Ses avocats, en revanche, acceptent de nous parler. Pour défendre l’innocence de leur client, figure des milieux catholiques niçois.
Pour beaucoup, il est « le père Jean-Marc », curé charismatique officiant depuis plusieurs décennies dans le diocèse de Nice.
Pour d’autres, Jean-Marc Schoepff est d’abord un homme accusé de pédophilie. Ce sexagénaire est mis en examen pour « agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans par personne ayant autorité ».
C’est dans ce cadre qu’il a été convoqué, une nouvelle fois, dans le cabinet du juge Chemama.
« Il n’y a pas eu de nouvelle mise en examen. Il était convoqué à la suite des nouvelles plaintes. Mais il conteste dans leur totalité les faits dénoncés », résument Mes Michel Cardix et Tina Colombani. Leur client est visé par neuf plaintes à ce jour.
L’homme d’église, relevé de ses fonctions ecclésiastiques jusqu’à nouvel ordre, avait été confronté à ses accusateurs chez le juge, le 11 décembre. Cette fois, il est venu s’expliquer seul, notamment sur les récents témoignages recueillis par la brigade des mineurs.
Alain Chemama a ainsi pu l’interroger une dernière fois avant de passer la main: il a atteint le délai limite (dix ans) pour rester juge d’instruction au même endroit.
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"Il est très affecté"
Sur le fond, Jean-Marc Schoepff a « réitéré ses dénégations ». Sur la forme, ses avocats notent qu’une seule plainte, parmi les récentes, concerne des faits non prescrits. Cela en fait deux. Les autres parties civiles seront-elles évincées du dossier ? La justice statuera sur ce point début septembre.
D’après ses conseils, Jean-Marc Schoepff « est très affecté par ces accusations qu’il considère comme mensongères. » Tous les faits signalés - des attouchements lors de camps de vacances - remontent à plus de vingt ans. « Étonnant dans une affaire d’agression sexuelle », estiment Mes Cardix et Colombani. Ils assurent, en outre, que les plaignants « se connaissaient tous. C’est quand même inquiétant ! »
L’argument surprend Sébastien Liautaud. À 33 ans, il est le dernier en date à s’être déclaré victime. « Les autres ont tous dix ou quinze ans de plus. Je ne les connaissais pas ! », martèle-t-il. L’Antibois n’est « pas étonné par sa stratégie de défense, qui revient à parler d’un complot. Je pense que ça ne va pas les mener très loin… Et qu’il y aura bien procès. »
Pour Me Vincent Ehrenfeld, avocat de six victimes, le père Schoepff « s’enferme dans ses dénégations, malgré le nombre de plaintes et de témoignages. » Il aurait de surcroît bravé son contrôle judiciaire, par des échanges avec des paroissiens et « une intense activité paroissiale. » Me Ehrenfeld l’a signalé au juge.
"Du racolage"
D’après la partie adverse, le magistrat n’estime pas justifié un retour de Jean-Marc Schoepff en détention provisoire. Ses avocats, eux, ont demandé « une liste des personnes avec qui il ne peut pas être en contact, car ce n’est pas gérable. »
Surtout, Mes Cardix et Colombani ont « dénoncé avec force une campagne d’incitation à la délation par l’intermédiaire des réseaux sociaux. C’est choquant de la part de parties civiles… On appelle cela du racolage. » Du point de vue des victimes, il s’agit simplement de « libérer la parole ».
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