À Saint-Denis, la chaîne humaine contre les dealeurs reprend le chemin de l’école

Ce lundi, jour de rentrée, la chaîne des parents de l’école Hugo-Balzac se reconstituera pour dire que la bataille contre le trafic de drogue continue.

 Archives. Saint-Denis, jeudi 13 juin. Des parents d’élèves forment une chaîne humaine pour signifier leur ras-le-bol des trafics de drogue dans le quartier.
Archives. Saint-Denis, jeudi 13 juin. Des parents d’élèves forment une chaîne humaine pour signifier leur ras-le-bol des trafics de drogue dans le quartier. LP/N.R.

    Ce sera leur première vraie rentrée scolaire. La chaîne des parents d'élèves mobilisés contre les dealeurs sera fidèle au poste ce lundi, dès 8h20, devant l'école Hugo-Balzac à Saint-Denis.

    Le 13 mai dernier, ces mères de famille avaient forcé l'admiration en se tenant tous les matins par la main pour former symboliquement un cordon sanitaire entre l'école de leurs enfants et le reste de la cité Delaunay-Belleville.

    L'école, base de repli des dealeurs

    Dans ce quartier du nord de Saint-Denis, le trafic endémique de drogue s'est peu à peu insinué dans les écoles. Le point de non-retour avait été atteint mi-mai lorsqu'un trafiquant s'était introduit dans l'établissement un jour de classe. L'incident avait entraîné le confinement des 600 élèves pendant plus d'une heure, et déclenché un mouvement de protestation sans précédent des parents.

    Les mères, essentiellement, étaient montées en première ligne. L'école, jusque-là épargnée par le trafic, était devenue l'une des bases de repli des dealeurs. La découverte dans la semaine qui suivit de quelques grammes de cannabis dans les locaux confirmait ces craintes.

    «Nous irons jusqu'au bout »

    Nadine, l'une des initiatrices de la chaîne humaine, reprendra donc le chemin de l'école lundi avec une légère appréhension. « Après les vacances, les parents répondront-ils à l'appel ? Nous sommes un noyau dur de quinze à vingt personnes qui iront jusqu'au bout », avertit cette maman de deux enfants. Et pour les semaines à venir une invitation est lancée : « Notre idée est de multiplier des chaînes devant toutes les écoles du quartier », poursuit-elle.

    Elle veut aussi passer à la vitesse supérieure. « Nous voulons obtenir des résultats et pouvoir vivre à Saint-Denis sans les crieurs dans chaque rue », résume-t-elle. Les crieurs, ce sont les guetteurs qui poussent des cris stridents pour avertir les revendeurs, lors de chaque passage de la police. Après avoir tiré la sonnette d'alarme, elle estime que la balle est dans le camp des politiques.

    Une brigade de surveillance a été créée

    Le message a été reçu par le nouveau préfet de Seine-Saint-Denis, Georges-François Leclerc. Dans un courrier, le représentant de l'Etat a indiqué : « Dans le cadre de la mise en place de la police de sécurité du quotidien (PSQ), le quartier Belleville ainsi que quatre autres quartiers nord de la ville bénéficient d'effectifs de police supplémentaires. Une brigade dédiée à la surveillance et la sécurisation a été créée. En lien avec les services d'enquête judiciaires, elle a pour objectif de lutter contre les troubles relatifs aux trafics ».

    Mais cette mesure ne répond qu'en partie aux souhaits des parents. Dix nouveaux policiers ont été affectés au commissariat. « Ils passent plus fréquemment, reconnaît Nadine. Mais nous voulons plus de moyens pour l'éducation, la justice, qu'il y ait une meilleure gestion de l'espace public. Nous souhaitons voir plus d'employés municipaux dans le quartier. Le problème, c'est que nous nous sentons abandonnés ».