Dégradations : les commerçants du secteur des Champs-Elysées vont porter plainte contre l'État

© Radio France - Laêtitia Heuveline

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Les commerçants du quartier des Champs Elysées se regroupent en association pour porter plainte contre l'état pour "non-assistance à commerce en danger". La maire du 8è arrondissement de Paris, Jeanne d'Hauteserre, demande également l'interdiction des manifestations dans le secteur.

Le ras-le-bol intervient après de nouvelles dégradations tôt lundi matin, aux alentours de 3h du matin, après la qualification de l'Algérie à la CAN, la Coupe d'Afrique des Nations. Plusieurs vitrines de l'Avenue de Wagram ont été vandalisées, des poubelles, des scooters et des vélos dégradés. Les commerçants projettent de se regrouper en association pour porter plainte contre l'État pour "non-assistance à commerce en danger". 

Dépités, désabusés ou exaspérés

Les commerçants sont dépités, désabusés ou exaspérés. C'est le cas de Philippe Rousselle, face à la vitrine explosée de son bureau de tabac : "Ils m'ont fracturé mon rideau, ils m'ont cassé mes vitres, ils m'ont certainement bousillé mon moteur électrique… Il va falloir encore avancer l'argent, se faire rembourser par les assurances, c'est le ras-le-bol ! On est écœurés, on travaille 15 heures par jour, on se fait braquer, on se fait bousiller nos vitrines. Monsieur Macron qu'attendez-vous ?? Ça fait une trentaine d'années que c'est le bazar mais là trop c'est trop !!!"

Un ouvrier tente de faire au plus vite pour que le tabac puisse rouvrir. À côté même chose, le verre brisé de la vitrine d'un magasin de vin est éparpillée au sol. Plus loin un scooter tient encore debout, calciné.

Thierry est directeur d'un restaurant haut-de-gamme, il avoue venir travailler "parce qu'il faut bien" mais sans grande conviction. Les portes vitrées de son restaurant ont été, elles aussi, détruites jeudi dernier. Vendredi, pour la finale de la CAN, il prévoit déjà de se barricader. Son chef de partie, Damien, n'est pas rassuré : "Sortir du travail c'est dangereux, si c'est pour se prendre un mortier dans le visage..."

Déjà 20 dépôts de bilan 

Et le malaise est aussi économique. La maire du 8è arrondissement de Paris Jeanne d'Hauteserre compte vingt dépôts de bilan depuis le début des manifestations des gilets jaunes. "Certains n'ont pas les mêmes moyens que les gros groupes, explique-t-elle et malheureusement, ça impacte les salariés puisqu'il y a du chômage."

À cela s'ajoute beaucoup de frais, au moins 150.000€ de travaux sur les Champs-Elysées qui seront à la charge du contribuable. Les feux centraux de l'avenue mythique ont été démolis et n'ont toujours pas été remplacés. Ils coûtent chacun entre 15 et 17.000€.

La maire du 8è arrondissement de Paris, Jeanne d'Hauteserre demande l'interdiction des manifestations dans le secteur des Champs-Elysées.
La maire du 8è arrondissement de Paris, Jeanne d'Hauteserre demande l'interdiction des manifestations dans le secteur des Champs-Elysées. © Radio France - Laëtitia Heuveline