Paris : on va tenter de purifier l’air du RER et du métro

Deux expérimentations commencent cette semaine pour tenter de purifier l’air sur les quais de la gare Avenue-Foch du RER C, et ceux d’Alexandre-Dumas sur la ligne 2 du métro.

 Station Avenue Foch, mercredi 29 mai. Trois énormes armoires ont été disposées sur les quais. Elles abritent les machines d’Air Liquide qui vont essayer de purifier l’air du quai.
Station Avenue Foch, mercredi 29 mai. Trois énormes armoires ont été disposées sur les quais. Elles abritent les machines d’Air Liquide qui vont essayer de purifier l’air du quai. LP/Jila Varoquier

    Un air nouveau devrait souffler sur les quais SNCF de la gare parisienne Avenue Foch, sur le RER C. Des quais transformés en laboratoire géant depuis plusieurs jours. A partir de ce lundi, les six machines d'Air Liquide, abritées dans trois énormes armoires métalliques, démarrent une expérimentation unique pour tenter d'améliorer la qualité de l'air que respirent les passagers.

    Chacune de façon différente, elles vont filtrer l'air par « ionisation positive ». En effet, les passagers du quai ont pu le constater, un système de ventilation va attirer l'air dans la machine, puis le faire passer à travers un champ électrostatique pour « charger positivement » les particules. Les particules ainsi chargées seront attirées sur une paroi, comme un aimant. L'air, lui, est déchargé de particules polluées et se retrouve rejeté, théoriquement « propre », dans la station.

    Près des machines, trois capteurs différents ont été installés, l'un par Air Liquide, le second par la SNCF et le troisième par Airparif, l'organisme chargé de la surveillance de la qualité de l'air en Ile-de-France. Ils vont chacun mesurer les particules contenues dans l'air - et leur variation - et se transmettre les données.

    Les capteurs d’Air Parif, également installés sur les quais, évaluent la variation de la teneur en polluants de l’air./LP
    Les capteurs d’Air Parif, également installés sur les quais, évaluent la variation de la teneur en polluants de l’air./LP LP/Jila Varoquier

    « Cette expérimentation (NDLR : menée pendant trois mois) nous permet de tester plusieurs technologies et de découvrir quels types de particules nous allons récupérer : frein, pneus, pollution extérieure, etc. détaille Przemyslaw Brozyna, Directeur i-Lab d'Air Liquide. Nous pourrons connaître aussi la quantité dont on disposera, et regarder s'il est éventuellement possible de les recycler et comment cela fait varier la qualité de l'air sur les quais ». Puis, toujours sur les quais d'Avenue Foch, Starlab testera à son tour sa solution au mois de septembre.

    /LP/Infographie
    /LP/Infographie LP/Jila Varoquier

    Une autre expérimentation vendredi, sur le métro

    En parallèle, vendredi, sur les quais de la station Alexandre-Dumas, sur la ligne 2 du métro cette fois, l'entreprise Suez va, elle aussi, tenter d'améliorer la qualité de l'air. Là encore, « par ionisation positive ». Une électrode va générer des « ions » (atomes portant une charge électrique) qui vont être attirés par les PM présentes dans l'air, qu'elles vont télescoper et envoyer contre une plaque. « On récupère les particules sous forme de poudre concentrée, que nous pourrons peut-être ensuite valoriser », détaille Loïc Voisin, directeur de l'innovation et de la performance chez Suez. Par exemple, en l'utilisant comme sous-couche routière. « Si ces tests sont concluants, nous serons ravis de les généraliser. Il y a un fort potentiel de déploiement en France et ailleurs », poursuit Loïc Voisin.

    Des taux de particules fines 30 fois plus élevés que dans la rue

    Dans les enceintes ferrées souterraines, gares RER et train, mais surtout stations de métro, l'air est en effet bien plus chargé en particules fines que l'air extérieur. Le Parisien avait d'ailleurs mesuré les niveaux de concentration en particules PM2,5, des particules fines. Elles présentent des risques pour la santé car elles pénètrent loin dans l'organisme. Parfois jusque dans le sang, le système respiratoire ou cardiovasculaire. Et les niveaux que nous avions relevés étaient jusqu'à 30 fois plus élevés que dans la rue.

    « Nous accordons une importance particulière à la question de la qualité de l'air, explique Sophie Mazoué, directrice développement durable à la RATP. Et ces essais viennent compléter parfaitement les actions que nous menons déjà ». A savoir, la réduction des émissions à la source avec les nouveaux matériels ou un programme de renouvellement de ventilateurs d'un montant de 56 M€. « Nous avions déjà testé des solutions, poursuit-elle. Notamment l'application de chaux pour capturer les particules ou le lavage des tunnels avec de l'eau. Mais ces solutions présentent de nombreux inconvénients ».

    Résultats connus en décembre 2019

    Ces expérimentations entrent dans le cadre de l'appel à projet « Innovons pour l'air de nos stations » lancé de la région et financés à hauteur d'1 M€ de la région. « Nous avons une vraie problématique de qualité de l'air et nous voulions soutenir des projets qui peuvent être dupliqués », précise Jean-Philippe Dugoin Clément, élu en charge du développement durable à la région. Ces tests seront évalués par Airparif. Puis, l'exploitation des données et l'interprétation des résultats seront dévoilées en décembre 2019 sous la forme d'un rapport d'expérimentation.