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Cerveau et psy

Biais cognitifs : comment notre cerveau nous manipule-t-il ?

Dans un milieu sauvage, les biais cognitifs améliorent nos capacités d’analyse et de réaction. Mais dans notre monde moderne, ils sont des reliques inconscientes nous poussant à prendre des décisions irrationnelles… Petit tour d’horizon de la façon dont notre cerveau se joue de nous.

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La puissance du cerveau et de l'esprit

Le concept de "biais cognitif" est né dans les années 1970, grâce aux recherches en psychologie de Daniel Kahneman et Amos Tversky.

©Pixabay

Un biais cognitif est un réflexe de pensée faussement logique, inconscient, et systématique. Ancrés au fin fond de notre cerveau, les biais cognitifs tordent la réalité en l’analysant avec des raisonnements irrationnels et illogiques. A l’origine, leur fonction est de permettre à notre cerveau d’économiser du temps et de l’énergie en développant des raccourcis mentaux. Mais dans la complexité de notre monde moderne, cette flemmardise cérébrale s’est retournée contre nous. Sournoisement, ils nous poussent à prendre des décisions insensées !

Ce qui est fait est fait… mais pas pour notre cerveau !

Le concept de "biais cognitif" est né dans les années 1970, grâce aux recherches en psychologie de Daniel Kahneman et Amos Tversky. Ces derniers voulaient comprendre les décisions irrationnelles prises dans le secteur économique… Pourquoi des investisseurs continuent-ils de financer un projet alors qu’ils savent qu’il est voué à l’échec ? Le coupable est le le biais dit "des coûts irrécupérables". Ces frais déjà payés, qu’on ne pourra jamais récupérer.

En effet, si l’on doit décider de continuer à financer un projet ou non, les coûts déjà engendrés ne devraient pas rentrer en compte. Il faut regarder ce que l’on peut y gagner par rapport à ce que l’on peut y perdre. Et pas ce que l’on a déjà perdu ! Si ce projet court à sa ruine, autant ne pas y laisser plus d’argent, n’est-ce pas ? Mais dans la pratique, le cerveau humain ne veut pas "gâcher" les ressources investies, et nous pousse à aller au bout de cet investissement. Dans la vie quotidienne, le biais des coûts irrécupérables nous incite à nous rendre à ce week-end au soleil déjà payé, alors que la météo est effroyable et que l’on va passer un mauvais moment… Mais il ne faudrait pas avoir dépensé cet argent pour rien !

Des biais cognitifs qui résolvent des problèmes

Les biais cognitifs permettent de résoudre quatre problèmes, que nous pourrions formuler ainsi :

  • Nous sommes exposés à un trop plein d’informations
  • Nous devons mémoriser les parties les plus utiles des informations données
  • Le temps nous contraint
  • Le monde manque de sens

Pour cela, ces réflexes cérébraux faussent trois situations : notre analyse du monde, des autres, et de nous-mêmes. Un peu tout en somme ! Par exemple, la plupart d’entre nous avons déjà subi une corrélation illusoire. Ce biais cognitif consiste à percevoir une corrélation entre deux événements, alors qu’elle n’existe pas ou est très faible. Sur le graphique ci-dessous, on observe une corrélation entre le taux de divorce dans le Maine (état des Etats-Unis) et la consommation de margarine par Américain.

Crédit : tylervigen.com / Creative Commons

S’il est ici évident que ces événements ne sont pas liés, les corrélations illusoires sont souvent bien plus subtiles. Elles nous bernent d’autant plus lorsque les événements concernés ne sont pas dans notre domaine d’expertise. C’est le cas de l’effet placebo. C’est également à cause de la corrélation illusoire que l’on assimile une caractéristique à une personne, sous-prétexte qu’elle fait partie d’un genre ou d'une communauté : "les hommes ne pleurent pas", par exemple. Ainsi, en nous empêchant de voir la réalité sans œillères, notre cerveau se facilite la tâche, mais nous fait évoluer dans un monde d’illusions. Il existe même le biais de "croyance en un monde juste", qui nous laisse penser que l'on obtient ce forcément ce qu'on mérite... ou que l'on mérite ce qu'on obtient.

Par Eleonore Solé

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