"Ce que nous avons vu était incroyable". Des chercheurs viennent de découvrir que le permafrost, l'épaisse couche de glace qui couvre 25 % de l'hémisphère nord, a fondu 70 ans plus tôt que prévu dans l'Arctique canadien. Or le permafrost abrite du carbone, du méthane et même du mercure. Il en libère de grandes quantités en fondant, accélérant le réchauffement climatique. 

C’est une très mauvaise nouvelle pour le climat. Des chercheurs de l’université d’Alaska à Fairbanks aux Etats-Unis viennent de découvrir que le permafrost de l’Arctique canadien fond bien plus vite que ce qu’ils avaient prévu. La fonte est tellement rapide qu’elle a atteint le niveau de dégel prévu par les scientifiques en… 2090, soit 70 ans plus tôt qu’estimé.
Des étés chauds en cause 
"Ce que nous avons vu était incroyable", explique à Reuters Vladimir E. Romanovsky, professeur de géophysique et co-auteur de l’étude publiée dans la revue Geophysical Research Letters, "C’est une indication que le climat est maintenant plus chaud qu’à n’importe quel moment au cours des dernières 5 000 années ou plus".
Les scientifiques rapportent que les îles arctiques canadiennes ont connu une série d’étés particulièrement chaude entre 2003 et 2016 entraînant des indices de dégels moyens supérieurs de 150 à 240 % à la normale de 1979 à 2000. Cela a provoqué un affaissement de 90 centimètres du sol par endroits en raison de la fonte du permafrost.
Le permafrost libère de grande quantité de gaz à effet de serre
Et cette nouvelle est encore plus mauvaise qu’on pourrait le croire. Car le permafrost, en fondant, libère des gaz à effet de serre. Les experts estiment que le permafrost renferme deux fois plus de carbone que l’atmosphère. Or, "les projections les plus pessimistes du Giec (Groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat, NDR) avec un réchauffement à 4 ou 5 °C n’incluent pas les processus de dégel du pergélisol", explique Florent Dominé, le directeur de recherche au CNRS et spécialiste des interactions neige-climat-pergélisol.
Autrement dit, la fonte du permafrost va accélérer le réchauffement climatique. D’autant que cette couche de glace ne renferme pas seulement du carbone, elle emprisonne également des stocks de mercure deux fois plus importants dans le permafrost que sur le reste de la Terre. Et ce n’est pas fini. Des chercheurs ont remarqué qu’en Sibérie, lorsque le pergélisol fond, il relâche des bulles de méthanes qui explosent provoquant des cratères de 70 mètres de profondeur. Or le méthane est un gaz à effet de serre, responsable du réchauffement, 20 à 25 fois plus important que le CO2. 
Marina Fabre, @fabre_marina

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