Aux Vieilles Charrues, j’ai fait mon premier pipi debout
Pour la première fois, le festival des Vieilles Charrues teste les urinoirs pour femmes. Une association angevine distille les bons conseils et vend des pisse-debout pour répondre aux interrogations et assurer une expérience réussie. Une de nos journalistes a fait le crash test.
Marre de l’attente interminable devant les toilettes des femmes ? Un peu oui, surtout quand on est en retard pour son concert préféré aux Vieilles Charrues.
Le collectif angevin « Fête le debout » propose pour la première fois des urinoirs secs et dédiés sur le site du festival. Un peu cachés derrière le Klub, il faut être plutôt motivé pour les trouver. On ne tombe pas dessus par hasard.
Deux pisse-debout, deux ambiances
Poussée avant tout par la curiosité de l’expérience, je fonds vers le stand d’accueil de l’association. Des pisse-debout de couleurs vives et des sacoches attirent le regard.
« Salut, ça va ? », lance une des adhérentes, armées de deux ustensiles différents dans chaque main. « Ça, c’est le P-Style, il est en PVC. On le conseille pour les débutantes. Comme il est rigide, c’est plus facile et surtout, tu n’as pas besoin de baisser ton pantalon. »
L’autre pisse-debout répond au doux nom de Go-Girl et est en silicone. « Il est mou et il faut baisser plus le pantalon pour bien l’installer. » Devant ce choix cornélien et ma non-maîtrise du sujet, j’opte pour le joli morceau de PVC bleu canard, assorti d’une pochette de rangement à pois.
Délestée de dix euros, j’apprends au passage que je peux le réutiliser à l’infini, mais surtout, « pour l’entretenir, tu n’as besoin que de le passer sous l’eau et de le ranger ». Y’a plus qu’à !
Uriner debout, tout un art
Mais avant, j’ai besoin d’un brief. « Tu déboutonnes ton jean, sans le baisser. Tu pousses ta culotte sur le côté et tu le cales bien entre tes cuisses. Le bout doit toucher ton anus. »
Je me dirige vers les urinoirs, qui ressemblent en tout point à ceux d’hommes. Seule différence, un rideau couvre l’entrée, pour protéger des regards indiscrets, notamment masculins.
Je suis seule, et ce n’est pas plus mal, pour ma première. Je suis à la lettre les consignes et essaye de ne pas trop réfléchir à ce que je suis en train de faire. Je commence, mais j’ai l’impression de tout rater. Dans la panique ou par manque d’habitude, je m’arrête.
Par chance, j’avais tout bien positionné. Mais la station debout me donne l’impression de littéralement me faire dessus. Pas très agréable.
Médaille de bronze… du pipi
Je mets un peu de temps à boucler mon affaire. Finalement, l’expérience se révèle… soulageante. Un petit passage par le lavabo pour rincer mon nouvel accessoire, avant que l’on m’interpelle de nouveau à l’accueil. « Alors ? Ça s’est bien passé ? On va vous remettre votre médaille de bronze », dit-on tout en m’épinglant un badge arborant un sublime « Yes I peace ».
Subtil. J’aime l’idée de la récompense pour chaque passage. Au bout du troisième, je devrais récupérer une médaille d’or de la meilleure pisseuse.
Un concept qui se démocratise tout doucement
En plus de réduire les files d’attente et d’assurer la propreté des lieux, le pisse-debout permet aussi aux femmes de pouvoir uriner aux mêmes endroits que les hommes, sans différenciation et sans se dénuder. Il aura fallu attendre 2011 pour que le concept, venant des USA, soit inventé. Il était temps !
Le stand de Fête le debout se trouve aux toilettes situé derrière le Klub. Le pisse-debout en silicone coûte 10 €, celui en PVC, 8 €. Ne pas oublier les espèces ou sa carte bancaire pour payer.