L'opposant russe Navalny renvoyé en prison en pleine grogne électorale

Alexeï Navalny a été condamné à 30 jours de détention, la peine maximale pour « infraction répétée aux règles d'organisation des manifestations ».

Source AFP

L'opposant russe Alexeï Navalny.

L'opposant russe Alexeï Navalny.

© Evgenya Novozhenina / Sputnik

Temps de lecture : 4 min

L'opposant russe Alexeï Navalny a été condamné à trente jours de prison mercredi 24 juillet pour des appels à manifester, en pleine montée de la contestation due au rejet des candidatures de l'opposition aux élections locales de septembre. Un rassemblement d'une ampleur inédite depuis plusieurs années a eu lieu dimanche et l'opposition, Alexeï Navalny en tête, a appelé à manifester de nouveau devant la mairie de Moscou samedi, faisant monter la tension à l'approche de ces scrutins qui s'annoncent difficiles pour les candidats soutenant le Kremlin.

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Cette protestation, non autorisée, se déroulera sans ce militant anticorruption de 43 ans, appréhendé mercredi matin au moment où il sortait faire un jogging et acheter des fleurs pour l'anniversaire de sa femme. « Les gens ont raison quand ils disent que le sport n'est pas toujours bon pour la santé », a ironisé Alexeï Navalny, en tee-shirt orange fluo et short, dans une vidéo diffusée du commissariat sur son compte Instagram.

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Il a été condamné dans la soirée à trente jours de détention, la peine maximale, par un tribunal de Moscou pour « infraction répétée aux règles d'organisation des manifestations », qui obligent à obtenir l'aval des autorités avant l'organisation de toute action de ce type. « Trente jours de détention. Voilà ce que je veux dire : sortez dans la rue samedi. (...) Tant que nous n'avons pas le droit de vote, nous sommes tous de toute façon en détention », a réagi Alexeï Navalny sur Twitter. « J'espère seulement que l'arrestation grossière de Navalny va mobiliser les citoyens », a pour sa part lancé l'opposant Ilia Iachine après l'interpellation de son allié, assurant qu'elle n'aurait « aucune influence » sur les plans de l'opposition. « Ils sont tout simplement morts de peur avant le 27 juillet et ils essayent par tous les moyens de faire peur », a estimé sur Twitter Leonid Volkov, le bras droit d'Alexeï Navalny.

Un autre collaborateur d'Alexeï Navalny, Oleg Stepanov, a également été interpellé mercredi et condamné à huit jours de détention. Ne pouvant être lui-même candidat car déclaré inéligible pour des condamnations qu'il dénonce comme politiques, Alexeï Navalny a organisé ces dernières années les plus importantes manifestations contre le président Vladimir Poutine, ce qui lui a régulièrement valu des condamnations à de courtes peines. Dernier exemple en date, le militant a passé début juillet dix jours en détention pour avoir participé à une marche de soutien au journaliste d'investigation Ivan Golounov, accusé de trafic de drogue puis disculpé après une mobilisation sans précédent.

Manifestation samedi

Exceptionnellement élevée après l'annexion de la Crimée, la popularité du président russe a chuté depuis sa réélection pour un quatrième mandat, l'année dernière, et les scrutins de début septembre s'annoncent difficiles pour les candidats partisans du pouvoir. L'exclusion des candidats de l'opposition à l'élection du Parlement de la capitale russe a soulevé une vague de contestation marquée dimanche dernier par une manifestation à laquelle ont pris part 22 000 personnes, du jamais-vu, selon l'opposition, depuis les mouvements de protestation de 2012 et 2011 contre le retour à la présidence de Vladimir Poutine.

Plusieurs rassemblements pacifiques, dont un sit-in dispersé par la police, avaient également eu lieu mi-juillet devant le siège de la commission électorale moscovite. En réaction, le comité d'enquête russe a annoncé mercredi avoir ouvert une enquête, qualifiant ces réunions de « pressions » et de « menaces de violences » à l'encontre de cette instance. L'enregistrement d'une soixantaine de candidats aux élections locales de Moscou a été rejeté la semaine dernière, officiellement en raison de vices dans la collecte des signatures de soutien dont ils ont besoin pour se présenter.

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Ces candidats dénoncent des irrégularités fabriquées de toutes pièces et accusent le maire loyal au pouvoir, Sergueï Sobianine, de vouloir étouffer l'opposition. Mardi soir, une rencontre infructueuse a eu lieu entre des candidats et la cheffe de la commission électorale russe. En vertu de la loi, les candidats indépendants étaient censés obtenir les signatures d'au moins 3 % de leurs électeurs potentiels dans chacun des 45 districts de Moscou, soit d'entre 4 500 et 5 000 personnes, pour avoir le droit de concourir.

Privée de participation à des scrutins plus importants comme la présidentielle, l'opposition s'est fortement mobilisée pour ces élections à Moscou, espérant ainsi avoir son mot à dire dans la gestion du budget faramineux de la capitale russe. Des candidats de l'opposition ont également vu leurs candidatures rejetées dans d'autres grandes villes comme Saint-Pétersbourg, où une manifestation a réuni environ 3 000 personnes mercredi soir. « On me vole mon vote. Je ne veux pas que des escrocs décident pour moi du destin de ma ville. Les autorités se moquent des électeurs. Elles ne sont que mensonges », a déclaré à l'Agence France-Presse l'une des manifestantes, Maria Novikova.

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Commentaires (11)

  • Pierrot81

    La manifestation était interdite ! Il va trente jours en prison, mais n'est pas éborgné...

  • g6d973

    La principale différence avec la France est qu'en Russie on emprisonne les opposants sur leurs intentions, alors qu'en France les opposants font un procès d'intention à l'Etat en l accusant de chercher à les mettre en prison.
    Combien d'opposants ayant enfreint la loi (correctionnelle) sont en prison dans notre pays ?

  • Leshan

    Votre commentaire est certainement juste mais incomplet, en effet vous devriez rappeler qui est Alexei Gavalny et qui le soutient à l'étranger, ainsi que rappeler son programme. D'abord Gavalny est un avocat qui fait de la politique anti-Poutine, c'est son fonds de commerce, ensuite Gavalny est financé par des Fondations Américaines (USA), quant à son programme c'est que la Russie entre au plus vite dans l'UE et surtout dans l'OTAN que dirige les USA, avec Gavalny est ses copains les USA n'ont pas besoin d'utiliser la CIA pour semer le trouble en Russie, Gavalny s'en charge, avec comme avantage, c'est qu'il tente de se faire passer pour un persécuté, le peuple Russe l'a bien compris vu que le dernier sondage de début 2019 en Russie donne 60% à Poutine et seulement 2% à Gavalny, même Jirinovski (extrême droite) est devant Gavalny avec 18% des intentions de vote en cas de présidentielle avancée !.