La Securities and Exchange Commission (SEC), organisme fédéral de contrôle des marchés financiers a déposé une plainte contre Facebook le 24 juillet 2019. Dans le dossier de cette plainte, on découvre que des employés de Mark Zuckerberg ont tenté d’alerter leur hiérarchie par deux fois rien qu’en 2015 à propos d’activités suspectes d’une société : Cambridge Analytica.

Pourtant, à plusieurs reprises, Facebook a affirmé lors d’auditions qu’elle avait découvert les agissements la société bien après 2015. Il aura fallu attendre les révélations du Guardian en mars 2018 pour que la maison mère de WhatsApp ferme l’accès à son outil publicitaire à Cambridge Analytica.

Or, la SEC affirme qu’en septembre 2015, des employés travaillant dans le groupe dédié à la publicité à vocation politique avaient alerté Facebook. Ils avaient alors demandé une enquête, car ils constataient de possibles agrégations de données non autorisées. Après la diffusion d’un article troublant en décembre 2015 par le Guardian, les mêmes employés ont réitéré leur alerte à propos de cette société « de modélisation de données pour le moins douteuse, qui a pénétré en profondeur notre marché ».

Cette nouvelle remettrait beaucoup de choses en question, notamment la chronologie du récit de Facebook sur les débuts de l’affaire Cambridge Analytica. Alors que la société avait connaissance des pratiques douteuses qui se tramaient avec son outil de ciblage publicitaire, elle a embauché en novembre 2015 Joseph Chancellor, cofondateur de la société GSR, dirigée par Aleksandr Kogan. Ce dernier est le chercheur qui a mis au point les fameux questionnaires de personnalités dont les données ont été revendues à travers GSR à Cambridge Analytica.

Facebook a constamment esquivé les questions à propos de ce recrutement, ou a noyé ses réponses. Pourtant, on comprend ici que Facebook a embauché une personne qui a vendu des données illégalement récupérées à une société sur laquelle les employés avaient demandé une enquête. Il est donc important de savoir pour quels motifs Facebook a embauché cette personne. De plus, comme le précise TechCrunch, l’entreprise de Mark Zuckerberg n’a jamais proposé Joseph Chancellor pour répondre aux questions de la presse.

Facebook a d’ores et déjà accepté son amende record de 5 milliards de dollars infligée par la FTC afin de rapidement clôturer l’enquête. Cependant, ces révélations de la SEC mettent le doigt sur une incohérence assez importante. D’autres alertes sur les pratiques de Cambridge Analytica sont également évoquées, en 2016, et 2017. Il sera donc primordial de mettre en lumière les raisons pour lesquelles Facebook a tardé à agir, surtout lorsqu’on connaît les conséquences électorales des pratiques de Cambridge Analytica.