"Se baigner tue", comment les collectivités tentent d'éviter les noyades

Depuis le début de l'été, huit personnes sont mortes par noyade en Île-de-France. Dans ces zones très urbanisées, les citadins prennent d'assaut chaque plan d'eau pour se rafraîchir, bravant parfois les interdictions de baignade au péril de leur vie.
C'est une ancienne gravière, l'eau y est froide et la baignade interdite. Et pourtant, chaque week-end depuis fin juin, plus d'un millier de personnes s'ébrouent dans l'étang des Bauches, à Achères dans les Yvelines. Le 29 juin, un jeune homme de 21 ans, se noie. Ce qui n'empêche pas, alors que les pompiers tentent de le réanimer sur la rive, le public de continuer à se baigner, raconte Marc Honoré, le maire d'Achères :
Quand vous voyez arriver une bande de dix ou quinze jeunes serviette sur l'épaule, vous pouvez leur dire n'importe quoi, s'il fait 35 degrés, ils ont décidé de se baigner, ils se baigneront quoi qu'il arrive.
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Alors la mairie a décidé de frapper fort avec une campagne de prévention inspirée de ce qu'impose la loi sur les paquets de cigarettes : des images de noyade et des slogans choc.

Les affiches sont placardées sur le site, mais également dans tous les lieux accueillant du public ainsi que dans la gare RER d'Achères. Car l'étang attire des centaines de jeunes qui vivent dans des cités de la région sans verdure et sans plan d'eau.
La brigade fluviale en renfort
Au nord-ouest de Paris, l'Île de Loisirs de Cergy Pontoise attire également des centaines de baigneurs. Elle propose une zone de baignade surveillée et gratuite. Mais les 150 hectares de plan d'eau rendent impossible une surveillance intégrale. Fin juin, en l'espace d'une semaine, deux jeunes de 15 et 18 ans y ont trouvé la mort. Ils ne savaient pas nager.
En plus de la prévention passive (affichage tous les 30 mètres) et des vigiles déployés y compris la nuit, la direction de la base fait appel à la brigade fluviale de la préfecture de police de Paris. À bord de leur canot, les policiers dissuadent et verbalisent les contrevenants. Dernier recours face aux irréductibles selon Nicolas Cook, le directeur de la base :
On arrive à convaincre 80% des gens d'aller se baigner en zone surveillée. Mais il y a toujours une infime partie d’irréductibles qui n'écoutent aucun discours de prévention. Dans ces cas là, seule la sanction, la menace pénale a un effet. Et heureusement, l'uniforme fait encore autorité.
Les amendes vont de 15 à 75 euros. La base est également surveillée par une centaine de caméras et deux drones dont l'un muni d'un haut parleur pour dissuader a distance les contrevenants.
Références