Gilets jaunes: une facture à plusieurs milliards pour l’économie française
Après le Sénat, c’est au tour de l’Assemblée nationale de rendre un rapport ce mercredi sur le coût des Gilets jaunes. Selon les rapporteurs de la commission, la facture s’élèverait à plusieurs milliards d’euros. Ils plaident pour des aides importantes mais ciblées pour éviter le saupoudrage.
Missionnée en mai pour évaluer la facture économique et budgétaire d’un conflit social « instrumentalisé par des bandes ultra-violentes », selon les mots de son président Damien Abad, député LR de l’Ain, la commission parlementaire sur le coût des Gilets jaunes a rendu un rapport inquiétant pour le monde du commerce. Alors que le mouvement tend à s’essouffler, ses effets pourraient marquer durablement les commerçants et artisans des centres-villes touchés par les heurts.
Au travers des auditions et des déplacements à Toulouse et Bordeaux, la commission s’est dite frappée par « la détresse individuelle de certains commerçants et artisans. Ce qui est perdu, le chiffre d’affaires de décembre et janvier notamment, n’est pas rattrapable », souligne Damien Abad. Cette perte, s’inquiète la commission, pourrait être durable si les clients étaient amenés, du fait des manifestations le samedi, à changer leurs habitudes de consommation.
« Il y aura des défaillances, un effet de réplique. »
« Ce sont pour les petites entreprises que les répercussions ont été les plus fortes », note le rapport. « Il y aura des défaillances, un effet de réplique », prévient Roland Lescure, rapporteur LREM. Il note à ce titre des signes peu rassurants : « Quinze mille demandes de chômage partiel, beaucoup de contrats courts non renouvelés, des embauches repoussées... auxquels il faut ajouter des soldes désastreux. »
La commission a chiffré les coûts à 0,1 point de PIB au premier trimestre, soit 550 millions d’euros, la « face émergée de l’iceberg ». Car à cela s’ajoutent 217 millions de primes d’assurance versés et des pertes de l’ordre de 2 milliards d’euros dans les centres commerciaux. L’hôtellerie aurait perdu 850 millions, selon l’Union des industries de proximité.
« Les collectivités locales ont payé au prix fort les violences, poursuit Jean-René Cazeneuve, corapporteur LREM : 12,6 M€ sur la ville de Paris, 7,6 pour Toulouse et la métropole. » Au total, la facture pour les collectivités s’élèverait à 30 M€, quand elle atteint un peu plus de 46 M€ pour l’État au titre de la mobilisation des forces de l’ordre et 71 M€ pour la réparation des radars vandalisés.
Moins critique que le Sénat sur les réponses de l’État, la commission estime nécessaire de prolonger les mesures exceptionnelles pour les entreprises les plus affectées, simplifier l’accès aux mesures d’aide et poursuivre l’effort de revitalisation des centres-villes les plus touchés. Elle invite le gouvernement à mener une action auprès des assureurs pour éviter l’augmentation des primes et à prendre en compte les coûts budgétaires exceptionnels pour certaines communes.