Doubs | Sécheresse Le Doubs est (à nouveau) en train de disparaître

C’est un phénomène qui a marqué les esprits en 2018. Durant l’été, la rivière a disparu dans le Haut-Doubs sur une quinzaine de kilomètres. Avec la chaleur et le manque d’eau, la situation est à nouveau en train de se reproduire.
Valentin COLLIN - 25 juil. 2019 à 05:05 | mis à jour le 25 juil. 2019 à 10:02 - Temps de lecture :

C’est un phénomène auquel il va, semble-t-il, falloir s’habituer : une rivière l’hiver qui finit par devenir un vaste chemin empierré l’été. Le 15 juillet 2018, le Doubs a disparu pour la première fois de mémoire d’homme, sans que l’on n’en comprenne vraiment les raisons. Après plusieurs mois de travaux et d’observations, les scientifiques ont fini par comprendre cette situation. Le Doubs disparaît au profit de la Loue et pour son propre compte. Ces fuites posent néanmoins de vraies questions concernant la gestion de la ressource en eau.

L’ouverture des vannes à 22 cm au lac de Saint-Point

L’assèchement de la rivière se joue, en partie, au niveau du lac de Saint-Point. En 2018, les techniciens avaient été contraints de fermer définitivement les vannes. Stoppant totalement l’apport d’eau dans la rivière, pour maintenir un niveau suffisant dans le lac. Une situation catastrophique pour l’environnement puisque le Doubs avait disparu sur 2 km supplémentaires, entraînant la mort de tous les êtres vivants.

Actuellement, l’ouverture est fixée à 22 cm. « C’est une ouverture assez classique », confie Jean-Noël Resch, hydrobiologiste, chargé de mission au syndicat mixte des milieux aquatiques du Haut-Doubs. « L’idée est de maintenir 2 m/3 sur le secteur de Pontarlier ». Ce qui correspond à un écoulement de 200 litres à la seconde. « Le Défilé d’Entre-Roches est déjà à sec, on ne va pas s’acharner. L’idée est d’avoir de l’eau au moins jusqu’à Arçon. »

Le principal lac du Haut-Doubs dispose encore d’une réserve confortable pour affronter l’été. « On est pour l’instant à 35 cm au-dessus de son niveau l’année dernière, à la même période », détaille Jean Noël Resch. Pour autant, les autorités restent vigilantes : le plan d’eau perd entre 2 et 3 cm par jour durant ces grosses chaleurs. Une difficulté pour gérer cette ressource, qui alimente des milliers de personnes en eau potable, dans le haut du département.

Le niveau de l’eau ne cesse de baisser au Saut du Doubs à Villers-le-Lac .

Une disparition du Doubs au profit de la Loue

En aval du barrage, les scientifiques ont pu constater un phénomène de pertes particulièrement important. Au niveau du Château de Joux, les eaux du Doubs se perdent dans le sol pour rejoindre la Loue. Un phénomène totalement naturel, que Pascal Reilé, hydrogéologue de renom, a mis en exergue par ses travaux. « C’est le propre de notre région. Avec l’élévation du Jura, l’ensemble des cours d’eau se sont enfouis ou ont réussi à créer des gorges, comme la Loue ». À l’échelle de plusieurs milliers d’années, le Doubs est donc appelé à disparaître à ce niveau. « La partie amont du Doubs à hauteur de Pontarlier fera partie intégrante de la Loue. Le Doubs va se structurer à partir de Remonot pour reprendre son cours naturel ». Ce dernier a également mis en lumière la présence de failles, dans le lit du Doubs, qui capture l’eau pour la relâcher un peu plus loin. C’est le cas au niveau de Ville-du-Pont où l’eau s’engouffre dans le sol pour ressortir à Remonot.

Ce contenu est bloqué car vous n'avez pas accepté les cookies et autres traceurs.

En cliquant sur « J’accepte », les cookies et autres traceurs seront déposés et vous pourrez visualiser les contenus (plus d'informations).

En cliquant sur « J’accepte tous les cookies », vous autorisez des dépôts de cookies et autres traceurs pour le stockage de vos données sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Vous gardez la possibilité de retirer votre consentement à tout moment en consultant notre politique de protection des données.
Gérer mes choix

Trouver des solutions révisables

Un parcours assez complexe, qui interroge sur le plan de la gestion en eau potable. Faut-il boucher les failles en direction de la Loue ? Dangereux, car la rivière alimente de nombreuses communes dont une partie de Besançon. Et de nouveaux trous finiraient par s’ouvrir. Laisser l’eau s’engouffrer en direction de la Loue ? Là encore, l’alimentation en eau au niveau de Mathay pour le bassin de Montbéliard s’en verrait fortement amputée. « Quelle que soit la solution trouvée, il faut absolument qu’elle soit révisable dans le temps. Si on bouche une perte, il faut qu’un jour, on puisse l’ouvrir à nouveau », conclut Pascal Reilé.

À ce stade, aucune solution ne paraît bonne ou mauvaise. Une seule certitude : le Doubs commence à nouveau à disparaître. Et dans ces conditions, la gestion de l’eau va à nouveau être l’un des enjeux de l’été.