Mardi 1er avril, la décision de ne pas maintenir la troisième édition du Positiv Festival, prévu le 5 juillet et le 16 août dans les arènes de Beaucaire (Gard), a été annoncée sur la page d'accueil du site Internet de la manifestation, spécialisée en musiques électroniques. Dimanche 30 mars, le candidat Front national (FN), Julien Sanchez, 30 ans, est arrivé en tête au deuxième tour des élections municipales avec la liste « Beaucaire, ville française ! » et 39,8 % des votes.
« C'est une décision éthique, préventive et économique, explique Thomas Lefrançois, l'un des associés d'Allofloride, société co-productrice du Positiv Festival avec Pleiade Production. Nous ne jugeons pas le vote des gens. Mais nous ne pouvons envisager sereinement l'organisation du festival avec le Front national à la mairie. Depuis des années, les musiques électroniques sont régulièrement stigmatisées dans des déclarations de représentants de ce parti. Et nous ne voulons pas être récupérés par une municipalité qui dirait : “Vous voyez bien que c'est faux puisque nous vous laissons organiser votre festival.” Nous n'avons pas voulu nous prononcer entre les deux tours, comme l'a fait Olivier Py à Avignon, mais maintenant nous n'avons pas d'autre choix. »
La décision s'appuie aussi sur des arguments financiers : « Nous sommes une structure privée, qui a bénéficié lors des deux éditions précédentes avec l'ancien maire [Jacques Bourbousson, UDI], de la mise à disposition gratuite des arènes et d'équipements. L'équilibre économique de la manifestation est en partie lié à cet avantage. Si, au dernier moment, la nouvelle mairie décidait de facturer ces services, les risques seraient accrus. »
EN RECHERCHE D'AUTRES SITES
Un risque que l'équipe ne peut se permettre, ajoute M. Lefrançois – qui admet qu'à ce jour, aucune indication en ce sens ne lui a été donnée par la nouvelle municipalité –, au moment où le festival a décidé pour sa troisième édition d'augmenter sa capacité d'accueil de 3 000 à 6 000 personnes par soir. Pour cela, il faut des artistes plus réputés, donc plus chers, susceptibles d'attirer plus de gens.
Certains auraient aussi pu décider de ne pas venir jouer dans un festival organisé dans une ville passée au FN. Le festival n'est donc pour l'heure pas annulé, ni ses dates changées, mais en recherche d'autres sites. M. Lefrançois, sans indiquer lesquelles, précise que plusieurs mairies ont pris contact et que les organisateurs du Positiv Festival pourraient être en mesure d'annoncer un nouveau lieu dans « quelques jours ou semaines ».
A la mairie, Julien Sanchez, qui devrait être investi samedi 5 avril, se dit « étonné » par les déclarations des organisateurs. « Je n'ai rien contre ce festival, rien contre cette musique en particulier, et il n'a jamais été question d'interdire quoi que ce soit. Mon but c'est de faire vivre cette ville, pas de juger de la qualité d'un groupe. Mon seul critère, c'est de regarder qu'il n'y ait pas de trouble à l'ordre public, et là, tout était en ordre. » Le futur maire concède qu'il « sera difficile d'établir un dialogue avec les organisateurs après ça », mais il ne ferme pas la porte à un possible retour du festival sur la commune. « Si dans un an ou deux, ils changent d'avis, je les recevrais quand même dans mon bureau. »
En parallèle à la décision du Positiv Festival, et dans un genre musical différent, le groupe HK & Les Déserteurs, mené par Kaddour Hadadi, a fait savoir, dans un communiqué diffusé jeudi 3 avril, qu'il maintenait son concert prévu samedi 5 avril, salle Jacques-Brel à Mantes-La-Ville (Yvelines), où le FN a remporté les élections municipales. Pour HK & Les Déserteurs, il s'agit là d'affirmer « l'importance et la nécessité d'occuper le terrain et de ne rien lâcher aux forces obscures ».
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