C’est une première dans ce pays où « la haine » dont fait l’objet la communauté LGBT locale est farouche. Plus de 2 000 personnes ont défilé, dimanche 8 septembre, à Sarajevo à l’occasion de la Marche des fiertés LGBT (lesbiennes, gay, bi et trans) organisée dans la capitale bosnienne. « La marche s’est déroulée sans incidents », a déclaré un porte-parole de la police, Mirza Hadziabdic.
Le centre-ville avait été bouclé par la police, notamment par des forces antiémeutes, plusieurs heures avant le départ de la marche. Les forces de l’ordre ont empêché un groupe de 150 manifestants ayant répondu à l’appel d’un théologien musulman de s’approcher du boulevard par lequel la Marche des fiertés est passée. La police avait annoncé avant la marche que plus de 1 100 policiers y seraient déployés.
Sarajevo était la dernière capitale dans les Balkans à ne pas avoir organisé de Gay Pride. En 2008 et 2014, des islamistes radicaux et des hooligans y avaient agressé des participants à un festival gay.
« Un moment historique pour la Bosnie »
Agitant des drapeaux arc-en-ciel, des membres de la communauté LGBT mais aussi beaucoup d’habitants de Sarajevo ont marché sur quelque 1 500 mètres, avec pour point de départ symbolique un monument consacré à la libération de la ville à la fin de la Seconde guerre mondiale.
Au son de sifflets et de tambours, en chantant « Ay, Carmela ! » et en scandant « La ville nous appartient ! », les marcheurs sont arrivés sur le parvis du Parlement où des discours ont été prononcés. « Merci d’avoir marché avec nous aujourd’hui, dans la solidarité. Merci d’être à nos côtés pour rendre ce moment historique pour la Bosnie ! », a lancé à la foule Dajana Bakic, une des organisatrices de la marche.
Une autre militante, Lejla Huremovic, s’est félicitée de ce que les personnes LGBT cessaient par cette marche « d’être invisibles ».
« Aujourd’hui, nous disons plus fort qu’avant que nous nous battrons avec audace et dignité pour nos vies qui (…) ne peuvent pas être limitées à nos quatre murs, pour nos vies libérées de la peur et de la violence. »
Des ambassadeurs de plusieurs pays occidentaux, notamment états-unien, français, italien ou encore britannique, ont assisté au défilé.
Contre-manifestation
Pays de 3,5 millions d’habitants, la Bosnie prohibe officiellement toute discrimination fondée sur l’orientation sexuelle, mais ne reconnaît pas l’union entre personnes de même sexe. « Nous réclamons une société dans laquelle nous nous opposerons ensemble à la violence, à la haine, à l’isolement et à l’homophobie », a déclaré un autre militant, Branko Culibrk.
L’organisation de la Marche des fiertés a provoqué des réactions de certaines associations musulmanes, mais aussi de plusieurs partis politiques bosniaques musulmans, qui ont demandé aux organisateurs d’y renoncer, dans cette capitale où plus de 80 % des 340 000 habitants sont musulmans.
Samedi, répondant à l’appel d’une association, des centaines de personnes ont défilé « pour la famille traditionnelle », sur le même trajet, alors que quelque 150 personnes se sont rassemblées dimanche dans un parc pour protester contre la tenue de la Gay Pride.
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