Pourquoi continuons-nous à manger même une fois rassasiés ? Des scientifiques ont identifié une zone du cerveau impliquée dans cette envie de reprendre une quatrième part de pizza ou de finir le paquet de chips.

Vous continuez de manger alors que vous n’avez plus faim ? Vous pouvez blâmer des cellules de votre cerveau. Une vingtaine de scientifiques, spécialisés dans la psychologie, les neurosciences ou la nutrition, ont expliqué quel rôle joue le système nerveux dans ce phénomène. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Neuron le 24 avril 2019.

« L’alimentation est un comportement complexe », entament les chercheurs. D’après eux, le comportement de « binge eating » (par analogie avec le « binge watching »), qui incite à consommer de la « nourriture savoureuse et caloriquement dense » sans avoir faim, s’explique par le fonctionnement de notre amygdale, un noyau pair situé dans notre cerveau. En 2017, une autre étude l’avait déjà souligné. Les scientifiques ont voulu en savoir davantage sur les cellules concernées par ce mécanisme.

Notre cerveau explique ce comportement alimentaire. // Source : Pexels (photo recadrée)

Notre cerveau explique ce comportement alimentaire.

Source : Pexels (photo recadrée)

Au centre de l’amygdale du cerveau, les scientifiques ont identifié un groupe de cellules « qui sont activées par la consommation d’aliments au goût agréable ». Si l’activité de ces cellules est entravée, ou qu’elles sont tout simplement retirées du cerveau, la consommation de ce type de nourriture tend à se réduire. Ce réseau de cellules est impliqué dans la valorisation des aliments dont nous apprécions les saveurs (et qui sont riches en calories).

Une alimentation hédoniste

Le fonctionnement du cerveau montre que nous cherchons à consommer cette nourriture de façon « hédoniste » : cela n’est pas une nécessité sur le plan biologique, mais cette activité nous procure du plaisir. Par opposition, s’alimenter lorsque l’on a faim est qualifié d’ « homéostatique » : l’organisme cherche à maintenir ses différentes constantes (comme la température, le débit sanguin, la tension artérielle) et nous incite à manger dans ce but.

Une reproduction d'un cerveau. // Source : Flickr/CC/Anton Lindström

Une reproduction d'un cerveau.

Source : Flickr/CC/Anton Lindström

Pour faire cette découverte, les chercheurs ont mené des expériences sur des souris génétiquement modifiées pour produire une molécule fluorescente. Cela leur a permis d’identifier la zone de l’amygdale impliquée lorsque les souris mangeaient une nourriture savoureuse et calorique. Ils ont ensuite retiré cette zone de leur cerveau : les souris ont montré moins d’intérêt pour ces aliments.

Obtenir une récompense

« L’alimentation hédoniste, c’est lorsque vous avez déjà dîné, que vous êtes assis sur votre canapé et que vous voulez juste vous nourrir pour obtenir une récompense, et que vous attrapez ce pot de Ben & Jerry’s », explique Andrew Hardaway, neuroscientifique et professeur adjoint à l’université de Caroline du Nord à Chapel Hill, co-auteur de l’étude.

Sur Twitter, le chercheur précise que l’ablation des cellules impliquées dans ce processus ne change rien à l’alimentation homéostatique. Les cellules de l’amygdale impliquées dans la consommation de nourriture savoureuse fonctionnent indépendamment des zones du cerveau qui gèrent notre état de faim ou de satiété (lorsque nous sommes rassasiés).

Les études sur notre manière de manger ne manquent pas : d’autres spécialistes ont estimé que le sevrage des sodas, snacks, pizzas et sucreries peut momentanément s’apparenter, sur le plan psychologique, au fait d’arrêter une drogue.


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