas été déblayés. Ce père de quatre enfants désespère de pouvoir un jour rentrer chez lui :

La vie ne reviendra jamais dans la vieille ville de Mossoul : il n’y a plus d’hôpitaux, plus d’école, tout est détruit. Il n’y a plus de services publics, aucune aide, pas de travail. Les seules personnes qui reviennent vivre ici sont les plus pauvres, car ils n’ont nulle part d’autre où aller.

La ville de Mossoul est un champ de ruines.
La ville de Mossoul est un champ de ruines.
© AFP - Zaid Al-Obeidi

Un peu plus loin, nous rencontrons Bachar, une truelle à la main. Devant l’inaction du gouvernement, ce militaire à la retraite  explique qu'il a décidé de rebâtir lui-même sa maison : "C’est avec mes économies que je fais ces travaux. Les politiciens nous ont promis que l’état paierait une partie de la reconstruction, mais comme toujours, l’argent va dans leur poche. _Le gouvernement ne donnera pas un centime pour rebâtir la ville, les rues, les écoles ou les ponts. Pourtant, c’est lui qui est responsable de ce désastre__. Bien sûr, Daesh a détruit Mossoul, mais qui a donné l’ordre aux soldats d’abandonner la ville ? Qui a laissé entrer les djihadistes ? C’est le gouvernement_ ! Aujourd’hui, personne ne nous aide, à part quelques riches donateurs, des bénévoles et les organisations internationales. Nous avons besoin de soutien. Moi, je veux revenir vivre ici et dans la vieille ville. Ce quartier, bien qu’il soit démoli, c’est le coeur culturel et historique de Mossoul !"

Au nord de Mossoul, la reconstruction peine à débutter.
Au nord de Mossoul, la reconstruction peine à débutter.
© AFP - Zaid Al-Obeidi

Faute d’argent pour rebâtir leurs maisons, 300 000 mossouliottes vivent toujours dans des camps de déplacés, deux ans et après la libération. Selon un rapport de l’agence irakienne de lutte contre la corruption, 64 millions de dollars destinés à reconstruire la ville auraient été détournés par le gouvernement. Un système mafieux qui désespère les habitants et freine la reconstruction. D’après Transparency international, l’Irak reste le douzième pays le plus corrompu du monde.

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