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Pollution

Afrique du Sud : des manchots englués dans du pétrole, le soutage des navires en question

A cause du ravitaillement des bateaux, des manchots se retrouvent piégés par des nappes de pétrole.

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Des manchots soignés par la fondation sud-africaine SANCCOB de protection de l'environnement, près du Cap le 16 mars 2011

Des manchots soignés par la fondation sud-africaine SANCCOB de protection de l'environnement, près du Cap le 16 mars 2011

AFP - STEPHANE DE SAKUTIN

En combinaison de plongée, des "rangers" s'affairent à sauver des manchots piégés dans une nappe de pétrole dans l'océan Indien, au large de l'Afrique du Sud. En cause, le ravitaillement en combustibles des bateaux en mer.

Lors de son réapprovisionnement en carburant pendant le week-end, un vraquier battant pavillon libérien, le MV Chrysanthi, a recraché entre 200 et 400 litres de pétrole au large de Port Elizabeth (sud). La baie d'Algoa, qui abrite la plus importante colonie de manchots au monde, a été partiellement souillée. Une vingtaine de manchots défigurés par le carburant ont été secourus au large de l'île de Sainte-Croix, selon le dernier bilan. Les dégâts restent limités dans l'immédiat, mais cet incident met en lumière, aux yeux des défenseurs de l'environnement et des professionnels du tourisme, les risques liés au ravitaillement en carburant des bateaux en mer, le soutage. "Ce qui s'est passé illustre exactement les inquiétudes que nous soulevons (depuis longtemps) concernant le soutage", s'indigne Stacey Webb, de la Fondation d'Afrique australe pour la conservation des oiseaux de la côte (SANCCOB).

Une employée de la SANCCOB place un manchot dans une boîte en carton avant de le relâcher en mer, près du Cap le 18 janvier 2010 (AFP/Archives - Rodger BOSCH)

Une employée de la SANCCOB place un manchot dans une boîte en carton avant de le relâcher en mer, près du Cap le 18 janvier 2010 © AFP/Archives - Rodger BOSCH

"Le danger n'est pas écarté. Les manchots vont chercher de la nourriture jusqu'à une centaine de kilomètres des îles (île Oiseaux et île de Sainte-Croix) donc ils pourraient très bien se retrouver dans la nappe en mer", ajoute-t-elle à l'AFP. Depuis trois ans maintenant, des bateaux viennent se ravitailler en carburant dans la baie d'Algoa. Une activité lancée pour soutenir l'économie de la zone, idéalement située à la pointe sud du continent africain, dans des eaux relativement calmes.

"Affaire de gros sous"

"Bien que le soutage soit d'abord une affaire de gros sous, l'argent généré dans la baie d'Algoa justifie-t-il de mettre en péril la survie de certaines espèces ?", se demande Jack Peeton, un tour opérateur spécialisé dans l'observation des baleines. Les manchots sont menacés d'extinction, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Seuls quelque 50.000 adultes sont encore recensés dans le monde, principalement en Afrique du Sud et en Namibie voisine. Jack Peeton revient juste de l'île de Sainte-Croix, où il a été confronté à "la vision terrible de deux 'rangers' en train d'évacuer dans des petits bateaux des manchots recouverts d'une épaisse couche d'un pétrole gras".

Un porte-conteneur américain remorqué au large du port du Cap, en Afrique du Sud, le 22 août 2003  (AFP/Archives - TREVOR SAMSON)

Un porte-conteneur américain remorqué au large du port du Cap, en Afrique du Sud, le 22 août 2003 © AFP/Archives - TREVOR SAMSON

"La situation est très inquiétante", estime la chercheuse Lorien Pichegru, de l'université Nelson Mandela à Port Elizabeth. Lorsque la première nappe de pétrole a été recensée en 2016 dans la région, une centaine d'oiseaux avaient été englués dans 100 litres de carburant. Cette fois-ci, "les dégâts pourraient être quatre fois plus importants", met-elle en garde. Les mauvaises conditions météo ont ralenti les opérations de secours cette semaine, selon le gouvernement, qui a toutefois estimé que l'incident ne nécessitait pas d'intervention nationale et ne remettait en aucun cas en cause le soutage. Le ravitaillement en carburant des navires en mer se fait dans les règles fixées et les opérateurs ont subi "un audit strict", se défend Neville Noble, de l'Autorité de sécurité maritime sud-africaine (Samsa).

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