Après avoir affirmé avoir été agressé, le fils de Latifa Ibn Ziaten en garde à vue pour "dénonciation calomnieuse"

Publié le 13 juillet 2019 à 11h33, mis à jour le 13 juillet 2019 à 16h51
Après avoir affirmé avoir été agressé, le fils de Latifa Ibn Ziaten en garde à vue pour "dénonciation calomnieuse"

FAITS DIVERS – L’avocat de la famille Ibn Ziaten, Me Mouhou, a indiqué jeudi soir qu’un des fils de Latifa Ibn Ziaten, avait été agressé à son domicile dans la banlieue de Rouen (Seine-Maritime) alors qu’il venait de rentrer chez lui avec un ami. Admis aux urgences du CHU de Rouen dans la soirée, les deux hommes se sont vu prescrire 10 et 11 jours d'ITT. Ce samedi, une source proche de l'enquête a indiqué à LCI que les deux hommes avaient été placés en garde à vue pour "dénonciation calomnieuse".

"Après les menaces de mort au domicile de @LatifaIbnZ, on s’attaque aux enfants. Un de ses fils agressé sauvagement ce soir à son domicile, transféré aux urgences du CHU de Rouen, avec un ami lui aussi laissé dans un état catastrophique. J’ai saisi ce soir le Procureur de Rouen". Voilà les mots utilisés jeudi soir par Me Mouhou, avocat de la famille, pour rendre publique l’agression d’un des fils de Latifa Ibn Ziaten qu’il défend. 

Le 10 juin, des menaces avaient été taguées au domicile de la maman d’Imad Ibn Ziaten, premier militaire tué par Mohamed Merah en 2012 à Toulouse. Près d’un mois jour pour jour après ce triste événement, c’est à l’un de ses fils que trois individus s’en seraient pris jeudi soir  dans la banlieue de Rouen. 

"Une série d'incohérences et de contradictions"

Ce samedi, une source proche de l'enquête a indiqué à LCI que le fils de Latifa Ibn Ziaten, Naoufal Ibn Ziaten, et son ami avaient été placés en garde à vue pour "dénonciation calomnieuse". "Les enquêteurs ont relevé une série d'incohérences et de contradictions dans les déclarations des deux individus. Ils ont actuellement entendus sous le régime de la garde à vue", poursuit cette source. 

Contacté par LCI dès vendredi matin au sujet de cet événement, le procureur de la République Pascal Prache n'a pas répondu à notre demande. Ni le magistrat, ni Me Méhana Mouhou n'étaient joignables ce samedi.

" Barbes d’islamiste"

Vendredi matin Me Méhana Mouhou contacté par LCI après son tweet (retiré depuis), avait rapporté les faits suivants : "Le fils de Latifa rentrait chez lui en début de soirée, aux alentours de 19 heures. Il était avec un ami. Au moment de franchir la porte, ils ont été violemment poussés à l’intérieur. Ils ont réussi à courir, et à se réfugier dans une courette derrière la cuisine. Mais là, les individus les ont rejoints, après avoir cassé une fenêtre. Ils les ont tabassés". 

Selon l'avocat, les agresseurs au nombre de trois ont agi à visage découvert. "Deux d’entre eux avaient une barbe d’islamiste, poursuit l’avocat. Ils ont agi à visage découvert, et n’ont proféré aucune menace. Ils n’ont rien volé dans la maison. Après avoir porté de nombreux coups aux deux hommes, ils ont fini par partir, quand le fils de Latifa Ibn Ziaten a dit que son père allait arriver". 

Alerté aux alentours de 20 heures de ces faits, Me Mouhou dit s'être rendu au domicile de la victime, tout comme les experts de la police scientifique. "Il y avait beaucoup de sang dans la cour.  Des constatations et des prélèvements ont été réalisés", avait-il précisé.

Plainte déposée ce vendredi

Me Mouhou nous indiquait qu’une plainte serait déposée ce vendredi pour "violences volontaires aggravées par deux circonstances : le fait qu’elles ont été commises en réunion et qu’elles ont eu lieu la nuit". 

Il ajoute que les victimes auraient aperçu à leur arrivée au domicile "une voiture suspecte avec une femme portant le niqab à l’intérieur". "La police va recueillir des témoignages, et des images extraites de caméras de vidéosurveillance vont être exploitées". L’avocat a quitté les urgences du CHU de Rouen dans la nuit vers 2h30 du matin. Hospitalisés, le fils de Latifa ibn Ziaten et son ami se sont vu délivrer respectivement 10 et 11 jours d'ITT. Ils devraient être entendus tous les deux dans la journée par les enquêteurs. 

Rondes de police

Aucune piste n’était privilégiée ce vendredi. "On ne sait pas si c’est une suite aux menaces à l’encontre de Latifa le mois dernier… Mais le nom et le prénom de son fils sont inscrits sur la boîte aux lettres", commente Me Mouhou. Des rondes de police seront effectuées pour une durée indéterminée autour du domicile de la victime. 

"La famille Ibn ZIaten est très choquée par cet événement. Le fils a beaucoup pleuré cette nuit après cette événement. Eux qui sont opposés à toute forme de violences ne comprennent pas", avait souligné Me Méhana Mouhou vendredi.

Très investie dans la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme et défendant les valeurs de de la  République, du vivre-ensemble et la laïcité depuis la mort de son fils Imad il y a sept ans, Latifa Ibn Ziaten réalise de nombreuses rencontres dans les prisons et les banlieues notamment avec son association Imad. Elle a déjà été menacée à plusieurs reprises par le passé. Le 10 juin, elle avait découvert notamment sur sa maison un tag "Ont aura ta peau Latifa". 

Me Mehana Mouhou, a déposé une plainte pour "apologie de crime terroriste, menaces de mort réitérées et dégradations, aggravées par des insultes antisémites". "Ma cliente ne se sent pas en sécurité, elle est choquée et bouleversée, c'est le retour de la haine en France", a déclaré son autre avocat Me Samia Maktouf, qui avait également annoncé avoir porté plainte à Paris. "Je saisis le ministère de l'Intérieur en raison de cette menace grave pour demander que sa garde soit étendue à l'intérieur de son domicile et pas seulement quand elle se déplace", a ajouté l'avocate. Le ou les auteurs de ces faits n'ont toujours pas été identifié. 


La rédaction de TF1info

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