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Les éleveurs laitiers vont pouvoir vendre le CO2 qu'ils auront évité de rejeter

Le ministère de la Transition écologique a validé la première méthode d'évaluation des réductions de CO 2 réalisées dans les élevages bovins. Elle va permettre aux 48.000 exploitants de cette filière de monétiser le résultat de leurs actions bas carbone et de s'assurer une nouvelle source de revenus − plusieurs milliers d'euros pour un élevage moyen.

Par Joël Cossardeaux

Publié le 5 sept. 2019 à 09:30Mis à jour le 6 sept. 2019 à 15:58

Un nouveau complément de revenus bienvenu se profile pour les exploitants des 58.000 fermes laitières de France. Le ministère de la Transition écologique est sur le point de valider par arrêté le premier mode d'emploi destiné à évaluer les baisses d'émissions additionnelles des gaz à effet de serre liés aux élevages.

Elaborée par l'interprofession de la filière bovine et baptisée « Carbon Agri », cette « méthode de suivi » présente toutes les garanties de conformité réclamées par la très sourcilleuse Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC), qui veut écarter tout risque de fraude au Label Bas Carbone lancé le printemps dernier par le gouvernement. Le dispositif consiste à faire financer des initiatives locales de lutte contre l'effet de serre et de séquestration de CO2 par tout acteur économique soucieux de compenser ses émissions de carbone.

Un objectif de réduction à tenir

La formule est susceptible d'intéresser, par exemple, le comité d'organisation des Jeux Olympiques de Paris. Paris 2024, qui s'est engagé à réduire de 55 % leur empreinte carbone par rapport à ceux de Londres, pourrait acheter aux exploitants laitiers les quantités de CO2 économisées dans leur activité.

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A ce jour, 10.000 exploitations ont réalisé le « diagnostic bas carbone » préconisé par le Centre National Interprofessionnel de l'Economie Laitière (CNIEL) . Ce dispositif, lancé en 2014, vise à identifier ferme par ferme les leviers d'action envisageables pour réduire de 20 % l'empreinte carbone de toute la filière d'ici à 2025.

La mission n'a rien d'impossible. Cette empreinte, qui était en moyenne de 1,02 kg équivalent CO2 par litre de lait et par exploitant en 2016, a déjà diminué. Celle-ci s'établit aujourd'hui à 0,91 kg. Mais il y a encore beaucoup de chemin à faire, sachant que 4 % des émissions de gaz à effet de serre sont liées à l'élevage laitier, que chaque ferme peut réduire les siennes à hauteur de 5 à 50 % et qu'il reste encore 48.000 exploitations à mettre en mouvement.

Un défaut dans la cuirasse

Pour les éleveurs, le jeu pourrait financièrement en valoir la chandelle. Entre 3.500 et 4.000 euros par an reviendraient à l'exploitant d'un élevage de taille moyenne (500.000 litres de lait par an) qui parviendrait à éviter de 350 à 400 tonnes de CO2 par an. A condition cependant que leurs acquéreurs prennent pour référence le marché européen du carbone, sur lequel les grandes industries polluantes sont tenues d'échanger leurs quotas de CO2 − le cours actuel du carbone est de 10 euros la tonne.

Ces gains substantiels viendraient s'ajouter à ceux générés par les actions environnementales. Selon l'Institut de l'élevage, qui a analysé 1.143 élevages bretons, les fermes qui ont les émissions de CO2 les plus basses jouiraient d'une marge « aux 1.000 litres de lait » supérieure de 30 euros à celle des élevages les plus émetteurs. La raison tient au fait que leurs charges opérationnelles, comme celles liées à l'achat d'engrais, sont moins élevées.

« Chaque projet certifié 'Carbon Agri' comprendra d'emblée l'identité de l'acheteur qui donnera son prix », indique Thierry Geslain, le directeur du développement durable du CNIEL. France Carbon Agri Association, une structure qui réunit les fédérations d'exploitants de ruminants, va se charger de faire émerger les projets et de gérer la logistique administrative.

Les 5.200 éleveurs des Pays de la Loire seraient déjà partants pour s'engager dans ce dispositif. Celui-ci permet de monétiser les réductions d'émissions de CO2 à venir. Mais pas seulement celles-là. « Les éleveurs qui ont fait un diagnostic peuvent bénéficier de ce dispositif s'il date de moins de 4 ans », signale encore le représentant du CNIEL. « Mais ils ne pourront valoriser que les baisses d'émissions liées à des changements de pratique mises en place après le dépôt d'un projet », précise t-il.

Joël Cossardeaux

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