La girafe, la loutre cendrée, le requin mako... Autant d'espèces qui sont désormais protégées par La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Telle est la décision prise au terme d'une réunion à Genève qui a regroupé plus de 180 pays et a été marquée par la colère de plusieurs pays africains.

Les États membres du CITES se retrouvent tous les deux ou trois ans pour amender la liste des espèces sauvages – environ 36 000 à ce jour – régies par la CITES. La convention est chargée de vérifier la bonne mise en œuvre des décisions et peut imposer des sanctions. L’édition de cette année était très en vue après qu’un rapport de l’ONU, en avril dernier, ait mis en avant qu’un million d’espèces étaient menacées d’extinction à cause des activités humaines.
L’inscription de nouvelles espèces et l’interdiction du commerce international pour d’autres marquent "la reconnaissance de l’urgence", a salué la secrétaire générale de la CITES, Ivonne Higuero, lors de la conférence de presse de clôture. Parmi les animaux emblématiques, la CITES a introduit la girafe dans son annexe II – qui soumet le commerce international à des permis d’exportation à condition qu’il ne porte pas atteinte à la survie des animaux dans la nature.
Les délégués ont reconnu pour la première fois que le commerce de peaux, cornes, sabots et os de girafes constituait une menace pour la survie de l’espèce, dont la population a décliné en Afrique d’environ 40% en trente ans.
Des pays africains menacent de partir
Les experts ont aussi quasiment interdit le commerce international d’éléphants sauvages d’Afrique pour les mettre en captivité dans des zoos ou des parcs de loisirs. Le Zimbabwe, qui selon des ONG vend des éléphanteaux à la Chine, a tenté, en vain, de contrer le vote en séance plénière mardi 27. De plus, la CITES a aussi refusé d’autoriser la vente de stocks d’ivoire, dont le commerce international est strictement interdit depuis 1989.
Le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, dont le pays traverse une grave crise économique, a dénoncé ces décisions via le quotidien d’État The Herald. "Le sort de nos animaux sauvages est discuté à Genève, un endroit sans rapport avec eux", s’est-il insurgé. La Tanzanie, qui s’exprimait au nom de dix pays, dont le Zimbabwe, le Botswana et l’Afrique du Sud, a déclaré que "le temps est venu de sérieusement considérer si notre appartenance à la CITES présente des avantages significatifs".
Cette option constitue "une grande inquiétude pour moi", a reconnu Yvonne Higuero. "Partir n’est pas une solution", a-t-elle ajouté. Si des pays se retirent de la CITES, ils doivent toujours remplir des obligations pour commercialiser des espèces à l’international. "Ce qu’ils n’ont pas c’est une chaise autour de la table" des négociations, assène Craig Hoover, président d’une des commissions. "Il est dommage de brandir la menace de partir" de la CITES, a commenté à l’AFP le Gabon, membre d’une coalition pour l’éléphant d’Afrique.
Requins, loutres, marsouins
En outre de la protection des animaux emblématiques du continent africain, 18 espèces de raies et de requins et trois de concombres de mer ont fait leur entrée à l’annexe II. Les requins makos, en particulier, très menacés, sont désormais protégés. La CITES a aussi renforcé la protection de deux espèces de loutres d’Asie, la loutre cendrée et la loutre à pelage lisse, très prisées au Japon comme animaux de compagnie.
Elle a également mis la pression sur le Mexique pour mieux protéger le vaquita, le plus petit marsouin au monde, dont il ne resterait qu’une dizaine de représentants, n’excluant pas des sanctions si rien de plus n’est fait d’ici un an.
Ludovic Dupin avec AFP

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