Yann Moix : des écrits antisémites, négationnistes et aussi... négrophobes

PARTI PRIS. Dans « Ushoahia », rédigé et illustré par le romancier à la fin des années 1980, l'auteur d'« Orléans » s'attaquait aux Noirs en plus des juifs.

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Temps de lecture : 3 min

« À la télévision, on l'a entendu s'excuser particulièrement, selon son expression, auprès de la communauté juive, mais, sur les Noirs, rien. Le milliard et demi d'individus à la peau noire ne compte pas pour Yann Moix », remarque maître Emmanuel Pierrat, l'avocat du frère et du père de l'écrivain. « Il ne s'agit pas de concurrence mémorielle. Mais cela pose question sur la sincérité de son repentir », poursuit-il.

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« C'est mon professeur de philosophie d'origine antillaise qui me le rappelait un jour : Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l'oreille, on parle de vous », se souvient l'avocat. On pense à cette citation de l'écrivain martiniquais Frantz Fanon (1925-1961), tirée de Peau noire et masques blancs (Le Seuil,1952), contre l'intériorisation mentale du complexe d'infériorité des non-blancs lorsqu'on referme les 32 pages de diatribes négrophobes et antisémites du « spécial Éthiopie » d'Ushoahia, le fanzine négationniste rédigé et illustré par Yann Moix. L'existence de ces textes révélée par L'Express a pu montrer l'antisémitisme virulent de l'écrivain de Jubilations vers le ciel. On peut ajouter au débit du romancier son racisme anti-Noir. Sa virulence négrophobe s'additionne dans ce numéro aux saillies antisémites et négationnistes.

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Stéréotypes éculés

Au mitan des années 1980, la famine sévit en Éthiopie. À la fin de la décennie, Yann Moix se souvient de la mobilisation internationale et prend prétexte de l'unanimisme pour, croit-il, jeter un pavé dans la mare (de sang) et singer Céline sur le ton de Bagatelle pour un massacre. Des concerts pour récolter des fonds  ? « Du Rock'N' Torah », comme l'a révélé L'Expressdimanche 1er septembre. « Des photos de petits nègres rachitiques au petit bide rebondi  ? Ce ne sont que les négatifs des photos truquées par les juifs sur les prétendus camps de la mort. »

Il relaie des stéréotypes aussi éculés que le racisme. Ainsi la une de son journal : un Africain famélique et libidineux, couteau et fourchette dans les mains, au sexe proéminent en érection, se pourlèche les babines, couverture du magazine Lui représentant des femmes nues à ses côtés. C'est Gringoire ronéotypé.

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Les textes sont à l'avenant : « Je suis noir, mais je me soigne... » ouvre la rubrique « Humeurs noires ». Laquelle commence par comparer un chien à un homme noir et « rappelle » également les origines « simiesques » de l'homme de couleur. L'auteur décomplexé sous son anonymat, comme sur les réseaux sociaux d'aujourd'hui, écrit le pire : « Je suis un Noir, je suis le dissemblable de l'homme, le boulet qu'il traîne à ses pieds comme l'héritage de son passé simiesque. »

Indécence

Né en 1968, il a rédigé ses pamphlets à la fin des années 1980 : un texte sur l'exécution à mort du dictateur roumain Nicolae Ceausescu donne une indication très précise. On est à l'aube des années 1990. « Yann Moix a affirmé qu'il pensait envoyer ses textes et dessins à Hara-Kiri, explique Emmanuel Pierrat. L'hebdomadaire ne paraîssait plus qu'épisodiquement en 1988 et 1989. Penser que le journal de Choron et Cavanna aurait publié des récits aussi racistes, c'est indécent... »

Si Yann Moix a présenté ses excuses et a tenté de se justifier sur ses « erreurs de jeunesse », il n'a pris la parole que pour « rassurer » ce qu'il appelle la « communauté juive » et ses représentants. Les Noirs  ? Ni lui ni les commentateurs – encore moins chez Ruquier qu'ailleurs – ne lui ont demandé de comptes. Un racisme à bas bruit.

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Commentaires (10)

  • Jacoppo

    Lorsque on fait les conneries qu il a fait, on attend pas 20 ans pour les expurger. C est du n importe quoi. Il est certainement sincère dans sa volonté de se racheter, mais il manque de dignité pour lui-même. On appelle ça un pauvre type c est tout. Qu il continue à officier avec la bénédiction de certains qui eux, par contre, l'accorde pour ne pas se sentir idiots.

  • augis

    Et heureusement qu'il n'avait pas 20 ans pendant la guerre d'Algérie, ni sous Pétain...

  • NAJIA.76

    Ce qui difficile à accepter pour l’esprit, c’est lorsque des comportements ou des faits sont gratuits.

    Et bien M Moix n’a plus qu’à se mettre au wolof et présenter ses excuses.

    Dans l’authenticité d’une réflexion, on est entier ou on ne l’est pas.