« Je vais t’exploser » : un éducateur d’un foyer pour handicapés accusé de maltraitance

Au moins quatre plaintes ont été déposées contre la maison d’accueil spécialisée des Pavillons-sous-bois depuis 2016.

Au moins quatre plaintes ont été déposées contre la maison d’accueil spécialisée des Pavillons-sous-bois depuis 2016. (CAPTURE D’ÉCRAN / GOOGLE STREET VIEW)

Plusieurs mères de famille ont porté plainte pour violences contre un foyer pour handicapés en Seine-Saint-Denis. Après une inspection de l’Agence régionale de santé, ce dernier a été mis sous administration provisoire.

Monique se doutait depuis quelques semaines déjà que quelque chose n’allait pas avec son fils Kevin (le prénom a été changé), âgé de 29 ans, quand elle a reçu une vidéo envoyée anonymement par internet. Sur les images tournées en cachette, comme le raconte « le Parisien » dimanche 28 juillet, elle voit un homme frapper son fils, autiste, avec un bâton, le menaçant des pires punitions une fois rentré à la maison d’accueil spécialisée (MAS) des Pavillons-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. « Je vais t’exploser », déchiffre la mère de famille sur les images. « A la MAS, tu vas voir ! », menace encore l’éducateur.

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Hématomes et brûlures

Kevin souffre de troubles du spectre autistique et vit depuis 2011 dans cette structure qui accueille des adultes en situation de grande dépendance, atteint de troubles envahissants du développement.

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Jusqu’à présent, sa mère en était satisfaite, mais la situation s’est selon elle brusquement dégradée il y a quelques semaines. Monique explique ainsi à France-Bleu Paris que son fils était plus agité que d’habitude quand il rentrait. Il fait des crises d’angoisse, pleure et a des bleus sur le corps. La MAS lui assure qu’il s’est fait ces blessures tout seul…

« On m’a dit qu’il était facilement marqué à cause de ses problèmes de plaquettes sanguines. J’ai trouvé cela bizarre. Et Kevin criait beaucoup. Il disait : “Pas la MAS !” pour montrer qu’il ne voulait pas y retourner. »

Sur des photos qui lui sont envoyées avec la vidéo, relayées par France-Bleu Paris, elle découvre encore d’autres hématomes et une trace sur le pied qui « ressemble à une brûlure de cigarette ». Avec la vidéo, le doute n’est plus possible : Monique décide de porter plainte, fin juin, « pour violences sur une personne vulnérable ».

Plusieurs familles concernées

Le témoignage de Monique vient s’ajouter à ceux d’autres familles. La fille d’Isabelle Casteret, Elodie, rentrait ainsi avec des bleus et des griffures chez elle le week-end. « On a dit qu’elle s’était cognée contre des meubles », raconte-t-elle à France-Bleu Paris, indiquant avoir également porté plainte contre la structure en avril.

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Un an avant Monique et Isabelle, une autre plainte pour « violences habituelles sur personne vulnérable » avait été déposée contre la maison d’accueil spécialisée par Hélène Ripolli, après avoir retrouvé son fils Arnaud avec un doigt fracturé et des brûlures au second degré sur le corps. L’enquête est encore en cours. En attendant, Isabelle a préféré reprendre son fils chez elle. « J’attends que le ménage soit fait mais c’est très long », confie-t-elle à la radio.

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La MAS sous administration provisoire

Depuis 2016, treize signalements ont été transmis à l’Agence régionale de santé (ARS). Et les choses semblent enfin bouger. Mardi 30 juillet, l’ARS a confirmé qu’un des résidents du foyer avait bien subi des « actes de maltraitances » et a décidé de placer l’établissement sous administration provisoire, car elle estime que la sécurité des usagers n’y est « pas garantie ». L’administration du foyer a été confiée à l’établissement public de santé mentale de Ville-Evrard, également en Seine-Saint-Denis.

Cette annonce survient après une inspection sur place des autorités sanitaires le 25 juillet dernier qui « a permis de confirmer les actes de maltraitance à l’encontre d’un résident et a mis en évidence d’importantes carences en personnel », a précisé l’ARS citée par l’AFP. 

Une enquête judiciaire pour violence sur personne vulnérable a également été ouverte par le parquet de Bobigny à la suite des trois plaintes des mères de familles. Ouverte en août 2018 après la plainte d’Hélène Ripolli, l’enquête judiciaire « devrait aboutir dans les prochaines semaines », selon une source proche de l’enquête.

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L’éducateur menaçant le fils de Monique dans la vidéo a lui été mis à pied, selon France-Bleu. Sollicitée par « le Parisien », France-Bleu et l’AFP, la MAS a refusé de s’exprimer sur le sujet.

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