Face à l’intensification des tensions américano-iraniennes, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont agité dimanche 14 juillet le spectre d’un effondrement de l’accord sur le nucléaire iranien, note The Independent. “Sa poursuite dépend du plein respect par l’Iran de ses obligations”, écrivent dimanche les trois États européens dans un appel commun à la désescalade et à la reprise du dialogue.

La semaine dernière, la crise s’est aggravée après que Téhéran a répliqué aux sanctions américaines en annonçant produire de l’uranium enrichi à un niveau prohibé. Trois jours plus tard, le Royaume-Uni accusait également l’Iran d’avoir tenté de bloquer le passage d’un pétrolier britannique dans le détroit d’Ormuz. Lundi, juste avant une réunion des ministres des Affaires étrangères à Bruxelles, Jeremy Hunt devrait réitérer fermement l’appel européen à la désescalade, affirme The Guardian, qui s’est procuré des éléments de son discours. “Les tensions au Moyen-Orient pourraient constituer une menace existentielle pour l’humanité si l’accord sur le nucléaire iranien n’est pas maintenu”, a-t-il prévu de dire, selon le quotidien britannique.

L’Iran doit “éviter le piège de Trump” qui pourrait mener l’UE à “abandonner l’accord”

“Les sanctions américaines empêchent l’Iran de bénéficier des avantages économiques promis lorsqu’il a accepté de freiner son activité atomique. La frustration de la République islamique est compréhensible”, a estimé dimanche le comité de rédaction du Financial Times. “Mais les dirigeants iraniens ne devraient pas tomber dans le piège de M. Trump et contre-attaquer au point de donner le sentiment aux puissances européennes qu’elles n’ont d’autres choix que d’abandonner l’accord et de s’aligner plus étroitement sur la position américaine”, soulignent les journalistes.

Dimanche soir, le président iranien, Hassan Rohani, s’est dit prêt à négocier avec les États-Unis à condition que ces derniers lèvent les sanctions économiques. Une annonce face à laquelle le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, s’est dit sceptique. Dans un entretien au Washington Post, le chef de la diplomatie américaine a écarté la proposition du président iranien, considérant qu’il s’agissait d’une “offre identique” à celle faite à l’ancien président des États-Unis Barack Obama et à son secrétaire d’État John Kerry.

Au cours du week-end, de nouvelles révélations du Mail on Sunday sont par ailleurs venues renforcer les tensions entre Washington et Londres. Le journal a fait paraître des documents diplomatiques rédigés par l’ancien ambassadeur britannique Kim Darroch, affirmant que Donald Trump était sorti de l’accord sur le nucléaire iranien pour contrarier son prédécesseur Barack Obama, qui en était l’un des artisans. Ce texte fait partie d’une deuxième série de rapports confidentiels ayant fuité et publiés par le journal Mail on Sunday, la première ayant entraîné, mercredi 10 juillet, la démission de Kim Darroch.