Côtes-d’Armor. Les 75 ans du maquis de Coat-Mallouen

Par Viriginie Chenard et Hervé Queillé

Quatre semaines seulement, mais qui ont compté. Du 4 juillet au 7 août 1944, le maquis de Plésidy-Saint-Connan (22), qui célèbre ses 75 ans, cette année, fut un haut lieu de la Résistance bretonne avec 300 jeunes. Retour sur un combat meurtrier mais aussi toute une organisation mise en place au nez et à la barbe de l’occupant.

Les Résistants du maquis de Plésidy-Saint-Connan ont suivi un entraînement rapide dispensé par le sous-lieutenant Jean Robert, un SAS (unité de force spéciale des armées britanniques).
Les Résistants du maquis de Plésidy-Saint-Connan ont suivi un entraînement rapide dispensé par le sous-lieutenant Jean Robert, un SAS (unité de force spéciale des armées britanniques). (Photo Musée de la Résistance en Argoat - Pôle de l’Étang-Neuf)

« Je n’avais que cinq ans mais je me rappelle très bien : un jour, j’ai accompagné ma grand-mère qui était allée apporter de la nourriture au maquis. J’avais été époustouflé par ces jeunes gens qui creusaient des tranchées dans le bois ». La scène est restée gravée dans la mémoire du général François Budet, président de l’Association des anciens et amis du maquis de Coat-Mallouen, à Saint-Connan, au sud de Guingamp (22). Un haut lieu de la Résistance resté dans les mémoires sous le nom de maquis de Plésidy.

Au début juillet 1944, ils sont déjà plus de 200… Le 27 juillet 1944, jour de l’attaque de l’armée allemande, plus de 300. Un combat meurtrier s’engage. Il causera de lourdes pertes dans les rangs adverses et entraînera la mort de treize Résistants au nom de la Liberté. Des Résistants qui ont suivi un entraînement rapide dispensé par le sous-lieutenant Jean Robert, un SAS (unité de force spéciale des armées britanniques) parachuté à Duault (22), le 6 juin. Ce militaire, spécialiste artificier et natif de Guérande (44), a pris le commandement du maquis et fait placer des mines en plusieurs lieux d’accès au bois de Coat-Mallouen. Cela permet aux résistants de tenir durant deux heures avant de se replier vers la forêt de Duault à l’arrivée des renforts allemands (jusqu’à 1 200 hommes au total).


La flamme de la Nation pour les 75 ans


Les maquisards reprendront le combat, ultérieurement, le long de la nationale Paris-Brest, à la hauteur de Tréglamus, contre les convois ennemis qui font route vers le front de Normandie. Le 7 août, le sous-lieutenant Robert et ses hommes libèrent Guingamp, avec l’appui des chars américains. Au total, 26 de ces jeunes gens y laissèrent leur vie, dont la moitié, le 27 juillet. Ce samedi, un hommage leur sera rendu devant le monument qui leur est dédié près du pôle de L’Étang-Neuf, à Saint-Connan.

La cérémonie revêtira, cette année, un caractère exceptionnel du fait de la présence de la flamme de la Nation, celle-là même qui est ravivée, chaque jour, sur la tombe du Soldat inconnu, sous l’Arc de triomphe, à Paris. Ce symbole peut être amené sur un autre lieu de mémoire en France ou dans un pays allié pour une cérémonie importante. C’est ce qu’a découvert le général François Budet. « J’ai aussitôt appelé le Souvenir français pour demander à la faire venir à Saint-Connan, dans le cadre du 75e anniversaire des combats de Coat-Mallouen. Ce qui m’a été accordé », explique-t-il.


Les paysans venaient « livrer »


Qui étaient ces maquisards ? Des groupes de copains venant du lycée Notre-Dame, des scouts ou du patronage du Stade Charles-de-Blois à Guingamp ou des environs : Pédernec, Bégard, Grâces… Le plus jeune n’avait pas 17 ans, le plus âgé, un peu plus de 20. Une « armée » qu’il fallait nourrir et loger. Les scouts dormaient sous tente, les autres sous des cabanes faites de bruyère et de branchages. Dès le début, le sous-lieutenant Jean Robert avait mis en place une organisation militaire, « comme à la caserne », souligne François Budet, avec réveil à 6 h, lever des couleurs au petit-déjeuner, sport et instruction militaire. Les exercices de tir se faisaient, le matin, dans les caves du château – une grande maison bourgeoise près de l’abbaye de Coat-Mallouen – sous la conduite de chefs de groupe qui avaient déjà été formés, notamment à Guingamp, la nuit, dans le garage Kerambrun.

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La gestion du quotidien est tout aussi réglée, entre l’entretien des « feuillées » et le ravitaillement, essentiel. Le domaine de Jean Julou qui parcourait la campagne pour traiter avec les paysans qui fournissaient lait, œufs mais aussi cochons que de jeunes maquisards, bouchers dans le civil, tuaient et préparaient. La toilette se faisait dans l’un des affluents du Trieux. Et les paysans apportaient les vivres en charrette jusqu’à la clairière où se trouvaient le PC, la cantine et l’infirmerie (avec médecin et dentiste). Ces allers et retours furent-ils repérés par l’occupant ? Ou le maquis fut-il dénoncé ? On ne le saura sans doute jamais.

75e anniversaire des combats de Coat-Mallouen, ce samedi 27 juillet, devant le monument dédié près du pôle de L’Étang-Neuf : à 9 h 45, présentation des véhicules de collection ; à partir de 10 h, montée des couleurs et arrivée de la Flamme éternelle, suivies des cérémonies militaire et religieuse ; à partir de 12 h, vin d’honneur au bord de l’étang sur le chemin menant au bois, suivi d’un déjeuner pour ceux qui le souhaitent, à la salle Amzer Zo de Plésidy (30 euros) ; à 20 h, concert de musique classique à l’église de Saint-Connan.
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