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Le sexting : une pratique à risque chez les ados

Solène Vestris
Publié le 15/07/2019 à 16:17 Modifié le 26/07/2019 à 12:25
Le sexting : une pratique à risque chez les ados

Le sexting, le fait d’envoyer des textos à caractère sexuel, pourrait être à l’origine de troubles psychiques et de comportements à risque chez les adolescents, selon une récente étude canadienne. Explications avec Isabelle Duvernois, psychologue et psychothérapeute.

Faut-il s’inquiéter des textos qu’envoient nos ados ? Selon les chercheurs de Calgary au Canada, l’envoi de sextos est de plus en plus répandu chez les jeunes. Les résultats publiés dans Jama Pediatrics, montrent que le sexting entrainerait l’apparition de troubles psychiques ou de conduites sexuelles à risque. 

Le sexting, une pratique banalisée chez les plus jeunes

Aujourd’hui, environ 85% des adolescents possèdent un smartphone. Selon un sondage réalisé par BVA pour Wiko, pour la plupart d’entre eux, il s’agit d’un moyen pour faciliter les interactions sentimentales. Chez les 15-17 ans, ils sont 18% à avoir déjà reçu ou envoyé des sextos, et 39% des 12-14 ans reconnaissent que les messages ayant une connotation sexuelle constituent une pratique répandue chez les adolescents.   

« Ce type d’échange est complètement lié aux développements technologiques qui ouvrent un champ des possibles aux jeunes, que l’on n’avait pas avant : la pornographie sur internet, les sites et applications de rencontre, l’échange de photos via les réseaux sociaux… » précise Isabelle Duvernois. Quoi de plus facile aujourd’hui qu’envoyer un sexto ? Les échanges numériques amènent une proximité de façade. « La sexualité est plus accessible. Les adolescents ont accès à un contenu qui était autrefois protégé. C’est assez problématique surtout chez une population jeune, pas assez mature pour pouvoir le gérer sereinement, c’est la porte ouverte aux dérives ». 

Les risques liés au sexting

Les risques ? Selon l’étude canadienne, la pratique du sexting engendrerait un nombre croissant de partenaires sexuels, une banalisation des relations sexuelles, une faible utilisation de moyens de contraception et ouvrirait la voie à la consommation de drogues… Pourquoi ? Parce qu’il s’agit inconsciemment d’un mode de relation inapproprié pour leur âge. Les jeunes sont désormais plus susceptibles de mal vivre l’envoi de propos sexualisés, ou même un passage à l’acte précoce.  « Le sexting est, pour l’ado, une manière de préparer un possible rapport sexuel ». L’envoi de sexto va l’amener à être plus téméraire. Une excitation va naître et donnera alors lieu à un rapport sexuel réel et non virtuel.

Autre risque : la conservation des messages échangés et l’utilisation que va en faire le destinataire. « Dans le cas du sexting, les adolescents sont plus facilement susceptibles d’être victimes de ce qu’on appelle la sextorsion : faire du chantage avec les photos de nu reçues et menacer de les diffuser. Envoi d’images dénudées ou propos osés, ce sont des pratiques qui se sont développées et qui sont très fragilisantes pour un adolescent. Ces dérives peuvent avoir des conséquences psychologiques importantes sur les jeunes qui en sont victimes », explique Isabelle Duvernois.

Malheureusement, la plupart des jeunes ne sont pas assez sensibilisés aux risques qu’ils prennent. « Lorsque la sexualité est précoce, il y a une trop faible connaissance des risques encourus : MST, contraceptifs, risques liés à des partenaires multiples… ». 

Comment y faire face en tant que parent ?

Le contrôle parental ne suffit pas. Pour preuve, seulement 31% des lycéens déclarent que leurs parents connaissent leur code de déverrouillage, selon le sondage BVA pour Wiko. Comme le rappelle Isabelle Duvernois, « se contenter d’installer un contrôle parental, ce n’est pas suffisant. Se dire, en tant que parent, qu’avec ça nous sommes tranquilles, ce n’est pas une issue parce que son enfant trouvera toujours une manière de transgresser. On ne peut pas faire la politique de l’autruche là-dessus. Il faut être vigilant concernant les risques liés à la sexualité sur Internet parce que ce sont de vrais risques ». 

La solution : l’éducation sexuelle, mais pas que. L’accompagnement doit être précoce et global car la sexualité en elle-même n’est pas le seul risque. Le développement d’Internet a facilité l’accès à certains contenus quelques fois trop crus pour les plus jeunes internautes. Isabelle Duvernois précise : « Le développement de cette éducation ne doit pas se limiter à la prévention sexuelle, mais aussi englober les problèmes physiques et psychologiques que cela engendre, et l’utilisation des réseaux sociaux dans le cadre de la sexualité ».

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