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Les États-Unis vont reprendre les exécutions au niveau fédéral après 16 ans d’interruption

Drapeau américain
Photo AFP


WASHINGTON | Le gouvernement américain a annoncé jeudi la reprise des exécutions au niveau fédéral après seize ans d’interruption, en écho aux appels répétés du président Donald Trump à utiliser davantage la peine capitale.

Le ministère de la Justice a adopté un nouveau protocole d’injection létale et programmé cinq exécutions qui auront lieu dans un pénitencier fédéral de Terre Haute dans l’Indiana en décembre 2019 et janvier 2020.

Elles concerneront cinq hommes condamnés par des jurys fédéraux pour avoir tué, et parfois torturé et violé, des enfants ou des personnes âgées, et qui ont épuisé tous les recours légaux, selon les autorités.

«Nous devons, pour les victimes et leurs familles, appliquer les peines déclarées par notre système judiciaire», a justifié le ministre de la Justice Bill Barr, cité dans un communiqué.

Le président républicain Donald Trump, qui brigue un second mandat en 2020, réclame régulièrement un usage renforcé de la peine capitale, notamment pour les tueurs de policiers, les islamistes ou pour lutter contre le trafic de drogue. Il l’avait également réclamée après la tuerie dans une synagogue de Pittsburgh en octobre 2018 (11 morts).

Selon les sondages, le soutien à la peine de mort s’est érodé chez les Américains qui ne sont plus que 54% à y être favorables pour les meurtriers, contre environ 80% au début des années 1990.

Mais il existe d’énormes différences selon les affiliations politiques: 77% des républicains la jugent justifiée en cas de meurtre contre 35% des démocrates.

«Immorale»

Les prétendants à l’investiture démocrate pour 2020 se sont donc empressés de dénoncer la décision de l’administration.

«Nous avons besoin d’un moratoire au niveau national sur la peine de mort, pas d’une résurrection», a tweeté la sénatrice Kamala Harris, jugeant la peine capitale «immorale». «Il y a suffisamment de violence dans le monde, le gouvernement ne devrait pas en ajouter», a renchéri le sénateur Bernie Sanders.

Le gouverneur de Californie Gavin Newsom, qui a lui-même prononcé un moratoire sur la peine de mort dans son État, a regretté que «le gouvernement Trump ait choisi de rejoindre» la Corée du Nord, l’Arabie saoudite ou la Russie.

L’administration «est à nouveau du mauvais côté de l’Histoire», a également jugé la puissante association de défense des droits civiques ACLU, en soulignant que la peine capitale se caractérise par d’importantes disparités raciales et géographiques.

De fait, 21 États américains ont aboli la peine de mort et quatre ont prononcé un moratoire sur les exécutions.

Sur les 25 États où elle reste légale, plusieurs ne l’appliquent pas dans les faits en raison de difficultés d’approvisionnement en substances létales et d’interrogations sur la légalité de ces produits.

Les exécutions se concentrent principalement dans le sud du pays. Sur les 25 condamnés exécutés aux États-Unis en 2018, 13 l’ont été au Texas.

«Horribles»

La plupart des meurtres sont jugés au niveau des États, mais des tribunaux fédéraux peuvent être saisis des cas les plus graves (attentats, crimes racistes, meurtre d’un témoin...) ou dépassant les frontières des États.

Les tribunaux fédéraux prononcent donc rarement des peines capitales et seules 62 personnes se trouvent dans les couloirs de la mort de pénitenciers fédéraux, contre plus de 2.600 dans les prisons des Etats, selon le Centre d’information sur la peine de mort (DPIC).

Au niveau fédéral, seuls trois condamnés à mort ont été exécutés au cours des 45 dernières années, dont Timothy McVeigh responsable de l’attentat d’Oklahoma City (168 morts en 1995) exécuté en 2001, et Louis Jones en 2003 pour le meurtre d’une militaire.

L’ancien président démocrate Barack Obama avait exprimé en 2015 ses réserves sur la peine capitale, citant notamment la surreprésentation des Noirs dans les couloirs de la mort et des incidents avec des injections létales «horribles et mal menées».

Après ces exécutions difficiles, plusieurs recours ont été introduits en justice au nom de la Constitution, qui interdit les punitions «cruelles».

Dans son communiqué, le ministère de la Justice explique avoir renoncé à un cocktail controversé de trois produits au profit du seul pentobarbital.

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