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Donald Trump prêt à déclencher « le feu et la fureur » sur le marché des changes

Le risque grandit d'une intervention sur le marché pour vendre des dollars. Le secrétaire au Trésor américain n'a pas exclu un changement de cap qui romprait avec le non-interventionnisme. Une baisse trop forte de l'euro contre le dollar pourrait enclencher des représailles américaines.

Le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin ouvre la porte à un changement de la politique de changes des Etats-Unis
Le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin ouvre la porte à un changement de la politique de changes des Etats-Unis (Oliver Contreras/Sipa USA/SIPA)

Par Nessim Aït-Kacimi

Publié le 19 juil. 2019 à 16:44Mis à jour le 19 juil. 2019 à 17:15

En marge de la réunion du G7, Steven Mnuchin, le secrétaire au Trésor américain, a laissé entendre aux marchés que le risque d'une entrée des Etats-Unis dans « la guerre des changes » (course à l'affaiblissement des monnaies) ne devait plus être sous-estimé. « Il n'y a pas de changement de la politique de changes des Etats-Unis pour le moment. C'est quelque chose que nous pourrions envisager à l'avenir ». Cette dernière précision a renforcé les suspicions des marchés sur une possible intervention sur le marché des changes pour faire baisser le dollar.

Selon Bloomberg, le secrétaire au Trésor ne serait pas partisan de cette solution radicale, qui romprait avec 25 ans de non-interventionnisme. Le président Donald Trump semble d'un avis contraire, au regard de ses nombreuses déclarations sur les agressions monétaires de ses partenaires économiques, qui affaibliraient leurs monnaies pour gagner en compétitivité au détriment des Etats-Unis.

« Le dollar est surévalué, de 10 % par rapport à sa valeur fondamentale, mais ce n'est pas le résultat d'une conspiration mondiale qui unirait Mario Draghi et Xi Jinping dans le but d'étouffer l'économie américaine », explique Bruno Cavalier, chef économiste de Oddo BHF. La surévaluation du taux de change réel du dollar, de 6 % à 12 % selon le Fonds monétaire international, provient notamment de l'écart de croissance des Etats-Unis avec le reste du monde. La lenteur de la Réserve Fédérale (Fed) à baisser ses taux favorise la vigueur du billet vert.

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« Si vis pacem para bellum »

Les marchés d'options commencent à intégrer un risque d'intervention des autorités américaines sur l'euro-dollar qui ferait grimper la devise européenne vers 1,20 dollar. « Ce scénario est possible et l'administration Trump pourrait saisir le prétexte de nouvelles mesures d'assouplissement de la part de Banque centrale européenne, qui feraient baisser l'euro par rapport au billet vert, pour intervenir et vendre des dollars » soulignent les économistes de Citi. Si la Réserve Fédérale (Fed) refuse de coopérer et d'intervenir pour le compte du Trésor, ce dernier emprunterait des dollars qu'il céderait ensuite et sans que cet emprunt soit comptabilisé dans le budget.

Effets ricochets

« La première intervention aurait le plus d'impact et ferait chuter globalement le dollar de près de 2 %. Si les marchés le voient comme un acte isolé et limité, l'effet s'atténuera rapidement. C'est entre 200 et 400 milliards de dollars que les Etats-Unis devraient mobiliser pour affaiblir durablement et significativement de dollar, et en intervenant sur l'euro-dollar et dollar-yen, ce qui produira des effets par ricochets sur les autres paires de monnaies » estime Steven Englander, responsable de la stratégie sur les grandes monnaies chez Standard Chartered.

Chaque jour, il se traite autour de 100 milliards de dollars sur les transactions au comptant sur l'euro-dollar à New York et près du double à Londres, les deux principales places sur les monnaies. Les réserves de change des Etats-Unis ont de 127 milliards de dollars et les actifs du fonds de stabilisation des changes, l'Exchange Stabilization Fund (ESF) de 95 milliards de dollars. Pour augmenter sa force de frappe sur le marché et intimider les spéculateurs, les Etats-Unis pourraient accroître les capitaux de l'ESF.

Tempête et « flash-crash »

L'entrée des Etats-Unis dans une « guerre des changes » frontale et non plus seulement verbale risquerait de provoquer une tempête diplomatique et monétaire. Donald Trump répondrait qu'il n'a fait que réagir aux agressions répétées de ses partenaires économiques. Cette intervention relancerait la guerre commerciale en donnant une dimension mondiale à ce conflit. Une intervention pourrait provoquer un flash-crash du dollar contre l'euro, une chute très rapide (1 à 3 minutes) et violente (4 % à 5 %), et un regain de volatilité généralisé. D'autres banques centrales pourraient alors intervenir. Le franc suisse, devise refuge, pourrait fortement rebondir conduisant la Banque nationale suisse à vendre sa monnaie.

Nessim Aït-Kacimi

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