À Cuba, après un peu plus d'un an au pouvoir, le successeur de Raúl Castro, le président Miguel Díaz-Canel reste fidèle au communisme castriste qui réprime toute critique. Selon Amnesty International, au moins 70 personnes condamnées pour "outrage" ou "dangerosité" sont en fait des prisonniers d'opinion.
Crier "dehors Fidel, dehors Raúl", qui plus est dans un quartier touristique de la Havane - une circonstance aggravante - a coûté très cher à Silverio Portal Contreras. Accusé de désordre à l'ordre public, il a été condamné à 4 ans de prison. Il est aussi considéré par les autorités cubaines comme un "mauvais citoyen" parce qu'il ne participe pas aux activités pro-gouvernementales. Il attend donc, derrière les barreaux. Aujourd'hui, Amnesty International a placé 5 nouveaux noms sur sa liste des prisonniers de conscience à Cuba. L'ONG réclame leur libération immédiate.
Depuis toujours, Cuba nie avoir des prisonniers politiques. Lors d'une rencontre entre l'ex-président américain Barack Obama et son homologue Raúl Castro en 2016, et alors que cette question des droits de l'homme lui était posée, le chef d'État cubain répondit qu'on ne lui avait jamais remis de liste de prisonniers d'opinion. En d'autres termes : pas de liste... pas de prisonniers !
Pendant 4 ans, Amnesty International a, comme beaucoup d'ONG interdites à Cuba, réussi à dresser une liste de douze noms de détenus emprisonnés pour des motifs politiques. Un travail compliqué dans un pays où la loi punit arbitrairement quiconque ose exprimer une opinion différente de celle du pouvoir et où les conditions socio-économiques très difficiles, aggravées par l'embargo américain, rendent la population vulnérable.
Les autorités répriment comme elles veulent, et qui elles veulent
Les prisonniers, accusés d'outrage, de troubles à l'ordre public, ou de dangerosité, n'ont eu accès ni à un avocat, ni à leur famille. Certains d'entre eux sont arrêtés quelques jours, quelques semaines, ou des années, envoyés dans des camps de travail. C'est le cas de Eliecer Bandera. Membre de l'Union patriotique de Cuba ( UNPACU), il a été arrêté en septembre 2016 après avoir filmé les conditions de vie des détenus dans les camps de travail. Accusé de "dangerosité", il a écopé de quatre ans d'emprisonnement. Il lui est aussi reproché d'avoir un comportement "non conforme", c'est-à-dire de ne pas participer aux activités éducatives et politiques du camp et de montrer de "l'irrespect" envers ses gardiens.
Le président cubain Miguel Díaz-Canel maintient l'île des Caraïbes sous un régime du tout répressif, avec des restrictions de libertés d'opinion, d'expression, de manifestations. Comme ses prédécesseurs Raúl et Fidel Castro, il tourne le dos aux réformes démocratiques et à la levée des restrictions de liberté, imposées par le communisme. L'État veille à faire taire les critiques. Il a la mainmise sur tout : du travail à la justice en passant par presse et la culture.
Intimidation et harcèlement
Mitzael Díaz Paseiro est un activiste politique qui s'est opposé au processus de réforme constitutionnelle. Selon sa femme, il a été plusieurs fois détenu par la police. Accusé de "dangerosité", on lui reproche pêle-mêle de ne pas avoir de travail, de se réunir avec des citoyens à la conduite douteuse, de boire fréquemment de l'alcool et d'être vulgaire. Son épouse s’inquiète pour sa santé, elle parle de maltraitance en prison et de privation de soins.
La Commission cubaine des droits humains et de la reconstruction nationale (CCDHRN), une ONG basée à Cuba, non reconnue par l'État, estimait qu'en un an, le nombre des détentions arbitraires était passé de 5 155 en 2015, à 9 940 en 2016. Toute personne qui s'oppose au gouvernement cubain s'expose à des sanctions qui varient selon les cas : intimidation, menace, harcèlement, licenciement, emprisonnement, isolement, résidence surveillée et exil.