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RUSSIE

Les "Maldives en Sibérie" : le lac qui cartonne sur Instagram est surtout très pollué

De très nombreuses publications Instagram montrent une étendue d'eau paradisiaque, en Sibérie (Russie). Sauf qu'il s'agit surtout d'un site très pollué.
De très nombreuses publications Instagram montrent une étendue d'eau paradisiaque, en Sibérie (Russie). Sauf qu'il s'agit surtout d'un site très pollué.
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De très nombreuses photos ont récemment été publiées sur Instagram montrant une étendue d’eau bleu turquoise en Sibérie (Russie), rappelant les plages des Maldives. L’endroit peut sembler paradisiaque, sauf qu’il s’agit d’un lac artificiel où sont déversés les déchets d’une centrale thermoélectrique.

Ces photos ont été prises près de la ville de Novossibirsk, située en Sibérie, où se trouve une centrale thermoélectrique gérée par la "Siberian Generating Company", une entreprise privée. Du charbon est brûlé sur place, pour produire de l’électricité.

L’endroit s’est retrouvé sous les feux des projecteurs début juin, à la suite de la publication d’un article de la journaliste Darya Yanush et du photographe Alexander Oschepkov. Ce dernier a indiqué à notre rédaction :

Les personnes vivant dans la zone connaissaient l’endroit depuis un moment. Mais beaucoup plus de gens s’y sont intéressés après avoir lu notre article, car il est tout à fait inhabituel de voir une eau bleue comme cela, surtout dans une région comme la Sibérie. On dirait les Maldives, sauf que cet endroit se trouve à deux kilomètres de Novossibirsk, une ville sale et poussiéreuse.

À la suite de cet article, de nombreuses photos ont commencé à être publiées sur Instagram, sous le hashtag "décharge de cendres", utilisé plus de 2 000 fois. De plus, des centaines d’autres publications ont tagué l’entreprise sur le réseau social. Le 10 juin, la chaîne de télévision publique Russia One, la principale dans le pays, a également parlé de cet endroit dans une vidéo.

De nombreuses photos de ce lac bleu turquoise ont été publiées sur Instagram.

Sauf que cette étendue d’eau bleu turquoise n’est pas si paradisiaque qu’elle en a l’air, comme l’a notamment indiqué cette utilisatrice sur Instagram : "Il y a un million de questions que l’on peut se poser sur cet endroit extraordinaire. Mais ce n’est pas un endroit merveilleux et vous ne pouvez clairement pas nager ici."

De fait, la "Siberian Generating Company" a indiqué qu’il s’agissait en réalité d’un lac artificiel où étaient déversés les déchets de sa centrale thermoélectrique : cendres, scories (résidus solides provenant de la fusion de minerais métalliques, de la combustion de la houille, etc.), ou encore sels de calcium, à l’origine de la couleur de l’eau. L’entreprise a également précisé que le pH de l’eau était élevé, pouvait causer des réactions cutanées et qu’il ne fallait donc pas s'y baigner. Par ailleurs, pour démentir certaines rumeurs en ligne, elle a publié des vidéos où l’on voit du matériel permettant de détecter la radioactivité, censé prouver que le lac n’est pas radioactif.

La "Siberian Generating Company" a publié des vidéos censées prouver que l'eau n'est pas radioactive.

Des scientifiques estiment cependant que l’entreprise minimise la dangerosité du lac, notamment en raison du type de combustible utilisé par la centrale, qui a changé en 2018. C’est notamment le cas de Viktor Alexandrov, écologiste et professeur à l'Université technique d'État de Novossibirsk : en décembre 2018, il avait déclaré qu’il fallait réaliser davantage d’études pour connaître les effets de cette eau bleu turquoise sur les nappes phréatiques. Mais la "Siberian Generating Company" avait répliqué en disant que son nouveau combustible, du charbon brun, était moins polluant.

Viktor Alexandrov a confié à notre rédaction que des habitants s’étaient déjà opposés à la "Siberian Generating Company", notamment des membres du conseil municipal de Novossibirsk, pour qui le changement de combustible avait surtout profité aux finances de l’entreprise, et non à l’environnement. Il espère désormais que la récente médiatisation des "Maldives de Novossibirsk" permettra de mettre davantage la "pression" sur l’entreprise.

 

Cet article a été écrit par Christopher Brennan (@CKozalBrennan).

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