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Aux Bahamas, des conditions « apocalyptiques » pendant le passage de l’ouragan Dorian

Son passage a fait cinq morts et au moins 61 000 personnes auraient besoin d’aide alimentaire, selon l’ONU. La tempête devrait s’approcher de la côte est de la Floride entre mardi soir et mercredi matin.

Par  et  (Washington, correspondant)

Publié le 03 septembre 2019 à 06h33, modifié le 03 septembre 2019 à 17h50

Temps de Lecture 4 min.

Après le passage de l’ouragan Dorian à Freeport (Bahamas), le 3 septembre.

Cinq morts, au moins 13 000 habitations dévastées : un bilan provisoire du passage de l’ouragan Dorian a été communiqué par les autorités de l’archipel caribéen des Bahamas, lundi 2 septembre, ainsi que par la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Le premier ministre, Hubert Minnis, a évoqué une « tragédie historique ». « Notre mission et notre objectif sont désormais la recherche, le sauvetage et la reconstruction », a-t-il précisé. Cela s’annonce long et difficile.

L’ouragan est en effet passé presque au ralenti dans la nuit de dimanche à lundi au-dessus des îles Abacos avant de stationner dans la journée de lundi à environ 40 km au nord de Grand Bahama. Cette lenteur a accentué les effets dévastateurs de ses vents très violents et des pluies torrentielles qui les accompagnent, même si Dorian a été rétrogradé lundi en catégorie 4 sur l’échelle de Saffir-Simpson, puis en catégorie 3 mardi matin et, enfin, en catégorie 2 mardi après-midi.

Conditions « apocalyptiques »

« Les premiers rapports en provenance d’Abaco indiquent que les dégâts sont considérables et sans précédent, a déclaré M. Minnis. Ils sont profondément inquiétants. Les images et les vidéos que nous voyons sont déchirantes. » Michael Scott, le gestionnaire d’un complexe hôtelier de Grand Bahama cité par le New York Times lundi, a évoqué des conditions « apocalyptiques ». Le ministre de l’agriculture des Bahamas, Michael Pintard, qui vit sur cette île, est parvenu à diffuser un film pris à l’intérieur de sa maison inondée, battue par des vagues d’eau boueuse.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a expliqué s’attendre pour le moment à ce que 14 000 personnes aient besoin d’aide alimentaire dans les îles Abacos et 47 000 autres dans l’île de Grand Bahama. L’agence spécialisée de l’ONU attend désormais l’accord du gouvernement pour lancer une évaluation plus précise sur le terrain. De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est dite prête à envoyer des brigades médicales d’urgence.

Le parcours singulier de Dorian a empêché lundi l’envoi de secours. « Cela retardera toute possibilité d’accéder à ces deux îles et de collecter des informations spécifiques sur le niveau d’impact », a estimé lundi Ronald Jackson, le directeur exécutif de l’Agence caribéenne de gestion d’urgence des catastrophes chargée des opérations, qui ne pourront pas débuter avant mercredi. L’essentiel de la population de ces deux îles avait été évacuée avant l’arrivée de l’ouragan, ou rassemblée dans des abris.

Des habitants traversent une rue innondée à Freeport (Bahamas), le 3 septembre, après le passage de l’ouragan Dorian.

L’ampleur des dégâts qu’esquisse le premier bilan est d’autant plus impressionnante que les Bahamas ont adopté depuis près de vingt ans des normes contraignantes en matière de construction, en imposant notamment aux nouveaux édifices une résistance à des vents de plus de 200 km/h. Ces normes sont assez proches de celles en vigueur dans le sud de la Floride, soumise aux mêmes aléas climatiques. L’archipel est sans doute l’un des mieux armés des Caraïbes face à des phénomènes météorologiques aussi intenses.

Selon le Centre national des ouragans des Etats-Unis, la tempête devait s’approcher de la côte est de la Floride entre mardi soir et mercredi matin. Elle pourrait ensuite longer les côtes de Géorgie et de Caroline du Sud mercredi soir et jeudi, jusqu’à celles de la Caroline du Nord. Sans attendre, ces Etats ont ordonné l’évacuation de centaines de milliers de personnes résidant dans les zones côtières qui pourraient être balayées par Dorian. Le centre a souligné que la rétrogradation de l’ouragan ne modifiait pas sa dangerosité.

« Il n’y a pas de temps à perdre »

L’ancien gouverneur de Floride, Rick Scott, aujourd’hui sénateur, n’a cessé de mettre en garde ses administrés sur son compte Twitter. « Il n’y a pas de temps à perdre. Souvenez-vous que l’on peut reconstruire votre maison mais qu’on ne peut pas faire de même avec votre vie », a-t-il écrit avant de préciser : « Ce soir est votre dernière chance pour partir et pour rassembler des vivres avant que les conditions deviennent trop dangereuses. »

Dorian, alors classé en catégorie 1, avait traversé Porto Rico le 28 août sans faire de dégâts sur ce territoire ravagé en septembre 2017 par Maria, un ouragan de catégorie 5. Il n’a ensuite cessé de gagner en vigueur. L’intensification rapide est l’un des effets des changements climatiques sur les ouragans. Elle se produit lorsque la vitesse des vents de l’ouragan augmente de 35 milles par heure (56 km/h) ou plus, sur une période de vingt-quatre heures.

Le pourcentage de phénomènes tropicaux qui se sont intensifiés rapidement dans l’océan Atlantique a triplé au cours des trois dernières décennies, selon une étude publiée en février dans Nature Communications. Les tempêtes qui se renforcent rapidement sont souvent les plus difficiles à prévoir et sont également plus susceptibles de devenir des ouragans majeurs.

265 milliards de dollars de dommages

En 2017, la saison des ouragans dans l’Atlantique Nord, qui débute en juin, avait enregistré 17 tempêtes nommées, dont 10 ouragans et en particulier 6 majeurs – bien au-dessus de la moyenne de 12,1 tempêtes nommées, 6,4 ouragans et 2,7 ouragans majeurs pour la période 1981-2010. Les trois principaux cyclones – Harvey, Irma et Maria – avaient entraîné 265 milliards de dollars de dommages aux Etats-Unis, contribuant ainsi à l’année la plus coûteuse en matière de catastrophes climatiques et météorologiques pour le pays. L’an dernier, la saison s’était également avérée dense, avec 15 phénomènes cycloniques dont 6 ouragans (parmi lesquels Michael et Florence).

Avec des vents qui ont frôlé 300 km/h, Dorian a égalé un record de 1935 de l’ouragan le plus puissant de l’Atlantique à avoir touché terre. Le seul ouragan plus intense encore fut Allen, en 1980, avec des vents de 305 km/h, mais il n’a pas touché terre à cette vitesse.

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Dorian est le deuxième ouragan de la saison après Barry, qui avait frappé les Etats-Unis à la mi-juillet. Ce dernier était alors classé en catégorie 1 et s’était abattu sur les côtes de Louisiane sans faire de dégâts majeurs, avant d’être rétrogradé en tempête tropicale.

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