Les Rennais sont de plus en plus nombreux à pratiquer des activités nautiques sur la Vilaine. Attention ! Non seulement il est interdit de s’y baigner mais surtout, on peut contracter la maladie des rats : la leptospirose.
Une plage à Baud-Chardonnet, des locations de bateaux électriques, la mode du paddle, le probable réaménagement des berges en centre-ville… Jamais les Rennais n’ont témoigné autant d’intérêt à leur fleuve. Ajoutez à cela, des températures caniculaires de cet été, et vous obtenez une formule magique qui donne des envies de baignade aux plus téméraires, que l’eau marronnasse ne décourage pas. Mais attention, les autorités rappellent qu’à Rennes, depuis le 3 juin 1992, piquer une tête dans la Vilaine est strictement interdit. Selon les recommandations de l’Agence régionale de santé, il en est de même dans de nombreuses autres communes bretonnes traversées par la Vilaine et d’autres cours d’eau.
La faute à la piètre qualité des eaux, souillées par des phosphates, nitrates, pesticides, métaux lourds, pollutions médicamenteuses ou bactériologiques, matières fécales, et urine de ragondins contenant des bactéries de leptospirose… Or, il suffit de quelques gouttes d’eau contaminée en contact avec une plaie ou des muqueuses pour qu’un humain contracte cette maladie qui peut lui être mortelle. Dans les cas les moins graves, les symptômes de la leptospirose s’apparentent à une grippe : fièvre (39 °C et plus), maux de tête, douleurs musculaires et articulaires. Mais les cas les plus sévères sont gravissimes.
Cet été, un adolescent de 17 ans habitant Ploërmel a été gravement malade après s’être baigné dans la Vilaine. Une autre suspicion plane sur un adolescent de 14 ans, habitant Pocé-des-bois, près de Vitré. L’Agence régionale de santé ne peut cependant pas donner de chiffres sur le nombre de cas. « Par le passé, nous en avons eu à Lannion, Loudéac, Ploërmel… Ce n’est pas une maladie à déclaration obligatoire, explique Hector Aranda-Grau, médecin inspecteur en santé publique à l’ARS. Souvent, les professionnels ne pensent pas à la déclarer. Voire, dans la très grande majorité des cas, ils la prennent pour une grippe ». Ce qui met la puce à l’oreille des soignants, c’est quand les fièvres deviennent hémorragiques. En 2012, plusieurs pompiers d’Ille-et-Vilaine avaient été sévèrement malades. Suite à un entraînement de sauvetage dans la Vilaine, ils ont perdu beaucoup de poids, développé des insuffisances rénales, eu des dents déchaussées… De même, l’été 2016, quatorze kayakistes d’Acigné avaient été très malades.
Alors quand les usagers du fleuve (pêcheurs, kayakistes, loueurs de bateaux) voient des gens se baigner, ils ne peuvent réfréner un frisson d’angoisse. « Cette année, j’ai vu plusieurs personnes se baigner, témoigne François Templé, patron des Petits Bateaux rennais. Les chaleurs donnent envie de se rafraîchir ».
Si la baignade est strictement interdite, toutes les activités nautiques ne sont pas soumises au même régime. Certaines, comme le paddle ou la planche à voile, sont jugées à risques, mais autorisées. « Il faut mettre une combinaison, ne pas avaler d’eau, ne pas avoir de gouttes dans la bouche ou les yeux », ajoute Hector Aranda-Grau. Quant au canoë-kayak, il faut éviter la pratique de l’esquimautage (car on se retrouve la tête dans l’eau).
L’ARS rappelle à ceux qui pratiquent un sport en eau douce qu’il est important de prendre une douche savonneuse « immédiatement après ». Elle conseille aussi de bien rincer son matériel à l’eau potable. En cas de plaie, il faut « laver abondamment à l’eau potable et au savon, désinfecter avec un antiseptique et protéger la plaie avec un pansement imperméable ». Enfin, dans le cadre d’une activité professionnelle ou d’un loisir régulier, il est recommandé de se faire vacciner.