Emploi : le nombre de licenciements économiques dégringole

En 2017, 143.900 personnes sont entrées à Pôle emploi à la suite d'un licenciement économique contre 162.625 l'année précédente selon de récents chiffres du ministère du Travail. Mais cette baisse est en partie compensée par le boom des ruptures conventionnelles.
Grégoire Normand
"Le nombre de salariés concernés par des mesures de reclassement ou de reconversion dans les entreprises confrontées à de graves difficultés diminue depuis 2011 – en lien notamment avec la fin des cellules de reclassement" selon la Dares.

Whirlpool à Amiens, Tupperware à Joué-lès-Tours, l'usine Ford à Blanquefort... Les dossiers sensibles liés à des restructurations se sont multipliés ces dernières années. Malgré des milliers d'emplois supprimés ou menacés, les licenciements pour motif économique ont moins la cote. Selon un document du service de statistiques du ministère du Travail (Dares), publié ce mercredi 4 juillet, le nombre d'inscriptions à Pôle emploi à la suite d'un licenciement économique est passé de 162.625 à 143.890 entre 2016 et 2017, soit une chute de 12%.

Après avoir connu un pic en 2009 (303.610) au moment de la grande crise économique, le nombre d'entrants chez l'opérateur public baisse régulièrement. En 2017, la croissance du produit intérieur brut (PIB) avait atteint un taux exceptionnel de 2,3% avec une baisse importante du chômage. Depuis, le moteur de l'économie française tourne au ralenti. La plupart des conjoncturistes tablent sur une croissance autour de 1,3% pour cette année alors que les perspectives économiques des grandes puissances de la zone euro s'assombrissent. La multiplication des dossiers sensibles sur le front industriel pourrait à nouveau gonfler les chiffres de Pôle emploi cette année. Surtout, la mise en oeuvre des ruptures conventionnelles collectives autorisées par les ordonnances Macron de septembre 2017 dans le cadre de la réforme du Code du travail pourrait inverser cette tendance. Plusieurs grands groupes comme PSA, Carrefour, Sanofi ou Société générale ont déjà eu recours à ce type de procédure.

> Lire aussi : La rupture conventionnelle collective : ça démarre fort

Les ouvriers qualifiés, premières victimes de licenciements économiques

La grande crise de la fin des années 2000 a plongé l'industrie française et la construction dans le marasme. Rien qu'en 2009, le cabinet Trendeo, dans une étude, avait recensé 379 fermetures d'usines contre 156 ouvertures, soit un solde négatif de 223. À l'époque, le ministère du Travail avait recensé un nombre record d'inscriptions à Pôle emploi pour licenciement économique.

En une décennie, le profil des inscrits pour ce motif n'a pas beaucoup changé. Selon les derniers chiffres de la Dares, ce sont surtout des hommes (56%), âgés entre 25 et 39 ans (36%) et qui occupent une fonction d'ouvriers ou d'employés qualifiés (59%). Ils sont suivis des ouvriers ou des employés non qualifiés (16%), des cadres (14%) ou des professions intermédiaires (11%). En revanche, "la part des 50 ans ou plus parmi les inscrits à la suite d'un licenciement économique est passée de 23 % en 2009 à 32 % en 2017" ajoutent les auteurs de l'étude.

Boom des ruptures conventionnelles

Outre l'embellie de la conjoncture, la montée en puissance des ruptures conventionnelles peut expliquer une diminution des licenciements pour motif économique. Rien qu'en 2018, 437.700 ruptures conventionnelles individuelles ont été homologuées par l'administration contre 191.200 dix ans plus tôt. Le succès de ce mode de rupture mis en place en 2009 n'est plus à démontrer et il pourrait encore prendre de l'ampleur. Dans un rapport du Sénat sur la justice prud'homale publié au mois de juillet, les auteurs expliquaient que "après la crise économique de 2008-2009, le nombre de licenciements a eu tendance à se réduire sur la période récente. Cette réduction est en partie liée à l'essor de la rupture conventionnelle depuis sa création par la loi du 25 juin 2008".

> Lire aussi : En 10 ans, le nombre de ruptures conventionnelles a explosé

Une baisse du nombre de plans de sauvegarde de l'emploi (PSE)

L'autre enseignement de cette étude est la diminution du nombre de plans de sauvegarde de l'emploi validés et/ou homologués. Selon un décompte des statisticiens de l'administration, ils sont passés de 740 en 2014 à 570 en 2017.

Là encore, il existe des disparités régionales criantes en lien avec la taille de la population active. Sans surprise, si l'Ile-de-France arrive en première position (651), elle est suivie de loin par Auvergne-Rhône-Alpes (278) et la Nouvelle-Aquitaine (267). À l'opposé, la Corse (7), le Centre-Val de Loire (106) et la Bretagne (115) ont été bien plus épargnées.

Grégoire Normand
Commentaires 12
à écrit le 06/09/2019 à 12:44
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@Fredo30400 «le libéralisme qui fait du moins disant social» C'est le consommateur qui fait le moins disant social en se jettant sur les premiers prix des grandes surfaces et en voyageant low cost. Vous avez le pouvoir et la responsabilité, ne vous...

le 06/09/2019 à 15:30
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Fredo a pourtant raison. Ce n’est pas parce que le consommateur paye cher que les employés seront mieux traités pour autant. Le meilleur contre-exemple à votre argumentaire étant dans le monde de l’habillement. Même les marques qui vendent très...

à écrit le 05/09/2019 à 21:34
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Du moment où il y a moins de travailleurs, tout va bien. Simple preuve qu'il y a plus de rentiers. Sinon, je compte sur vous pour faire quelques articles sur l'économie mondiale, soit, la géo-politique dans un monde basé sur le fric. On peut rêver ...

à écrit le 05/09/2019 à 18:48
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"Emploi : le nombre de licenciements économiques dégringole" On nous annonce ça comme si c'était un accident!! Mais malheureusement, quand on a plus rien a licencier... c'est un drame!

à écrit le 05/09/2019 à 9:41
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Emploi : le nombre de licenciements économiques en chute libre c'est le nombre de licenciements abusifs qui a explosé, les licenciés abusifs n'ont plus que les yeux pour pleurer les sans emplois deviennent non imposables et les classes moyennes...

le 05/09/2019 à 11:53
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Et donc, tout ça c'est la faute de Macron, la France se serait dégradée ainsi depuis son élection ! C'est vrai qu'avant 2017, tout fonctionnait à merveille dans notre beau pays, d'ailleurs, les Français en était tellement conscients qu'ils ont mis à ...

le 05/09/2019 à 12:10
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Le libéralisme qui fait du chantage au moins disant social fera que l'Occident deviendra tôt ou tard une zone en sous développement. Regardez les classements pisa, la baisse générale du QI, c'est une catastrophe pour nous tous.

le 05/09/2019 à 12:34
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La France degringole depuis belle lurette.

le 05/09/2019 à 13:37
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réponse @ Tartempion le 05/09/2019 à 11:53 : les Français ont de la mémoire : Macron a été le grand orientateur de Hollande Philippe Darmanin ont été de grands orientateurs de la Sarkozie et de la Chiraquie Lemaire a été un des fourvoyeurs de l...

le 05/09/2019 à 15:37
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Tartempion: vous avez en parti raison. A quelques détails :. Avant 2017 les choses étaient déjà bien dégradées.Mais Macron et le macronisme/hollandisme/sarkozysme étaient largement en place. Quand au ras le bol du PS et de LR il est bien réel. Ma...

à écrit le 05/09/2019 à 9:19
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Tant pis si ça énerve tous les conservateurs et tous les grincheux, mais peut-être que les réformes de ces dernières années y sont pour quelque chose. Na !

à écrit le 05/09/2019 à 9:05
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Climat: Le nombre d’inondations en chute libre ! Par ailleurs beaucoup moins de gens trempés par la pluie permettant ainsi de ne pas avoir à se changer et-c... :-) Bienvenu en UERSS, empire prévu pour durer mille ans, hélas...

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