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Ce que le piratage des services de renseignement russes révèle de leurs projets secrets

7,5 téraoctets de données sensibles ont été piratés. REUTERS/Dado Ruvic

Le piratage du FSB, révélé le 13 juillet, a mis au jour certains projets secrets sur lesquels travaillent les services secrets russes. Toutes les données récupérées ont été transférées à des médias locaux.

La cybercriminalité est un phénomène craint par tous les pays, et la Russie ne fait pas figure d’exception. Le 13 juillet, 7,5 téraoctets - l’équivalent de la capacité de stockage de 120 iPhone environ - d’informations ont été dérobés à SyTech, un des prestataires du FSB qui gère les projets développés en interne par l’agence. «C’est la plus grande fuite de données de l’histoire des services secrets russes» selon la BBC qui a révélé l’affaire. L’attaque a été revendiquée par un groupe de hackeurs connu sous le nom de «0v1ru$». Jouant la dérision jusqu’au bout, les pirates ont remplacé la page d’accueil du site par un émoticone grand format représentant une «yabo face», figure connue et souvent utilisée par les trolls sur le web en Russie.

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Les informations sensibles récupérées ont ensuite été transférées à un autre groupe de hackeurs nommé «Digital Revolution» qui avait déjà piraté le FSB l’année dernière. Lesquels ont partagé avec plus de détails les informations récoltées sur leur compte Twitter. On apprend donc que le FSB travaille avec l’entreprise SyTech depuis 2009 sur plusieurs projets. L’un d’entre eux, nommé Nautilus a pour objectif de «scrapper», c’est-à-dire de récupérer en grande quantité et de façon automatique des données sociales liées à des individus inscrits sur les réseaux sociaux. Les autorités russes s’intéressaient notamment aux plateformes LinkedIn et Facebook.

Fragilité des institutions

Un autre projet, Nautilus-S, avait pour but de traquer les utilisateurs du réseau décentralisé TOR, qui permet aux internautes d’anonymiser l’origine de leurs connexions et de surfer sur le Web sans laisser de trace. Les autorités russes luttent depuis plusieurs années contre ce réseau et ont déjà tenté par le passé d’en démanteler la structure pour empêcher toute communication anonyme ou au contraire pour y avoir accès et pouvoir y piocher des informations.

Dernier projet marquant révélé par les hackeurs: la création d’un réseau intranet indépendant du World Wide Web sur lequel des informations sensibles liées à des entreprises, institutions, personnalités politiques seraient stockées et protégées d’intrusions étrangères. Le président du pays, Vladimir Poutine a déjà fait savoir qu’il souhaitait mettre en place ce type d’infrastructure. Il avait signé en mai dernier des textes législatifs préparatoires dédiés au fonctionnement stable et durable d’un «internet russe souverain» baptisé RuNet.

Même si ce piratage ne vient que confirmer des informations déjà en partie connues du grand public, il met à jour la vulnérabilité d’une institution comme le FSB, héritier direct du célèbre KGB, et sous commandement direct de la présidence russe. Il est aujourd’hui le principal organisme de sécurité du pays. Ses domaines d’action s’étendent au-delà du simple renseignement national. Le FSB a également sous sa responsabilité la surveillance électronique des communications à l’intérieur du territoire.


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Ce que le piratage des services de renseignement russes révèle de leurs projets secrets

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111 commentaires
  • Jacky REAULT

    le

    Cet article ne fait qu ouvrir des portes ouvertes. La vraie question, la plus universellement inquiétante est cette puissance Privée des pirates. Une modalité de plus de dépeçage de la souveraineté, donc des Etats alias le présuppoé de la démocratie même.

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