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La Suède annule ses défilés pour dénoncer les méfaits de la fast fashion

La fast-fashion, une consommation effrénée de vêtements. Produire toujours plus vite et moins cher. Cela a un coût.
La fast-fashion, une consommation effrénée de vêtements. Produire toujours plus vite et moins cher. Cela a un coût. / 19h30 / 2 min. / le 22 juillet 2019
C'est un message fort, la Suède, patrie d'H&M, a annulé sa fashion week prévue en août. L'organisateur veut dénoncer l'emballement d'un système qui consiste à produire des vêtements toujours plus vite, pour des prix toujours plus bas.

Des collections qui se renouvellent en permanence et des prix très bas, c'est le concept de la fast fashion. Dès qu'un modèle est repéré sur les podiums ou les réseaux sociaux, il est copié et mis en rayon dans un délai de trois semaines. Le leader de cette mode à bas coût est le groupe Inditex, propriétaire de Zara, avec un chiffre d'affaires 2018 de 26,5 milliards d'euros, devant H&M. Le chiffre d'affaires des deux groupes a plus que doublé en dix ans.

Le chiffre d'affaires d'Inditex et H&M a plus que doublé en dix ans.
Le chiffre d'affaires d'Inditex et H&M a plus que doublé en dix ans.

"Aujourd'hui, chaque personne achète 60% de vêtements de plus qu'il y a 15 ans et le porte deux fois moins longtemps", explique Katia Vladimirova, chercheuse à l'université de Genève. "On met nos habits une ou deux fois, puis on les jette. C'est un nouveau mode de consommation: la mode à jeter."

50 fois le volume de l'Empire State Building

Selon la chercheuse, rien qu'aux Etats-Unis, le volume de vêtements jetés chaque année équivaut à cinquante fois l'Empire State Building. Or, la production massive de vêtements, leur transport et leur élimination sont extrêmement polluants. Le textile est aujourd'hui responsable de 2% des émissions de gaz à effet de serre, soit plus que les vols internationaux et le trafic maritime réunis selon Greenpeace. Mais si la tendance actuelle se poursuit, il sera responsable de 26% des émissions en 2050.

La fast fashion peut-elle continuer à produire toujours plus? H&M n'a pas voulu répondre à nos questions. Mais l'an passé, le groupe a vu son bénéfice plombé par ses stocks d'invendus. En outre, des mouvements citoyens s'élèvent face à cette frénésie d'achats: le minimalisme - qui vise à moins posséder -, le zéro déchets et le slow fashion. Tous ont pour but de consommer de manière plus responsable.

80% de vêtements issus du commerce équitable

Trentenaire genevois actif dans le domaine des économies d'énergie, Wladyslaw Senn mange local, ne prend plus l'avion et s'habille avec des vêtements bio et issus du commerce équitable. Cela depuis sept ans. "Plus de 80% de ma garde-robe est bio et issue du commerce équitable", explique-t-il. "Le reste est constitué soit d'habits que je n'arrive pas à trouver dans la mode éthique et dont j'ai besoin par exemple pour mon travail, soit d'habits que je possédais déjà avant de changer ma manière de consommer. Tant qu'ils restent en bon état, je continue de les utiliser."

Wladislaw Senn s'habille dans des magasins dédiés; à Genève, il nous a donné rendez-vous dans la boutique Ayni. Des sites comme le français SloWeAre ou le suisse Fair'act recensent les boutiques et les marques spécialisées et aident le consommateur à s'orienter dans la jungle des labels.

"Il fut un temps où s'habiller avec des vêtements équitables était plus laborieux en termes de temps et de recherche et où les prix étaient plus élevés, mais ce n'est plus vraiment le cas", poursuit Wladislaw Senn. D'autant moins que le mot d'ordre de la slow fashion est de consommer mieux, mais aussi de consommer moins.

Julie Conti

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