Philippines : le journaliste radio Eduardo Dizon sauvagement abattu

Le reporter, qui a fait l’objet de récentes menaces, s’était notamment fait un nom en dénonçant avec courage les malversations d’un groupe sectaire. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités des Philippines à tout mettre en oeuvre pour que ce crime odieux ne reste pas impuni.

Cinq balles dans la peau… Eduardo Dizon, célèbre journaliste de la radio Brigada News FM a été tué hier soir, mercredi 10 juillet, vers 22 h 45, par deux individus à moto, alors qu’il rentrait chez lui, entre les villes de Kidapawan et Makilala, dans le sud des Philippines. Il venait de terminer une nouvelle édition de son émission Tira Brigada, dans laquelle il présentait régulièrement “un exposé implacable contre des agissements illégaux d’individus et d’organisations sans scrupules” dans la région de Kidapawan, pour reprendre les mots d’un communiqué publié ce matin par Brigada Group, la maison mère de la radio.


La semaine dernière, un message funeste avait été laissé en langue tagalog sur la hotline de la radio : “Fais attention Brigada, car tu vas mourir. Attends un peu, et quelqu’un va t’abattre.”


“Eduardo Dizon est déjà le treizième journaliste abattu depuis le début du mandat du président Duterte, et il convient de mettre un terme à ce cycle de violence inacceptable contre les professionnels des médias, remarque Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Le gouvernement se targue d’avoir mis en place une ‘task-force présidentielle pour la sécurité des médias’, mais celle-ci n’a aujourd’hui produit quasiment aucun résultat. L’enquête sur le meurtre d’Eduardo Dizon aura valeur de test : l’impunité doit cesser.”


“Kabrigada Ed”, comme se faisait appeler le journaliste, avait porté plainte, le 4 juillet dernier, au lendemain d’une menace de mort nominative proférée sur une radio concurrente, Gold FM, par un certain Dante Tabosares, surnommé Bong Encarnacion. Celui-ce serait un fervent supporter d’un groupe sectaire qui mêle business et religion, le Kapa Ministry, suspecté, entre autres, d’avoir mis au point une escroquerie à plusieurs millions de pesos sur toute l’île de Mindanao. Eduardo Dizon avait révélé, ces dernières semaines, plusieurs détails de ce schéma frauduleux.


Les Philippines se classent à la 134e position sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2018.

Publié le
Updated on 11.07.2019