N’en déplaise aux climatosceptiques, les prévisions des ONG environnementales peuvent parfois être moins alarmistes qu’elles ne le devraient. En 2019, le 29 juillet a été annoncé par l’ONG Global Footprint Network comme le Jour du "dépassement planétaire" à partir duquel l’humanité "vit à crédit" : elle a déjà épuisé les ressources naturelles normalement disponibles sur la planète pour une année entière. Mais en réalité, le vrai Jour du dépassement serait à une date antérieure au 29 juillet pour l'année 2019 !
Le Jour du dépassement, une estimation basée sur des données qui datent
En soit le calcul du jour de dépassement n’est pas si complexe : il s’agit de soustraire les ressources consommées par l’humain aux ressources renouvelables disponibles sur la planète ; si le résultat est négatif, cela veut dire que nous consommons plus que ce que la planète a à nous offrir. Pour dire les choses autrement : si les humains se nourrissaient tous d’oeufs provenant d’un poulailler, ils seraient contraints, pour survivre, de manger les poules à partir du Jour du dépassement, et ce jusqu’à la fin de l’année...
Ce qui rend le calcul ardu, c’est bien sûr la collecte des données. Des chiffres sur la pêche, sur l’exploitation des forêts, des terrains agricoles, sur le taux de CO2 rejeté et bien d’autres, il en faut beaucoup, et ce pour près de 200 pays. C’est donc pour cela que les bases de données de l’ONG Global Footprint Network s’arrêtent à l’année 2016. Arnaud Gauffier, co-directeur des programmes à WWF France, nous explique dans la vidéo ci-dessous : "Le manque de données sur 2017 et 2018 s’explique par le fait qu’agréger ces données au niveau international, notamment via les agences de l’ONU, prend énormément de temps, en particulier pour les pays qui n’ont pas d’administrations ou de systèmes statistiques performants". Pour ces raisons, les dates de dépassement de 2017, 2018 et 2019 sont des "projections".
Calcul un jour, recalcul toujours...
Chaque année, l’ONG Global Footprint Network met un point d’honneur à recalculer les dates de dépassement des années précédentes, en considérant toutes les nouvelles données qui leurs sont parvenues depuis lors. Pour 2017, par exemple, la date initiale (donc calculée cette même année) était le 4 août. Aujourd’hui, après recalcul, elle est fixée au 1er août, soit trois jours plus tôt que prévu. Même chose pour 2018.
L'année 2019 n'étant pas terminée, les données concernant la disponibilité des ressources continuent d'être accumulées. Mais au vu de diverses actualités récentes, des courbes du CO2 qui ne cessent de croître au taux de déforestation de la forêt amazonienne accru de 80% depuis l'élection du président brésilien Bolsonaro, il y a de fortes chances que le Jour du dépassement 2019 soit évalué en 2020 à une date antérieure au 29 juillet. Et pour l'instant, il n'y a pas de raison de penser que le Jour du dépassement en 2020 arrivera le 29 juillet ou plus tard... bien au contraire.
Toutes les explications d’Arnaud Gauffier, à découvrir dans la vidéo ci-dessous
Crédit : Hannibal Watchi / Sciences et Avenir