On a testé les premières audioprothèses intelligentes

Starkey a lancé des assistants d’audition dotés d’intelligence artificielle et capables de nombreuses fonctions nouvelles, comme la traduction simultanée de conversation en 27 langues.

 L’audioprothèse de chez Starkey est vendu 2 000 euros pièce.
L’audioprothèse de chez Starkey est vendu 2 000 euros pièce. Starkey

    « On va plus avoir besoin de crier ! » « Enfin tu reconnais que tu es dur de la feuille »… Essayer des audioprothèses, c'est d'abord s'exposer à quelques quolibets des collègues et amis. Sauf que cette fois, j'allais tester les premiers assistants d'audition avec intelligence artificielle intégrée : les Livio IA. On allait voir ce qu'on allait entendre ! C'est l'américain Starkey qui a mis au point ce petit bijou de 28 grammes, vendu depuis mai dernier 2 000 euros pièce, chargeur compris. Mais à ce prix, il fait bien plus qu'améliorer votre audition. Notamment grâce à l'application Thrive, connectée en bluetooth.

    La promesse du fabricant est ambitieuse : non seulement filtrer les sons pour une audition – presque – parfaite en toutes circonstances grâce au machine learning intégrée, mais aussi évaluer l'activité physique et mentale journalière, permettre l'écoute de la musique en streaming, prendre un appel téléphonique directement dans les écouteurs ou alerter en cas de chute… le plus spectaculaire étant sans doute la traduction en direct et en 27 langues d'une conversation !

    Prise en main

    Difficile la première fois de connecter les Livio à mon mobile. Je dois m'y reprendre à trois fois et fouiller dans les menus de mon iPhone. Heureusement, une fois appairés, les Livio se reconnectent seules. Mais pas de bouton pour les éteindre : elles ne se coupent que posées sur le chargeur magnétique. Rangées dans mon sac, posées dans un coin, elles restent connectées à mon téléphone que j'écoute en vain lorsqu'on m'appelle. Il faut alors basculer l'audio du mobile en mode haut-parleur ou mobile.

    Dernière petite déconvenue, liée au modèle prêté semble-t-il, au terme d'une recharge l'une des audioprothèses n'a gagné que 30 % de son autonomie. Gênant. Des petits défauts de jeunesse qui ne gomment pas, tant s'en faut, l'intérêt de ces Livio AI. Coté audition, on se rend compte de l'amélioration, lorsqu'on joue avec l'égaliseur de son de l'application. Appli qui permet aussi de filtrer les bruits du vent, de choisir l'orientation des micros intégrés (face, côté, arrière…).

    Audition adaptative

    Dotées d'un système de « machine learning » qui apprend de nos habitudes et de notre environnement, ces aides auditives ne cessent d'améliorer leur service, il faut donc une période d'auto-apprentissage. Le plus spectaculaire a été l'écoute de musique sur chaîne hi-fi : j'ai découvert des sons médium que je n'avais pas remarqués avant. En revanche, la qualité de ces audioprothèses ne suffit pas à en faire un casque hi-fi.

    Services connectés intelligents

    Au terme du premier jour de test, Thrive m'informe de mon score d'activité physique : 48 sur 100! Coincé derrière mon bureau, je suis loin, c'est vrai, d'avoir fait les 10 000 pas recommandés. En revanche, mon activité mentale supposée me rapporte un 98/100. Entre conversations, interviews au téléphone, écoute de musique et de la télé, j'ai de fait été très auditivement « actif ».

    Alerte chute

    Il suffit d'entrer dans l'application le numéro d'une personne à prévenir pour qu'elle reçoive un SMS en cas de détection de chute par les audioprothèses. Pratique pour les personnes âgées. Sauf que les deux simulations de chute que j'ai tentées n'ont rien donné. C'est lorsque j'ai laissé tomber ma sacoche avec les Livio dedans qu'une alerte de chute est apparue et qu'un SMS a été émis.

    Traduction plutôt bluffante

    Et maintenant, test de la conversion en français de conversations en 27 langues. Premier essai en écoutant le journal de France 24 en anglais. Las, mes Livio n'entendent rien à la télé. Nouvel essai de conversation avec un ami en anglais : ça marche ! Sur mon écran de mobile connecté à Internet s'affiche la traduction correcte en français. Mais le décalage de 6 à 8 secondes perturbe, car l'interlocuteur, lui, continue de parler…

    Autre regret, le texte s'efface au fur et à mesure des phrases prononcées. On est obligé de garder les yeux rivés sur l'écran. Pas de texte que l'on pourrait copier-coller. Starkey explique que cette fonction devrait arriver plus tard. Autre test en allemand, là encore, ça fonctionne, avec quelques petites erreurs. Mon accent ?… En revanche, ma tentative de parler français et de demander une traduction en chinois s'est soldée par un joli bug. On ne saura pas si c'est la faute à la connexion à Internet ou au dispositif de Starkey qui reste malgré tout bluffant et prometteur.