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L'OMS classe l'éclosion d'Ebola comme une « urgence » sanitaire mondiale

Une agente de santé congolaise administre le vaccin anti-Ebola à un enfant au Centre de santé Himbi à Goma, République démocratique du Congo, le 17 juillet 2019.

L’OMS a déclaré que l'épidémie d'Ebola était une urgence sanitaire mondiale après la découverte d'un cas mortel dans la deuxième ville en importance de la RDC, Goma.

Photo : Reuters / Olivia Acland

Agence France-Presse

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a élevé mercredi l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola au rang d'« urgence » sanitaire mondiale, trois jours après l'apparition d'un premier cas à Goma, grande ville de l'est de la République démocratique du Congo, frontalière du Rwanda.

Cette décision a suscité une réaction tiède du ministre congolais de la santé, le Dr Oly Ilunga, très critique envers le possible rôle des ONG en coulisse pour « lever des fonds ».

Le ministre espère que cette décision n'est pas le résultat des nombreuses pressions de différents groupes [...] qui voulaient utiliser cette déclaration comme une opportunité pour lever des fonds pour les acteurs humanitaires, a-t-il écrit dans un communiqué.

Le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a demandé à la communauté internationale de « redoubler d'efforts » : Nous avons besoin de travailler ensemble avec la RDC pour en finir avec cette épidémie et construire un meilleur système de santé. Les experts de l'OMS réunis à Genève ont exprimé leur déception au sujet des retards dans le financement de l'aide.

Ces déclarations interviennent alors que l'épidémie a déjà tué 1668 personnes dans les zones reculées et conflictuelles du Nord-Kivu en près d'un an depuis le 1er août dernier.

C'est la quatrième fois que l'OMS active sa procédure d'urgence sanitaire internationale depuis 2009 – dont une fois en 2014 pour la grande épidémie d'Ebola qui a tué 11 000 personnes en Afrique de l'Ouest.

Cette procédure signifie que la situation est grave, soudaine, inhabituelle ou inattendue, avec des conséquences sanitaires au-delà des frontières nationales de l'État touché, ce qui peut exiger une action internationale immédiate, selon les critères du Règlement sanitaire international.

Nouvelles craintes

Le cas diagnostiqué à Goma dimanche après-midi a provoqué un nouvel électrochoc chez les « acteurs » de la riposte anti-Ebola, confrontés depuis un an à de nombreux défis (résistance d'une partie de la population, violences armées).

Peuplée d'un à deux millions d'habitants, sise à la frontière avec le Rwanda et voisine de l'Ouganda, Goma est un carrefour dans cette région en crise depuis 25 ans. La ville dispose de liaisons aériennes avec l'Ouganda, l'Éthiopie et Kinshasa.

Le patient de Goma est décédé depuis, mais se pose désormais la question du nombre de contacts qu'il a pu avoir à partir du moment où il a développé les premiers symptômes. La plupart ont été vaccinés, assurent les autorités sanitaires.

Le risque de dissémination d'Ebola dans la région reste élevé, mais il reste faible en dehors, a ajouté le Dr Tedros.

L'OMS a pris le soin de préciser qu'elle ne souhaitait pas fermer les frontières et les routes dans cette région où les échanges et le commerce sont vitaux : Il est essentiel d'éviter les conséquences économiques punitives avec des restrictions sur les voyages et le commerce pour les communautés affectées.

L'urgence sanitaire avait été envisagée en juin quand l'épidémie avait débordé sur l'Ouganda voisin, avec le décès de deux patients.

Mercredi soir, les autorités ougandaises recherchaient des personnes qui ont été en contact avec un nouveau cas confirmé d'Ebola originaire de la RDC.

Décédé depuis lundi dernier dans un centre spécialisé à Beni, ce malade avait manifesté des symptômes d'Ebola depuis son séjour à Kasese, district de l'Ouganda frontalier avec la RDC, précise un communiqué des autorités ougandaises et de l'OMS.

Le virus se transmet à l'être humain par contact soit avec des animaux infectés (en général en les dépeçant, en les cuisant ou en les mangeant), soit avec des fluides biologiques de personnes infectées.

Transparence réclamée

Le ministre congolais de la Santé, le Dr Oly Ilunga, a froidement déclaré qu'il « accepte » la décision des experts de l'OMS.

Nous espérons qu'il y aura une plus grande transparence et redevabilité des acteurs humanitaires par rapport à leur utilisation des fonds pour répondre à cette épidémie d'Ebola, insiste-t-il.

Nous devons changer de méthode dans la riposte anti-Ebola, a réagi de son côté Médecins sans frontière (MSF) après l'annonce de l'OMS.

Dans un contexte où la recherche des contacts n'est pas totalement efficace et où toutes les personnes affectées ne sont pas atteintes, une approche de plus grande envergure est indispensable pour la prévention de l'épidémie, ajoute MSF.

MSF avait annoncé le retrait de ses équipes au début de mars de Beni et Butembo, les principaux foyers de l'épidémie, après des attaques armées contre des centres de traitement d'Ebola (CTE).

Le comité d'urgence de l'OMS a aussi reconnu qu'il y avait une pénurie de vaccins. Il a recommandé à l'OMS de demander un effort aux États et aux laboratoires.

C'est la grande différence avec les précédentes épidémies : 163 533 personnes ont été vaccinées, selon le ministère de la Santé, qui précise que le seul vaccin à être utilisé dans cette épidémie est le vaccin rVSV-ZEBOV, fabriqué par le groupe pharmaceutique Merck.

L'épidémie actuelle est la dixième depuis 1976 en RDC et la deuxième parmi les plus graves épidémies d'Ebola, après celle qui a frappé l'Afrique de l'Ouest en 2014-2016.

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