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Brésil

Brésil: Bolsonaro veut nommer son fils à Washington, tollé chez les diplomates

Le président du Brésil Jair Bolsonaro a annoncé jeudi 11 juillet son intention de nommer son fils Eduardo Bolsonaro ambassadeur à Washington. Du « népotisme » selon des diplomates, qui craignent l’arrivée d’un « pion » du département d’État américain : l’actuel député est un ami de la famille Trump.

L'actuel président brésilien Jair Bolsonaro et son fils Eduardo, à Brasilia, le 14 novembre 2018.
L'actuel président brésilien Jair Bolsonaro et son fils Eduardo, à Brasilia, le 14 novembre 2018. Sergio LIMA / AFP
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Serait-ce un cadeau d’anniversaire ? Le chef de l’État brésilien Jair Bolsonaro a annoncé que son fils le plus jeune, Eduardo Bolsonaro, pourrait devenir le nouvel ambassadeur à Washington. L’annonce est intervenue le jeudi 11 juillet, au lendemain du 35e anniversaire, âge minimal pour le poste. Levée de boucliers et accusations de népotisme immédiates.

« Ce n’est pas du népotisme, jamais je ne ferais ça », s’est défendu le président d’extrême droite vendredi 12, lors d’un Facebook live. « Mon fils est bien meilleur que moi, il a déjà visité plusieurs pays d’Europe, il est ami avec les enfants [du président américain Donald] Trump, il parle anglais et espagnol, il a une très grande expérience du monde. Il pourrait être une personne adéquate et me rendrait compte parfaitement », a ajouté l’ancien capitaine d’infanterie.

Eduardo Bolsonaro a été le seul à accompagner de Jair Bolsonaro lors sa rencontre avec le président Donald Trump

« J’ai déjà cuisiné des hamburgers » aux États-Unis, s’est vanté Eduardo Bolsonaro

Face à des critiques, le principal intéressé, également député fédéral, a vanté sa présidence « de la commission des Affaires étrangères » de la Chambre des députés. « J’ai déjà participé à des échanges, j'ai déjà cuisiné des hamburgers » aux États-Unis, a-t-il ajouté vendredi 12 juillet. Eduardo Bolsonaro a ajouté que le ministre des Affaires étrangères Ernesto Araujo « lui avait exprimé son soutien » concernant sa désignation.

Pour concrétiser l’affaire, Brasilia doit encore envoyer une indication officielle, à être acceptée par l’intéressé et ensuite étudiée par le Sénat.

L’ambassade à Washington est le poste diplomatique le plus important pour le Brésil et il est vacant depuis juin. Depuis 50 ans, il a été attribué exclusivement à des diplomates expérimentés.

« Panique » et « moquerie » chez les diplomates

Les diplomates étaient partagés entre « panique » et « moquerie » à cette annonce, selon le quotidien Folha de São Paulo. Notamment du côté des représentants du pays à l’ONU, qui craignent l’arrivée d’un « pion » transformant la diplomatie brésilienne en « subdivision du département d’État » américain : ami des enfants Trump, le troisième fils du chef de l’État est américanophile assumé et partisan de la politique du milliardaire.

Eduardo Bolsonaro affiche sa casquette "Trump 2020"

Pour l’ancien ambassadeur brésilien à Washington Rubens Ricupero, une telle nomination serait « sans précédent dans l’histoire des pays démocratiques », a-t-il confiéau quotidien Estadão. Le juge de la Cour suprême Marco Aurélio Mello a estimé, lui, qu’une telle nomination serait du « népotisme », l’équivalent de « se tirer une balle dans le pied », a-t-il dit à Estadão. La plus haute juridiction pourrait être amenée à se prononcer.

« On croit vivre au XIXe siècle », a déploré Oliver Stuenkel au Monde, professeur de relations internationales à la Fondation Getulio Vargas. « Mais c’est un signe des temps », dit-il, évoquant le rôle d'Ivanka Trump dans la diplomatie américaine.

Selon l’expert, le fils Bolsonaro pourrait être un agentde rapprochement du Brésilavec l’extrême droite mondiale. En effet, l’actuel député a déjà rencontré à plusieurs reprises Steve Bannon, notamment dans le cadrede The Movement, organisation de la droite populiste dans le monde. L’ex-conseiller de Donald Trump a d’ailleurs félicité cette possible nomination.

« Une opportunité » pour les industriels

Pour les milieux économiques brésiliens, ce serait une « opportunité pour nous rapprocher des États-Unis », a affirmé à Folha de São Paulo José Roriz Coelho, vice-président de la Fédération des industries de l’État de São Paulo. L’expérience d’Eduardo en tant que député pourrait faciliter la relation avec les parlementaires américains, selon eux.

Washington et Brasilia sont toutefois des rivaux économiques : les deux disputent les marchés mondiaux du soja et de la viande.

Pour le journaliste et politologue Bruno Boghossian, Brasilia pourrait se retrouver rapidement dans une position délicate. « Le Brésil échangerait un ambassadeur contre un communicant politique de droite radicale. Il a beau parler la langue de Trump, il se retrouvera isolé si jamais le parti démocrate gagne les prochaines élections », a-t-il écrit.

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