Menu
Libération
Décryptage

Ces goûts de luxe qui ont fait tomber plus d'un politique

Du duplex géant des époux Gaymard aux souliers sur mesure d'Aquilino Morelle, retour sur quatre affaires symboliques de la déconnexion des hommes de pouvoir.
par Rémy Descous-Cesari
publié le 11 juillet 2019 à 19h38

Alors que les photos des homards et des bouteilles de grands crus, lors de dîners à l'hôtel de Lassay, ont plongé le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, dans la tourmente depuis mercredi, retour sur quelques biens ou objets de luxe symboliques qui ont amené des responsables politiques à démissionner ces dernières années.

Le duplex des Gaymard

Février 2005 : le Canard enchaîné révèle que Hervé Gaymard, ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie sous le gouvernement Raffarin III, son épouse et leurs huit enfants, sont logés dans un duplex de 600 m², près de l'avenue Montaigne (VIIIe arrondissement de Paris), loué aux frais de la République pour la coquette somme de 14 000 euros par mois. Le palmipède révèle dans la foulée que le couple possède déjà un appartement parisien de 235 m², boulevard Saint-Michel, prêté à un ami haut fonctionnaire au Contrôle général de la marine. Face au scandale, le ministre et sa famille devront quitter leur appartement grand luxe payé par le contribuable. En réponse à cette affaire, le Premier ministre d'alors, Jean-Pierre Raffarin, instaure des règles pour définir la surface des logements de fonction des membres du gouvernement pris en charge par le budget de l'Etat, qui ne devra pas excéder les 80 m², auxquels s'ajouteront 20 m² par enfant à charge. Le 25 février, Libération indique qu'Hervé Gaymard est assujetti à l'ISF et qu'il possède plusieurs biens immobiliers. La polémique ne s'arrêtant pas, le ministre de l'Economie finira par démissionner et rembourser les frais occasionnés par les travaux, ainsi que les loyers pris en charge par l'Etat.

Le jet privé d’Alain Joyandet

Mars 2010 : le secrétaire d'Etat à la Coopération et à la Francophonie sous le gouvernement de François Fillon est épinglé pour l'utilisation coûteuse d'un jet privé. Selon les informations révélées par Mediapart, Alain Joyandet a loué un Falcon 7X à la compagnie portugaise Masterjet pour 116 500 euros afin de se rendre à une conférence internationale à la Martinique. Selon son entourage, recourir à un avion privé était la seule solution pour qu'il puisse revenir à temps à Paris pour le Conseil des ministres. Le Canard enchaîné accuse le secrétaire d'Etat d'avoir bénéficié d'un permis de construire illégal pour agrandir sa maison de Grimaud (Var). Déjà affaibli par l'affaire du jet privé, Alain Joyandet devra quitter le gouvernement avant le prochain remaniement. A la suite de cette affaire, le directeur de cabinet de François Fillon expédiera une note à tous les directeurs et chefs de cabinets des différents ministères pour leur demander de soumettre tout recours à une «compagnie commerciale d'aviation d'affaire» à l'approbation de Matignon.

Les cigares de Christian Blanc

Juin 2010 : le Canard enchaîné révèle l'achat de cigares aux frais du contribuable par Christian Blanc, secrétaire d'Etat chargé du Développement de la région capitale au sein du gouvernement de François Fillon. Au total, le ministère a claqué pour 12 000 euros de havanes depuis juillet 2009. Pour sa défense, l'ex-patron d'Air France et de la RATP affirme avoir lui-même réglé sa consommation de cigares des dix derniers mois, à hauteur de 3 500 euros. Le Premier ministre François Fillon demande à son secrétaire d'Etat de rembourser l'intégralité des dépenses. Christian Blanc accuse Guillaume Jublot, son ex-chef de cabinet de l'avoir «manipulé» dans l'affaire de l'achat des cigares. Mais sous la pression, il finit par démissionner du gouvernement, le 4 juillet 2010.

Le cireur de pompes d’Aquilino Morelle

Avril 2014 : Aquilino Morelle est contraint de démissionner de son poste de conseiller politique à l'Elysée. Ce qui fragilise par la même occasion le quinquennat de François Hollande qui se voulait «exemplaire». Mediapart avait révélé que tous les deux mois environ, David Ysebaert, cireur de chaussures de luxe de son métier, se rendait au palais de l'Elysée pour s'occuper des «30 paires de souliers de luxe faites sur mesure» du conseiller de François Hollande. Selon Mediapart, Aquilino Morelle avait même fait privatiser un salon de l'hôtel Marigny pour se faire cirer les chaussures seul. Il déclarera après son éviction que François Hollande avait déjà connaissance du dossier depuis un an et attendait de l'utiliser contre son conseiller en temps voulu. En 2015, il confiera au journal le Parisien avoir «commis une erreur» et «regretter» avoir recouru à un cireur de chaussures.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique