L’obésité et le surpoids génèrent non seulement d’importants problèmes de santé, mais ils pèsent aussi lourdement sur notre Planète : 140 milliards de tonnes de nourriture sont ainsi consommées en excès, ce qui représente une empreinte carbone considérable.


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    Les poubelles remplies de nourriture suscitent à juste titre l'indignation de la plupart des gens. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAOFAO) estime ainsi qu'un tiers de la nourriture produite dans le monde est perdu avant même d'être consommé, soit 1,6 milliard de tonnes gâchées chaque année. Mais il existe un gaspillage caché bien plus considérable : celui de toute la nourriture ingérée en excès par la population. Plus de 1,9 milliard d'adultes et 41 millions d'enfants sont aujourd'hui considérés obèses ou en surpoidssurpoids. Et cette nourriture excédentaire représente 140 milliards de tonnes, soit 100 fois plus que la nourriture jetée, révèle une étude publiée en août dans la revue Frontiers in Nutrition.

    L’équivalent de 7 années d’émissions de CO2 issues des énergies fossiles

    Non seulement le surpoids est mauvais pour la santé, mais il entraîne aussi un gigantesque gaspillage et un terrible coût écologique. D'après les calculs des chercheurs, la production de nourriture « inutile » génère ainsi 240 milliards de tonnes de CO2 par an, l'équivalent de l’ensemble des émissions issues des énergies fossiles émises durant ces 7 dernières années, indique l'étude. Sans compter les 343 millions de mètres cubes d'eau perdus et les 3.785 kilomètres carrés de surface accaparés inutilement.

    Le poids (en milliards de tonnes) de nourriture consommée en excès. L’Europe est la région qui surconsomme le plus de denrées alimentaires. © C.D, d’après Elisabetta Toti et al,<i> Frontiers in Nutrition, </i>2019
    Le poids (en milliards de tonnes) de nourriture consommée en excès. L’Europe est la région qui surconsomme le plus de denrées alimentaires. © C.D, d’après Elisabetta Toti et al, Frontiers in Nutrition, 2019

    Pour leur estimation, les chercheurs ont calculé le poids total en kilo de l'excès de « gras corporel » en comparant l'indice de massemasse corporel (IMCIMC) moyen de chaque pays avec l'IMC idéal (21,7 kgkg/m2). Ils ont ensuite cherché l'origine alimentaire (produits laitiers, œufs, viande, céréales, poisson, matièresmatières grasses, légumineuseslégumineuses...) de cet excès de poids grâce aux données de la FAO, puis ils ont regardé combien de ressources étaient nécessaires à leur production. Ils sont ainsi parvenus à établir le poids total de nourriture dilapidée et l'empreinte carbone de ce gaspillage en terme de CO2, d'utilisation de l'eau et de sols.

    On obtient ainsi une vision un peu différente de la situation : les fruits, légumes et tubercules ont le plus fort taux de gaspillage « direct », mais ils représentent une faible part de l'excès calorique et nécessitent moins de ressources pour leur production. La consommation excessive d'énergie est surtout dominée par des aliments plus denses en caloriescalories, comme la viande ou les produits laitiers impliquant davantage de terresterres, d'eau et de gaz à effet de serregaz à effet de serre. Ces données sont toutefois calculées au niveau global pour chaque pays et non au niveau de chaque individu, ce qui biaise un peu le résultat -- on peut ainsi supposer que les populations en surpoids ont une alimentation plus riche en produits transformés, sucresucre et matières grasses.

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    L'autre enseignent de cette étude, c'est que l'activité physiquephysique, souvent présentée comme un moyen de lutter contre l'obésitéobésité, risque d'exacerber le problème. Continuer à manger tout ce que l'on veut avec l'idée de perdre ensuite ce « trop plein » en faisant de l'exercice ne va pas faire diminuer la pressionpression environnementale de cette nourriture excédentaire. Plutôt que d'adapter notre activité physique à notre alimentation, il est préférable d'adapter notre alimentation à nos besoins physiques réels, conseillent les auteurs.