TÉMOIGNAGE - Henriette est une rescapée des bombardements alliés de 1944 au Havre
Le Havre commémore ce jeudi les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Le 5 septembre 1944, les Alliés lançaient l'assaut sur la cité Océane occupée par les Allemands. Bilan : une ville rasée à plus de 80%, 80 000 sinistrés et 2 000 tués. Henriette Leprovost avait 17 ans, elle se souvient.
C'était il y a 75 ans, le 5 septembre 1944, les Alliés décidaient de bombarder la ville du Havre, alors occupée par les Allemands. Pendant que les autres villes françaises accueillaient les Alliés en libérateurs, au Havre, il fallait tout reconstruire. Car en quelques heures, 1 800 tonnes de bombes explosives et 30 000 engins incendiaires s'abattaient sur la cité Océane, la détruisant à plus de 80%. Depuis l'actuel emplacement de la gare, on pouvait même voir la mer... plus aucun bâtiment n'était debout, il n'y avait qu'un champ de ruines. Henriette Leprovost avait 17 ans, elle faisait partie des Equipes Nationales, un groupement de jeunes qui venait en aide aux sinistrés de la guerre, elle se rappelle parfaitement le moment où les bombes se sont abattues sur sa ville.
Deux heures sous les bombes
Ce 5 septembre 1944, Henriette est au quartier général des Equipes Nationales, dans l'immeuble où se trouve le café Guillaume Tell, avenue Foch, non loin de la mairie. Elle entend les avions, voit les fusées rouges, un signe qui ne trompe pas. Un bombardement est imminent. Elle se réfugie donc dans la cave "défense passive" sous l'immeuble.
"Je n'avais pas peur, j'étais fataliste, je me disais "aujourd'hui c'est moi""
Henriette a perdu ses parents et sa sœur le 5 juin 1944 à Sainte-Adresse, la veille du Débarquement sur les côtes du Calvados. Un avion de reconnaissance britannique pris pour cible par les Allemands, a largué ses bombes, une est tombée sur la maison d'Henriette. Elle était déjà partie au collège ce jour-là. Trois mois après, elle ressort vivante des décombres, dans une ville qu'elle ne reconnaît plus.
"C'était le calme absolu. Il n'y avait plus de ville, on voyait la mer"
C'est un autre jeune des Equipes Nationales qui l'aide à retrouver son chemin : "Je ne savais pas où j'étais, je n'ai pas su par où j'étais passée pour rejoindre la maison de ma tante."
Un traumatisme
"Ma tante m'a lavé les cheveux sept fois pour me débarrasser de la poussière"
Le lendemain, Henriette et sa tante fuient de nouveau les bombardements. Elles se réfugient dans le tunnel Jenner, du "bon côté" du tunnel dit-elle. Une bombe est larguée devant une des entrées du tunnel, impossible pour les civils de sortir, 319 personnes meurent asphyxiées.
Henriette est alors malade. Elle vomit, perd huit kilos en quelques semaines, un contre-coup du choc. Elle quitte Le Havre deux ans plus tard pour vivre 12 ans à Paris, avant de revenir dans sa ville, reconstruite.
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