Gérald Darmanin: "L’impôt sur le revenu va baisser pour 95 % des Français qui le paient"

Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, est dans les Alpes-Maritimes ce lundi. Pour y rencontrer des douaniers et évoquer la politique fiscale de l’Etat avec les élus.

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THIERRY PRUDHON Publié le 14/07/2019 à 21:07, mis à jour le 14/07/2019 à 21:14
Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics. (Photo AFP)

Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics, se rend ce lundi dans les Alpes-Maritimes, à Cannes et Vence. Une visite placée sous le double signe de la lutte contre la contrefaçon, à l’occasion du lancement de la campagne de sensibilisation de l’Union des fabricants, et de la compensation de la taxe d’habitation pour les communes.

Quelle est aujourd’hui l’ampleur de la contrefaçon ?
Elle touche tout le monde. Plus de 35 % des Français ont déjà commandé sur Internet une contrefaçon sans le savoir. Cela concerne l’industrie du luxe, bien sûr, mais aussi les médicaments, les jouets, l’alimentation… Ce sont énormément de produits qui peuvent se révéler très dangereux pour la santé. C’est un vol du savoir-faire et des emplois des petites et grandes sociétés. La douane saisit aujourd’hui 5,4 millions de produits contrefaits par an. Il faut savoir que quand on achète un sac contrefait à la sauvette, on peut parfois nourrir le trafic de stupéfiants ou le terrorisme, car tout cela transite par des systèmes mafieux. La lutte passe par un travail en amont avec les marques pour reconnaître les contrefaçons, rendre les produits difficilement falsifiables, et puis par des saisies sur les marchés, dans les ports, ou des vérifications sur Internet. Les douaniers sont devenus des spécialistes et savent reconnaître d’un coup d’œil un vrai sac Chanel d’une imitation.

La lutte contre la fraude fiscale ?
Nous luttons très fortement contre la fraude fiscale, comme d’autres gouvernements l’ont fait avant nous. On l’estime à plusieurs dizaines de milliards d’euros de manque à gagner pour le contribuable et pour l’Etat. Le président de la République a d’ailleurs demandé à la Cour des comptes de chiffrer très précisément le montant de fraude qui manque dans les caisses de l’Etat. D’ores et déjà, le gouvernement a pris des mesures fortes, à commencer par la fin du verrou de Bercy (dispositif qui subordonnait le déclenchement de poursuites pénales par le parquet en matière de fraude fiscale au dépôt d’une plainte préalable de l’administration fiscale, ndlr). Nous avons aussi mis en place une police fiscale qui a les moyens de la police tout court, avec de la géolocalisation et des mises sur écoute pour lutter contre les grands fraudeurs. Et, en janvier, nous allons lancer un arsenal contre la fraude à la TVA, qui est la première fraude. Il traquera singulièrement ceux qui fraudent à la TVA en utilisant les frontières de l’Union européenne, la fraude intracommunautaire. Ce sont plusieurs milliards d’euros que nous espérons ainsi récupérer. Le dispositif permettra aussi de lutter contre les fraudes à la TVA des produits d’importation asiatiques ou américains commandés sur Internet.

Le gouvernement a promis 5 milliards de baisse de l’impôt sur le revenu en janvier 2020. De quelle manière cette baisse va-t-elle se répartir ?
On va baisser l’impôt sur le revenu pour 95 % des Français qui le paient, à savoir ceux qui gagnent jusqu’à 6.700 euros net mensuels, pour un gain moyen annuel de 330 euros par Français. Grâce au prélèvement à la source, le bénéfice sera perceptible dès janvier. Ce sont les classes moyennes qui vont essentiellement en profiter, ce qui était une demande sociale forte issue du Grand Débat.

Quelles seront les autres priorités du budget 2020 ?
D’abord l’écologie, avec une montée sans précédent de son budget, en faveur notamment des transports propres. Nous allons ensuite mettre l’accent sur le régalien, avec 10 000 emplois supplémentaires dans la police et la gendarmerie, l’augmentation inédite de 1,7 milliard des crédits de l’Armée, une augmentation aussi du budget de la Justice pour embaucher davantage de magistrats et construire plus de prisons. Enfin, nous allons augmenter de façon considérable les crédits de l’Education nationale, de la recherche et de la formation professionnelle. On voit bien aujourd’hui que la politique du gouvernement fonctionne : nous avons réussi à baisser les déficits publics, tout en abaissant le taux de chômage.

Vous avez revu à la baisse la réduction des fonctionnaires d’Etat : 15.000 en moins et non plus 50.000 d’ici à 2022…
Emmanuel Macron a dit à son gouvernement qu’il préférait revenir sur la consigne donnée durant sa campagne pour ne pas sacrifier l’essentiel au particulier. L’idée n’est pas de faire de la comptabilité mais de transformer le pays, comme nous le faisons avec la réforme de la SNCF, de l’allocation-chômage ou de la fonction publique. Pour cela, il faut d’abord savoir investir. Le Président a aussi entendu la demande des Français d’avoir plus de contacts avec le service public. C’est la raison pour laquelle notre trajectoire de réduction des effectifs est aujourd’hui moins ambitieuse.

Le député antibois Eric Pauget s’inquiète d’un éventuel rabotage des avantages fiscaux des anciens combattants, suite à des préconisations de la Cour des comptes. Qu’en est-il ?
Il ne faut pas faire de la politique politicienne là où il n’y en a pas besoin. Il n’y a pas de rabotage prévu sur la fiscalité des anciens combattants. Je suis moi-même petit-fils d’ancien combattant et le gouvernement a notamment augmenté les crédits pour les harkis ou les veuves de ceux qui ont servi notre pays. Quand on augmente de 1,7 milliard par an les crédits de l’Armée, on s’occupe aussi des anciens.

Avez-vous, enfin, arrêté le dispositif qui compensera la perte du produit de la taxe d’habitation pour les maires ?
Nous proposons que les maires bénéficient de l’intégralité de la taxe foncière. C’est-à-dire de remplacer la taxe d’habitation en donnant de l’argent de l’Etat aux collectivités locales. Dans le même temps, les contribuables vont bénéficier d’une baisse d’impôt très importante. A Nice, par exemple, le gain moyen lié à la suppression de la taxe d’habitation sera de 840 euros. Dans le Meccano que nous envisageons, on donnerait aux départements des points de TVA, pour compenser l’intégralité de la taxe foncière qui irait aux communes.

Peut-on encore réduire le train de vie de la République ?
Sur mille euros de dépense publique, le train de vie des élus et des institutions représente un euro. C’est peu de chose dans le budget de l’Etat. Mais il y a des moments où l’on pourrait être plus sobre et où il faut qu’on le soit. Il y a un devoir d’exemplarité. Quand on est en responsabilité de l’argent des Français, il faut toujours faire attention.

LREM doit-elle soutenir des candidats sortants LR aux municipales, en particulier Christian Estrosi à Nice ?
Les Républicains m’ont exclu et en m’excluant je crois qu’ils ont exclu une grande partie de leurs électeurs. Ceci étant, c’est la commission d’investiture d’En marche qui prendra sa décision pour Nice comme pour toutes les villes de France, et je serai solidaire de cette décision.

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