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Le coût écologique faramineux du streaming vidéo

Selon un rapport de « The Shift Project », les vidéos en ligne représenteraient près de 1% des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale. Un chiffre trop peu pris en compte d'après les membres de ce groupe de réflexion français, qui en appellent à la « sobriété numérique ».

Les vidéos en ligne engendrent 20 % du total des émissions de gaz à effet de serre dues au numérique, et près de 1 % des émissions mondiales.
Les vidéos en ligne engendrent 20 % du total des émissions de gaz à effet de serre dues au numérique, et près de 1 % des émissions mondiales. (shutterstock)
Publié le 16 juil. 2019 à 17:55Mis à jour le 18 juil. 2019 à 15:53

Après le « flygskam », ou la honte de prendre l'avion, faudra-t-il aussi avoir honte de rester allonger sur son canapé à regarder des vidéos sur Internet ? C'est ce que laisse penser le nouveau rapport du groupe de réflexion français « The Shift Project » : « Climat : l'insoutenable usage de la vidéo en ligne », publié la semaine dernière.

L'an dernier, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) alertait déjà sur le fait que la pollution numérique risquait de dépasser celle l'avion. D'après les estimations de « The Shift Project », avec une part de 4% des émissions de gaz à effet de serre en 2019, c'est bien le cas aujourd'hui.

Le principal coupable : le streaming vidéo, à l'origine du cinquième de ces émissions, avec notamment les vidéos à la demande de films et de séries (31 %), les contenus pornographiques (27 %), les vidéos de type Youtube (21 %) et celles que l'on trouve sur les réseaux sociaux (18 %). Ajoutées à d'autres usages de la vidéo plus particuliers, comme Skype, elles représentent 80 % du trafic de données en ligne selon le rapport, confirmant les chiffres de l'Ademe.

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Un coût écologique négligé

« On commence à prendre conscience que le numérique consomme de l'énergie, mais on a du mal à comprendre comment et à quel point », explique aux « Echos », Maxime Efoui-Hess, l'auteur du rapport. « C'est plus difficile de prendre en compte la matérialité d'un outil qu'on considère comme magique », ajoute-t-il.

Les vidéos sont en effet très lourdes en données ; 10 heures de vidéos haute définition contiennent plus de données que tous les articles de Wikipedia en anglais au format texte, rappelle le rapport. Et pour les transférer entre nos différents terminaux, beaucoup de ressources énergétiques sont consommées.

Une « sobriété numérique » est-elle possible ?

Qui sont alors les coupables d'une telle pollution ? Sont pointés du doigt dans le rapport les « designs addictifs » : toutes ces petites vidéos qui se déclenchent automatiquement à la lecture, ou qui suivent l'utilisateur même lorsque celui fait défiler sa souris. Côté internaute, le rapport préconise de limiter sa consommation à une heure de streaming vidéo par jour, en regardant des contenus de basse définition. Cela peut s'ajouter aux suggestions de l'Ademe : toujours préférer le téléchargement au streaming.

Mais pour atteindre la « sobriété numérique » préconisée par les membres de « The Shift Project », cela n'est pas suffisant. Il faudrait également agir au niveau de la réglementation, en choisissant une priorité pour les contenus. Les contraintes sur les ressources se traduisant en contraintes sur les volumes de données et donc sur les usages : « ne pas choisir, c'est potentiellement laisser la surconsommation de pornographie restreindre mécaniquement le débit disponible pour la télémédecine. »

N'est-ce pas alors un danger pour le principe de neutralité du net, qui stipule l'égalité de traitement de tous les flux de données sur le web ? Pas selon Maxime Efoui-Hess qui préfère évoquer la nécessité « ne pas porter atteinte aux capacités du système numérique », dans un contexte de ressources limitées. « La question est ouverte ».

Youssr Youssef

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