La startup de la semaine  : Lactips ou le plastique alternatif à base de protéines de lait

Toutes les semaines, La Tribune braque les projecteurs sur une pépite méconnue de la French Tech. Cette semaine, Lactips. Lancée en 2014, cette jeune pousse ligérienne fabrique un plastique entièrement soluble, biodégradable et comestible... à base de protéines de lait.
Anaïs Cherif
Le plastique biodégradable de Lactips emballe notamment des pastilles de lessive ou de lave-vaisselle.
Le plastique biodégradable de Lactips emballe notamment des pastilles de lessive ou de lave-vaisselle. (Crédits : Lactips)

Produire un plastique sans plastique ? C'est le défi que s'est lancé Lactips, startup basée à Saint-Jean-Bonnefonds, près de Saint-Etienne (Loire). Créée en 2014, cette jeune pousse fabrique un plastique entièrement soluble, biodégradable et comestible à partir de surplus de protéines de lait. « Notre plastique est composé à 60% de caséine de lait. L'idée était de remplacer le plastique courant par un substitut super-naturel et non impactant sur l'environnement », explique Marie-Hélène Gramatikoff, co-fondatrice et Pdg. La jeune pousse a été co-fondée par Frédéric Prochazka, chercheur à l'université Jean Monnet de Saint-Etienne, après dix années de recherche.

Quand le lait séché devient des granulés de plastique

Lactips se fournit auprès de laiteries : une fois le lait craqué, celui-ci peut être utilisé pour produire du beurre ou encore de la crème... Reste alors le lait écrémé qui, une fois séché, peut se transformer en poudre. C'est à cette étape que la startup achète sa matière première pour ensuite la transformer en petits granulés de plastique. Lactips dispose actuellement de deux lignes de production, avec une capacité de 1.500 tonnes par an.

Dès son lancement, la startup a ciblé le marché de la détergence. Le but : fabriquer pour les grands industriels des films plastiques solubles permettant de conditionner à l'unité des produits en poudre ou en tablette, comme les pastilles de lave-vaisselle ou de lessive par exemple. Pour la commercialisation de sa solution, l'entreprise a signé en mai dernier un contrat d'exclusivité avec le géant allemand BASF, l'un des plus grand groupe de chimie au monde. Cet accord porte sur des applications liées à l'entretien de la maison, des bureaux et des usines.

Le marché de l'agroalimentaire en ligne de mire

« Notre produit est modifiable pour s'adapter à différents segments de la plasturgie », souligne la co-fondatrice de Lactips. C'est pourquoi la jeune pousse est en train de s'attaquer au marché de l'agroalimentaire grâce à son plastique comestible.

« Il y a de très gros enjeux sur le marché, notamment ceux liés à la sécurité alimentaire », illustre Marie-Hélène Gramatikoff. « Par exemple, les colorants alimentaires sont très difficiles à doser pour les mixes : ils sont volatils, ils peuvent se coller partout... Notre plastique peut permettre de réaliser des dosettes à l'unité pour faciliter le pré-mixe. »

Dans cette optique, Lactips a signé en juillet dernier un contrat de distribution avec IMCD Group, poids lourds de l'industrie agro-alimentaire.

Levée de fonds et nouvelle usine d'ici 2021

Pour trouver de nouveaux marchés, la startup compte profiter des réglementations de plus en plus strictes en la matière. Le Parlement européen a par exemple voté en mars dernier l'interdiction des produits en plastique à usage unique. C'est pourquoi Lactips dit travailler entre autres sur la fabrication de coton-tige et couverts.

Actuellement en phase d'industrialisation, Lactips planche sur l'ouverture d'une nouvelle usine de 2.500 m² d'ici le début de l'année 2021, dans la vallée du Gier, toujours près de Saint-Etienne. Celle-ci devrait permettre de doper les capacités de production à « 3.000 tonnes par an et au-delà ». Pour financer son projet, la startup d'une quarantaine d'employés souhaite lever des fonds dans les six à douze prochains mois. Son dernier tour de table a été bouclé en juillet 2018, pour un montant de 3,7 millions d'euros. Auparavant, Lactips avait levé 1,2 million d'euros en 2016. La startup a également bénéficié d'une subvention européenne de 1,5 million d'euros en 2017 dans le cadre de l'appel à projets européen H2020 "Instrument PME Phase 2". Lactips, qui n'est pas encore rentable, ne communique pas son chiffre d'affaires.

Anaïs Cherif

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Commentaires 3
à écrit le 20/09/2019 à 11:50
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S'associer avec BASF, voilà qui en dit bien long sur les soi-disantes idées "écolo" de cette start-up... Ce n'est ni novateur, ni ingénieux, ni malin, juste une énorme mascarade.

à écrit le 05/09/2019 à 13:37
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Je me suis toujours étonné que des gens achètent des yaourts bio dans un pot PVC ! et tout à l'envie . . .

à écrit le 05/09/2019 à 8:51
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Une excellente nouvelle mais l'UERSS empire prévu pour durer mille ans a ses raisons que la raison n'a pas et s’accoquiner avec BASF, multinationale allemande est risqué de part leur incapacité à évoluer, leur réflexe c'est d'acheter pour détruire. ...

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