Les médecins devant la mort

The Doktor, toile de Luke Fildes, 1891.
The Doktor, toile de Luke Fildes, 1891.
The Doktor, toile de Luke Fildes, 1891.
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Même s’il peut y avoir quelque chose de paradoxal à parler d’une médicalisation de la mort, la médecine s’appropriant ce qui signe son inévitable échec, il n’empêche que son regard sur la fin de la vie, dont les circonstances peuvent dépendre de son pouvoir ou de son impuissance, est essentiel.

Avec
  • Anne Carol Professeure d'histoire contemporaine à l'Université d'Aix-Marseille

On ne peut pas être primesautier tous les jours. Ni tous les samedis. Rien de joyeux ni de coruscant dans notre sujet de ce matin, mais rien de plus essentiel puisqu’il va s’agir de considérer, sur plus de deux siècles, la situation des médecins devant la mort. La Rochefoucauld, dans une maxime célèbre, observait déjà : « ni le soleil, ni la mort ne se peuvent regarder fixement ». C’est pourtant ce que s’efforcent aujourd’hui de faire, parmi beaucoup d’autres, les militants de l’Association pour mourir dans la dignité, l’APMD. Tout comme le professeur Jean-Louis Touraine, député de La République En Marche, qui vient d’entrainer 156 de ses collègues du Parlement, issus d’horizons différents, à appeler à mieux préciser et encadrer dans la loi les droits et la liberté de mourir des personnes en fin de vie. Tout comme le Conseil économique, social et environnemental qui propose de légaliser, en France comme c’est le cas déjà dans des pays voisins, euthanasie et suicide assisté. Chacun mesure la dimension de cet enjeu, en termes civiques, moraux, religieux et presque métaphysiques. Or le corps médical est ici évidemment en première ligne. Même s’il peut y avoir quelque chose de paradoxal à parler d’une médicalisation de la mort, la médecine s’appropriant ce qui signe son inévitable échec, autrement dit justement, les limites de son rôle. Il n’empêche qu’elle est forcément concernée au premier chef, autrement dit que son regard sur la fin de la vie, dont les circonstances peuvent dépendre de son pouvoir ou de son impuissance, est essentiel pour aborder cette question primordiale. L’œuvre d’Anne Carol, professeur à l’université d’Aix Marseille, le démontre de la façon la plus pertinente et la plus informée possible. Cette œuvre est originale et forte et je me devais donc de la convier devant vous. Jean-Noël Jeanneney

Programmation sonore : 

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- Chanson « La robe blanche » de Léo Daniderff (musique) et Emile Gibert (paroles), interprétée par Jean Lumière en 1933.

- Interview du professeur Paul Milliez, chef de service de l’hôpital Broussais, Inter Actualités, France Inter, 6 juin 1977.

- Extrait d’une adaptation radiophonique de La Consultation, tome IV des Thibault de Roger Martin du Gard (1928), réalisé par Maurice Cazeneuve, avec Jean Chevrier dans le rôle d'Antoine Thibault et François Vibert dans le rôle d'Isaac Studler, et diffusé le 28 février 1947.

- Lecture d’un extrait de La mort d’Olivier Bécaille d’Émile Zola (1884), par Jean O’Cottrell, dans "Les Chemins de la Connaissance" de Jacques Munier, sur France culture, le 24 mai 2007.

- Extrait de l’émission « Tribune de Paris » de Paul Guimard, consacrée à la Kératoplastie (greffe de la cornée), diffusée le 24 juin 1947, avec ici Bernard Lafay et Vincent de Moro Giafferri.

Bibliographie :

- Anne Carol, Les médecins et la mort, Aubier, 2004.

- Anne Carol, Physiologie de la veuve. Une histoire médicale de la guillotine, Champ Vallon, 2015.

- Anne Carol, L’embaumement. Une passion romantique, Champ Vallon, 2015.

- Anne Carol,  Au pied de l’échafaud, Belin, 2017.

- Régis Bertrand, Anne Carol (dir.), Aux origines des cimetières contemporains, PUP, 2016.

- Régis Bertrand, Anne Carol, Jean-Noël Pelen (dir.), Les narrations de la mort, PUP, 2005.

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