Ils confondent déchets et objets: le syndrome de Diogène, le cauchemar des propriétaires

Le syndrome de Diogène, cauchemar des propriétaires

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Par Mélanie Joris

Le syndrome de Diogène, un cauchemar pour les propriétaires. Cette pathologie pousse les personnes qui en souffrent à accumuler tout et n’importe quoi. Leur appartement ressemble à une décharge où il faut se faufiler entre les caisses, les livres, les déchets…

Ce trouble touche généralement des personnes âgées qui ont vécu un traumatisme.

Nous l’appellerons Daniel. Ce propriétaire vient de récupérer son appartement laissé sens dessus dessous. Son locataire est atteint du syndrome de Diogène. "Je ne sais pas comment il pouvait vivre comme ça. Il ne faisait plus la distinction entre déchets et objetsDès qu’il y avait un peu de place libérée, il revenait avec des objets trouvés dans la rue qui lui semblaient utiles", constate-t-il.

Empiler, amasser, ne rien jeter

Dans cet appartement, on n’aperçoit plus le parquet. Les pieds se cognent dans des cintres, des livres, des feuilles déchirées. Dans la cuisine, des bonbonnes de gaz, des marmites, des tasses de café, des déchets. Dans la salle de bains, une toilette bouchée. Le bac de la douche a été démonté. Dans la chambre, des caisses empilées jusqu’au plafond.

Daniel, le propriétaire, s’est rendu compte de l’ampleur du problème lorsque des travaux ont dû être réalisés dans les communs de l’immeuble. Pour accéder aux gaines techniques, les ouvriers devaient entrer dans les appartements. Son locataire a refusé. Jusque-là, Daniel ne se doutait de rien. Il avait juste remarqué que son locataire n’était pas très soigneux. À part cela, l’homme payait son loyer en temps et en heure. "C’est un homme charmant, poli, éduqué, très élégant, avec des chemises propres, repassées", détaille Daniel.

À force d’accumuler des objets trouvés dans la rue, des nuisibles ont fait leur apparition dans l’immeuble. "Il y a eu des rats et des cafards. On a dû faire venir des sociétés spécialisées pour s’en débarrasser", explique Daniel.

L’accumulation: une barrière pour se protéger

La littérature scientifique établit deux types de syndrome de Diogène : l’actif et le passif. Les personnes qui sortent à l’extérieur pour ramener des objets chez elles sont dans la catégorie du syndrome actif. Les personnes qui restent chez elles et qui ne jettent rien sont dans la catégorie du syndrome passif. Dans un cas comme dans l’autre, ces personnes sont dans le déni, il est très difficile de leur faire prendre conscience du problème. Elles refusent également de se faire aider et vivent dans un isolement social.

"Le fait d’accumuler vient combler un vide", explique Gérald Deschietere, psychiatre aux cliniques universitaires Saint-Luc. "C’est une façon de se protéger de l’invasion d’autrui dans leur vie, c’est une sorte de bouclier", conclut le psychiatre.

Archives : Journal télévisé 21/02/2018

En 2018, une mère et ses filles sont expulsées d’un logement social à Liège, en plein hiver. La locataire ne payait pas son loyer et souffrait par ailleurs du syndrôme de Diogène.

Le syndrome de Diogène : une pathologie méconnue

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