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Etude : sans les prestations sociales, la pauvreté serait 37% plus forte en France
Au 31 décembre 2017, 4,22 millions de personnes étaient allocataires d'au moins un des dix minima sociaux existant.

Etude : sans les prestations sociales, la pauvreté serait 37% plus forte en France

Solidarité

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Une étude de la Direction statistique du ministère des Solidarités publiée ce vendredi 6 septembre montre que les prestations sociales réduisent efficacement la pauvreté.

La solidarité, ça marche ! Ce vendredi 6 septembre, la Direction statistique du ministère des Solidarités (Drees) a publié une étude évaluant l'efficacité des prestations sociales dans la lutte contre la pauvreté. Les données collectées, qui concernent l'année 2016, montrent que le taux de pauvreté est inférieur de 37% grâce aux aides sociales, qui permettent également de diminuer de moitié "l'intensité" de la pauvreté.

Des inégalités 2,8 fois moins fortes

Les travaux de la Drees permettent en premier lieu de dresser une radioscopie précise de la pauvreté en France : en 2016, 40% de nos concitoyens avaient un revenu mensuel inférieur à 1.530 euros brut. Un peu plus d’un tiers d'entre eux sont dits "pauvres" au sens statistique du terme, à savoir que leurs revenus étaient inférieurs à 60% du revenu médian, soit 1.026 euros par mois. Et 50% de ces pauvres parmi les pauvres vivaient en 2016 avec moins de 824 euros par mois (soit moins de 50% du revenu médian).

De sorte que, au 31 décembre 2017, 4,22 millions de personnes étaient allocataires d'au moins un des dix minima sociaux existant en France. En incluant les conjoints et les enfants à charge, environ 7 millions de personnes étaient couvertes par ces aides dites "non contributives", c'est-à-dire qui ne sont soumises au versement préalable d'aucune cotisation, comme le Revenu de solidarité active (RSA), l'Allocation de solidarité spécifique (ASS) ou encore l'Allocations aux adultes handicapés (AAH).

Pour l'année 2017, ces minima sociaux ont coûté 26,5 milliards d'euros, soit 1,2% du produit intérieur brut (PIB) français. Ces dépenses permettent de réduire nettement les inégalités au sein de la société, puisque, note la Drees, le niveau de vie du 9e décile (plancher des 10% les plus riches) est 3,4 fois plus élevé que celui du premier décile (le plafond des 10% les plus pauvres) avec les transferts sociaux et fiscaux, "alors qu’il atteindrait 6,2 sans". Soit un ratio 2,8 fois moins fort.

Un taux de pauvreté nettement diminué

L'étude de la Drees souligne en tout cas un fait : les aides sociales ne sont pas de l'argent dilapidé inutilement, mais permettent au contraire de faire reculer drastiquement la pauvreté. "En 2016, les prestations sociales non contributives et les impôts directs réduisent de 8,2 points le taux de pauvreté : 14% de la population métropolitaine est pauvre, contre 22,2% si cette redistribution n‘existait pas", peut-on lire dans le rapport. Pour ceux que ces aides n'empêchent pas de tomber dans la pauvreté, les prestations en atténuent considérablement les effets. Pour mesurer "l'intensité" de la pauvreté, la Drees mesure l'écart entre le seuil de pauvreté et le niveau de vie médian de la population pauvre : toutes catégories sociales confondues, les prestations sociales permettent de réduire cette intensité de 50%.

Précisément, comment se répartissent les prestations sociales parmi la population ? Logiquement, "81% de la masse totale des minima sociaux et 78% de la masse des allocations logement étaient distribués en 2016 aux 20% des personnes les plus modestes", écrit la Drees. Les prestations répondant à des critères familiaux étaient également versées davantage aux ménages à faible niveau de vie initial, en raison de la surreprésentation au sein de cette catégorie de familles nombreuses et/ou monoparentales. Ainsi, 58% de la masse des prestations familiales étaient alloués aux 30% de la population ayant les niveaux de vie les plus faibles avant redistribution. A noter que, à l'autre bout de l'échelle, les 20% des Français les plus aisés acquittent 58% des impôts directs.

41,6% du revenu disponible des plus pauvres

Les dispositifs de redistribution permettent de réduire de 27% le nombre de chômeurs concernés par une situation de pauvreté, et de 33% le nombre d'inactifs. Ils permettent également d'offrir un filet de sécurité aux jeunes de moins de 20 ans, qui seraient 39% de plus à être pauvres sans l'apport des aides sociales. Passées au prisme de la structure familiale, les allocations sociales réduisent de 49% le taux de pauvreté dans les foyers biparentaux avec trois enfants (et 39% au-delà de trois enfants). Toujours grâce à ces aides, ledit taux est réduit de 38% dans les familles monoparentales avec un enfant, et de 34% avec au moins deux enfants.

Revers de la médaille : si les prestations sociales permettent à de nombreux foyers de garder la tête hors de l'eau, elles créent également une forte dépendance dans un équilibre économique précaire. En 2016, les aides représentaient en effet 20% du revenu disponible des personnes vivant avec moins de 1.530 euros par mois (soit 188 euros mensuels en moyenne) selon la Drees, et 41,6% du revenu de celles vivant avec moins de 1.026 euros, soit 345 euros par mois en moyenne.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne